Itinéraire politique d’une enfant trop gâtée #Présidentielles2012 part 3

9 avril 2012 14 Par Catnatt

Tyrrell Photographic Collection, Powerhouse Museum

 

Here I am, ma carte d’électrice à la main – je mens, je l’ai perdue il y a des années – un peu perdue, un peu nase (dans cette boîte de jazz) au milieu de cette campagne présidentielle 2012.  Eh bien nous y voilà : la décision définitive à moins que n’éclate un scandale de première classe.

 

Je vais voter Eva Joly. J’ai bien dit Eva Joly et pas #EELV dont les élites se sont comportées de manière navrante. On finit par se demander si l’écologie c’est vraiment leur truc tant leur comportement est loin d’être écologique humainement. On est loin d’une pensée universelle et solidaire. Non, « on » se place pour les législatives. Nous verrons le résultat de cette tactique assez obscure d’ailleurs…

 

La première chose que j’ai tout simplement faite, c’est le test du Monde. (voir ici )

 

 

Sur 5 thématiques, le programme de EELV incarné par Eva Joly l’a emporté à trois reprises, les deux restantes se partageant entre le parti socialiste et le front de gauche.

 

Mais comme je l’avais précisé, le programme ne suffit pas, encore faut-il qu’il soit incarné par quelqu’un en qui je crois.

 

Le temps a eu beau passer, je n’ai pas pardonné au PS l’abstention sur le #MES (Voir ici). Je n’arrive pas à le digérer. Je n’arrive pas non plus à adhérer à cet ultimatum du « votez Hollande contre Sarkozy ». Je refuse de faire un choix contre.

 

J’ai été tentée par Melenchon, j’ai profondément aimé qu’il nous fasse revivre la politique de manière littéraire ou poétique. Il y avait quelque chose de grandiose là-dedans. Las, il a perdu la tête, se voyant au premier tour et donc amorçant la technique du « je tape sur le parti socialiste » (voir ici). L’abstention est estimée à 32%. Se conduire ainsi revient à amorcer la pompe de l’abstention. Pourquoi ? Encore une fois, les ambitions politiques démesurées font perdre la tête. Par ailleurs, un programme estimé à plus de 100 milliards d’euros en temps de crise fait frémir. J’ai beau avoir envie de rêver, j’ai peur des lendemains qui déchantent. Donc un programme radical combiné à des petites phrases tout aussi radicales me conduisent à faire un choix radical : le non.

 

Alors Eva Joly. J’ai aimé sa prestation au petit journal (lien ici). Il y a quelque chose dans sa campagne de humble et de tenace. Tout y est passé : de son physique à son accent, de son parcours à sa façon de faire des discours ; trop société civile, trop femme, trop calme, trop discrète. Trop pour être appréciée par ses concurrents. Si l’on se pose deux minutes, elle est aussi peu considérée que nous finalement. C’est effrayant quand on y pense, tous ces gens qui braillent qu’ils vont défendre le peuple français tout en ignorant ou faisant sembler d’ignorer les enjeux majeurs. Aujourd’hui, ils n’en peuvent plus de se tirer la bourre sur le permis de conduire. Mais what the fuck ?! Au prix où est l’essence, c’est surréaliste. On a tapé sur Eva Joly à propos de ses sorties sur le 14 juillet mais finalement, c’est aussi con que cette foire d’empoigne PS/UMP sur le permis de conduire.

 

J’ai envie de voter calme. J’ai envie de voter serein.

 

Eva Joly par ailleurs, compte tenu de ces satanés sondages, me permet de ne pas trop handicaper le PS. Parce que, oui, j’ai aussi peur d’un retour de Sarkozy pendant cinq ans. J’ai quand même envie de voir les camions de déménagement stationnés devant l’Elysée. J’ai envie aussi que Carla Sarkozy aille mener sa vie toute simple et modeste dans son putain d’hôtel particulier du XVIème. J’ai envie que Guaino et Guéant ferment leurs gueules. J’ai envie que Copé se prenne une tarte dans la tronche même si ça doit nous conduire à subir cet individu en 2017. J’ai envie que NKM retourne chez Giscard.

 

Eva Joly est un choix logique et sain. Parce que j’ai envie aussi de voter pour quelqu’un qui a maladroitement essayé de faire de la politique autrement. De la politique pour nous, pas pour elle. Le choix de se barrer que je lui avais suggéré (voir ici), elle ne l’a pas fait. Ca a dû la démanger, j’imagine. Elle n’a fait que s’en prendre plein la figure et elle-même a avoué qu’elle ne s’attendait pas à ce que cela soit aussi dur ; à l’extérieur comme à l’intérieur. Elle a dû se battre. A sa manière : discrète, tenace, sans cris et sans menaces (sauf quand Lepage l’a poussée à bout et j’ai bien aimé son « je l’emmerde » dit posément).

 

Finalement si j’y réfléchis bien, Eva Joly nous ressemble. Enfin, ressemble à la plupart d’entre nous. La vie est compliquée de nos jours, c’est dur, tellement dur pour certains d’entre nous. Je ne voudrais pas en rajouter une couche sur mon statut de mère célibataire mais parfois j’ai peur. Je continue. J’ai tendance à gueuler mais autour de moi, chacun essaye de faire son bout de chemin comme il peut, négociant avec ses emmerdes la plupart du temps en silence. Nous ne sommes ni des Melenchon, ni des Sarkozy, ni des Le Pen. Peut-être des Hollande mais son parti a fait le choix symbolique de s’abstenir tout en nous demandant de ne pas nous abstenir. Ca nous ressemble, c’est vrai. Ca ressemble aux contradictions que nous n’en finissons pas d’accumuler au cours de nos vies. On fait ce qu’on peut mais je tente de lutter contre ça chaque jour et de tendre vers une certaine cohérence. Et notre aspiration à changer notre société ne peut pas s’incarner là-dedans.

 

Alors ce sera Eva Joly au premier tour ; pour la discrétion et le changement. Pour l’avenir de mes enfants aussi. Croire que notre système occidental, la consommation à outrance, le nombrilisme peut perdurer –  après nous le déluge –  est illusoire.

 

J’ai enfin posé un choix cohérent et pour. Quel soulagement…