#harcelementderue : aide-toi, le féminisme t’aidera

3 août 2012 24 Par Catnatt

Spoiler : ceci est un billet garanti sans révélations, il est 100% café du commerce. A bon entendeur…

 

Parce qu’en vacances, j’ai suivi de loin l’affaire #harcelementderue. Je n’ai pas eu le temps de regarder le documentaire en question. Me suis-je sentie concernée ? Oui et non. Bien sur, j’ai eu droit à quelques remarques dont l’inoubliable petit con, accompagné de sa bande, me hurlant, après quelques échanges fleuris, qu’il souhaitait me montrer sa « grosse queue ». Ce à quoi j’ai répondu que j’étais extrêmement curieuse de voir « l’engin » en question. Je l’ai même poussé : « Mais allez fais voir qu’on vérifie ! » sous les rires de ses potes. Il est parti en vociférant évidemment. Et moi, ça m’a fait rire, je ne me suis sentie ni vraiment agressée ni vraiment choquée. Pourquoi ? J’en sais rien, peut-être que oui, j’ai entériné le fait que cela faisait partie de la vie et oui, ça n’est pas normal…

 

Je comprends tout à fait que des femmes le vivent mal, surtout en des circonstances angoissantes : seule par exemple et le soir particulièrement. Je comprends également que ce documentaire – même si j’ai un bémol concernant les lieux de tournages qui « biaisent » peut-être la Réalité – pointe du doigt un machisme ordinaire, entériné quelque part dans nos sociétés. Je comprends l’intérêt de manifester avec le hastag #harcelementderue de façon à ce qu’on puisse exprimer son expérience.

 

Pour autant, il y a quelque chose qui me dérange prodigieusement dans toute cette histoire. Je vais tenter de l’exprimer ici : Si j’ai bien compris, le législateur devrait intervenir sur ces comportements. Il me semble, mais ça demande vérification, qu’un délit peut s’appliquer d’ors et déjà sur ce genre de comportement. Mais certaines féministes aimeraient un délit spécifique car il est lié au fait qu’il se déclenche parce qu’on est une femme tout simplement. Je ne crois pas que la loi puisse faire de la discrimination.

 

Mais ce qui m’agace le plus, c’est que personne (ou je ne l’ai pas vu) ne relève la passivité de la foule. Cette jeune femme se fait interpeller puis agresser verbalement et personne ne bouge. Je garde le souvenir cuisant – même s’il ne s’agissait pas de harcèlement de rue mais de violence pure et simple – de cette femme à la sortie de mon métro se faisant taper dessus par son mec sous les regards passifs d’une terrasse de café en plein quartier bobo de Paris. Dans cette terrasse, il y avait des hommes. Et il y avait des femmes. J’ai été la seule à bouger, la seule à crier, la seule à intervenir. Pas tant que je souhaite expliquer à quel point je suis héroïque, c’est loin d’être le cas, mais juste souligner que je ne crois pas en l’insécurité, je crois en l’abyssale lâcheté du genre humain. Y compris chez les femmes.

 

Combien de femmes sont passées à côté de la réalisatrice du film sans bouger alors qu’elles entendaient ? Combien d’hommes ? Mais oui, surtout combien de femmes ? Et que ce serait-il passé si des femmes, assistant à cela, auraient fait corps avec cette jeune femme ?

 

Je ne crois pas que la société ou la loi puissent faire grand chose. En tout cas, pas maintenant. Mais je suis certaine d’une chose : si les femmes ne laissaient plus passer ce genre de comportements en intervenant même si elles ne sont pas concernées, je pense sincèrement que les choses bougeraient. J’ai pour habitude dès que j’assiste à cette mécanique de violence – qu’elles concernent des femmes, des enfants ou même des hommes, qu’elle concerne le sexisme ou le racisme ou l’homophobie – de me mettre à gueuler comme un putois. Pourquoi ? Parce que je crois à une certaine forme de terrorisme intellectuel. Parce que je crois que si on gueule, si on interpelle, au bout d’un moment, les acteurs de cette violence auront peur à leur tour : peur d’être pointé du doigt, peur de se faire choper. Qu’ils continuent à penser ( dans le cadre du harcèlement de rue) que cette fille est une pute, une salope, une chienne parce qu’elle s’habille comme ça, très sincèrement, je m’en fous. Je veux juste qu’ils ferment leurs gueules et qu’ils ne bougent pas.

 

Tous les sujets de violence faite aux femmes souffrent d’une chose : la « passivité » féminine. Ne pas porter plainte quand on est violée, ne pas déposer de main courante, ne pas répliquer quand on est harcelée, en oubliant que l’on fait partie d’une longue chaîne, en oubliant qu’il y aura une prochaine. Parce que toi, c’est moi et moi, c’est toi. Je ne retire pas le statut de victime, je ne dis pas que c’est de la faute des femmes, entendons nous bien. Mais il va falloir quand même à un moment donné prendre le taureau par les cornes si j’ose dire. Je crois que le changement part des femmes. Nous n’avons pas vocation de victimes à l’origine. Lorsque nous naissons. Alors commençons par réagir et à ce qui nous concerne et à ce qui concerne nos semblables.

 

En fait si j’y réfléchis bien…

 

Aide-toi, le féminisme t’aidera…