Alors, le changement, c’est comment ?

1 juillet 2012 6 Par Catnatt

Temple of Aaron Women's League patriotic tableau

 

 

Premier constat, une république plus sereine. Ce qui est certain, c’est que l’accession au pouvoir de Hollande a apaisé les esprits. Même mon père, farouchement de droite, a confiance en Ayrault et Cahuzac (bon celui-là parce que Sarkozy l’avait « nommé » président de la commission des finances à l’époque). Mais finalement, si on y regarde de plus près, c’est calme parce que, pour l’instant, on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé. Nous sommes dans l’expectative.

 

Même s’il est trop tôt pour se prononcer, je ne regrette pas mon vote ne serait-ce que pour avoir laissé le climat quasi-hystérique de l’ère Sarkozy derrière moi. J’aime aussi que l’UMP se débatte au milieu de ses courants et ce n’est même pas malveillant de ma part. Sarkozy et Buisson donnaient le tempo et on ne savait qui était sincèrement à leurs côtés ou qui fermait sa gueule en attendant des jours meilleurs. J’ai hâte de savoir qui va l’emporter entre une droite qui, en dépit de son amour du libéralisme, a des valeurs fréquentables et une droite qui fait dans le glissement de terrain vers les idées faciles et les impasses idéologiques.

 

J’aime aussi entendre « je ne sais pas » ou « je ne vous répondrai pas pour l’instant » au lieu de dérouler des chiffres approximatifs qui n’auraient pas manqué d’être passés à la moulinette du fast checking. . Ca nous change. J’aime l’augmentation du smic même si, effectivement, elle reste symbolique parce que justement… elle l’est. J’aime que le gouvernement n’ait pas traîné pour proposer un projet de loi sur le harcèlement sexuel même si, ne nous leurrons pas, n’importe qui a la place en aurait fait autant. J’aime que Valls annonce que la politique du chiffre envers des humains cesse même si certains sans-papiers ne seront pas régularisés pour autant : il faut remplir des critères clairs et c’en est fini, j’espère, des appréciations aléatoires de certains fonctionnaires zélés qui fonctionnaient plus par des convictions personnelles que de règles précises imposées par l’Etat. J’aime que Hollande soit dans le bras de… caoutchouc avec Merkel : ils sont obligés de négocier et j’espère que l’Europe en bénéficiera. J’aime que Ayrault annonce que tous les ministères, sauf ceux qui sont désignés, soient obligés de faire des économies parce que oui, nous sommes en crise, et que l’Etat providence ça se défend aussi de cette manière en attendant des jours meilleurs. J’aime aussi que Hollande réponde à une journaliste suédoise, en plein G20, qui lui demandait s’il était prêt à tout pour sauver l’Espagne : « Je ne suis jamais prêt à tout ». Encore un beau symbole.

 

Bref… j’aime beaucoup de choses. Pour autant, cela ne m’empêche pas d’être très critique. J’aimerais que le quinquennat de Hollande se distingue de celui de Sarkozy par ce trait : des critiques venant de son propre camp et qu’elles soient entendues. Je n’ai pas signé un blanc seing à Hollande.

 

Il y a un tas de choses que je n’aime pas même s’il n’en est pas fatalement responsable mais plutôt son propre parti : évidemment la présidence de l’Assemblée est allée à un homme. Pourtant, j’y tenais – encore – à ce symbole. J’ai détesté que Fabius rempile pour un ministère parce que oui, son « responsable mais pas coupable » retentit encore. Je n’oublie pas. Pour moi, Fabius ne devrait plus avoir de responsabilité nationale car il a été incapable de les assumer et ce sur un problème sanitaire abominable. Je n’ai pas aimé du tout, mais mes lecteurs le savent, la sortie de Trierweiler. Je n’aime pas du tout non plus la sortie de Filipetti sur la taxation des écrans d’ordinateurs qui seraient éventuellement taxés pour, je cite, « la garantie et la sécurisation de l’indépendance de l’audiovisuel public ». De qui se moque-t-on franchement ? Ca m’a prodigieusement agacé que Hollande utilise le même ton que Sarkozy quand on le met face à un couac de com. J’ai hurlé quand Najat Belkacem a annoncé qu’elle travaillerait, même si ce serait long (doux euphémisme) à l’abolition de la prostitution. C’est complètement ridicule surtout si on décide de ne pas impliquer les premiers(ères) concernés.

 

Mais…

 

Mais sans aimer et sans détester, j’ai constaté que gouverner était quasi chose impossible ou plutôt, ce n’est fait que de « tu préfères avoir des dents en bois ou des bras en mousse ? ». On l’a vu avec la petite histoire de Nicole Brick. De toute manière, la loi étant ce qu’elle est, on n’aurait pas vraiment pu empêcher Shell d’aller faire ses forages mais la vérité finalement, c’est qu’au vu du contexte, la priorité était donnée aux emplois plutôt qu’à l’environnement. Nicole Brick a servi de moyen de pression à Montebourg pour maintenir Petroplus : 550 emplois. En période de crise, que faire ? Oui, apparemment, ce forage est une catastrophe mais on va dire quoi aux guyanais qui rament et que va-t-on dire aux salariés de Petroplus s’ils perdent leurs emplois : désolé les gars ? Ce qui m’a le plus navré dans cette histoire, c’est la faux-culterie de certains membres du gouvernement qui expliquaient que c’était formidable pour Nicole Brick. De qui se moque-t-on ? Et était-ce si compliqué d’expliquer la situation aux Français ?

 

Oui, gouverner n’est que choix impossibles. Là où on améliore, on altère de l’autre, c’est ainsi. Il faut se choisir des priorités et s’y tenir. C’est un travail de fourmi, de niche, non, nous ne nagerons pas dans le monde merveilleux des petits poneys violets et heureux avec le quinquennat de Hollande. Il n’y aura rien de spectaculaire. Mais j’attends du gouvernement de la pédagogie parce que je crois que lorsqu’on explique correctement les choses, on peut faire accepter beaucoup. J’attends du gouvernement de la franchise et pas une hypocrisie trop vue. J’attends du gouvernement que lorsqu’il y a un couac, il ne se drape pas d’une dignité offensée mais reconnaisse que oui, parfois, ça merde.

 

En gros, j’attends une certaine honnêteté (et je me suis même mise activement à lire des papiers de l’opposition parce que je trouve ça sain d’être contredit). Et je crois que précisément à cause des choix que j’ai fait – EELV au premier tour, Hollande au second – je suis la mieux placée pour tirer à vue sur ce qui me déplaît dans les actions du gouvernement et du président. Si l’on veut que ce quinquennat soit différent du précédent, ça commence comme ça : esprit critique, vigilance et encouragements… de la part de ceux qui ont voté pour eux.