Libé et sa couv : la haine en héritage…

10 septembre 2012 79 Par Catnatt

Je suis restée sidérée quand je l’ai vue.

 

Je suis restée sidérée quand j’ai vu que certains applaudissaient. Je suis restée sidérée quand j’ai lu que certains estimaient que cela pouvait se justifier si le contenu à l’intérieur était à la hauteur (comprenez un article de fond sur le sujet, n’est-ce pas…).

 

Le plus effrayant dans cette histoire, c’est de constater que ceux et celles qui ont combattu le sarkozysme pendant cinq ans, pointant du doigt cette sale manie de cliver, de monter les uns contre les autres, de ne jamais rassembler, stigmatiser, ont pris le relais. Juan dit souvent que les Français et les médias sont des toxicos du rythme depuis Sarkozy mais il oublie qu’on est finalement devenus des toxicos de l’agressivité.

 

Quand on a appris sur twitter que Bernard Arnault avait demandé la nationalité belge, j’ai halluciné sur les réactions que cela pouvait engendrer. Pas tant que j’approuve ce qu’a fait Arnault mais au lieu de rester sur le champ politique et la loi, certains déviaient sur l’individu : attaque des droits fondamentaux comme le déchoir de sa nationalité, ou des choses beaucoup plus imagées de type « il faut lui couper les couilles », « on le tondra à la libération » etc. C’est de l’humour, il paraît. Mais il faudra m’expliquer une chose : que reprochait-on à Sarkozy au juste ? La mécanique de la haine ou les cibles qu’il choisissait ? Parce qu’il semblerait qu’en fait on soit très à l’aise avec ses méthodes mais que nous ne soyons pas d’accord sur les victimes. Globalement la violence du mec de droite, c’est mal mais la violence du mec de gauche,  c’est justifié. On croit rêver…

 

Je croyais que la gauche justement se situait ailleurs : dans le rassemblement, dans le souci du respect de tous et ce avec toutes nos différences. Je croyais que la gauche se situait ailleurs que dans la loi du talion, je croyais que la gauche pratiquait la pédagogie et le dialogue. Je croyais que la gauche c’était la tolérance et la dignité. Je croyais beaucoup de choses.

 

Ce que je reproche à Libé c’est d’avoir fait une une outrancière. Ce que je reproche à Libé c’est de s’appuyer sur les mêmes leviers que Sarkozy. Ce que je reproche à Libé, c’est d’avoir pris symboliquement le relais de Sarkozy. Ce n’est pas une question de langage, on pourrait même ergoter sur le relent nationaliste que cette une peut supposer accessoirement, ce n’est pas une question de photo non plus. C’est une question de symbole.

 

Je n’ose même pas imaginer ce qui aurait pu se passer si le Figaro avait osé un truc pareil à l’encontre de Dieu seul sait qui. Là, mes « frères et soeurs » de gauche, la main sur le coeur et la poing levé auraient crié au scandale, à l’ignominie !!  Mais c’est Libé : c’est pas pareil il paraît, car le journal est auréolé de quarante ans de combat. De l’extrême gauche à la petite phrase umpiste. Bravo, les gars ! J’avais commencé à coincer sérieusement le jour où Libé, toujours aussi respectueux, avait osé faire sa une sur la mort de Maria Schneider, ne trouvant rien de mieux que de la mettre les seins à l’air dans « Dernier tango à Paris » alors que tout le monde savait qu’elle ne supportait plus ce film. Respect quand tu nous tiens, n’est-ce pas ?

 

On a tout fait pour se débarrasser de Sarkozy. Libé vient de nous démontrer que c’est nous qui le retenons à présent. On peine à appliquer ce dont on rêvait : une France apaisée, de la discussion, le respect de chacun. Pour l’instant ce sont de grands mots plein la bouche, mais l’insulte facile au détour d’un tweet. Nous restons sarkoziens dans l’âme, même plus besoin de lui, finalement, nous reprenons tout seuls le flambeau de cette gangrène. Nous avons reçu la haine en héritage et nous nous chargeons avec enthousiasme de faire fructifier ce bien, Libération en tête.

 

J’avais espéré autre chose. Quelle déception… C’est Sarkozy qui doit bien rigoler…