Le goût de la vérité…

22 février 2013 7 Par Catnatt

 

Haaaa…. Sacrée Marcela ! Après avoir parcouru les plateaux à partir de mai 2011 pour prêcher la bonne parole sur #DSK, voilà qu’elle nous sort un livre – Un roman ? Un documentaire ? Un récit ! – sur sa liaison de six mois avec Dominique Strauss-Kahn.

 

Je n’ai pas lu le livre et je peux tout à fait comprendre qu’on puisse lui trouver des qualités littéraires. Après tout, la littérature peut tout s’autoriser, c’est même le propre de ce qu’elle est. Donc, il peut parfaitement s’agir d’un bouquin exceptionnel… Du point de vue du style et de la narration.

 

Le problème, c’est qu’il existe médiatiquement parce que arrimé à la réalité. Marcela Iacub aurait parfaitement pu faire le choix de la fiction tout en racontant exactement la même chose et le petit milieu parisien se serait gaussé de DSK et aurait loué le talent l’écrivain. Peut-être même que cela aurait été plus frontal avec des articles de journaux dévoilant l’arrière-plan. Mais non… Marcela Iacub débarque en expliquant qu’elle est une « kamikaze de la vérité ». Et c’est bien ça qui me dérange le plus.

 

Quelle vérité ? La sienne qui a constitué à vivre une relation, sincère ou factice (Haaaa, DSK faut-il être un peu suicidaire pour vivre une histoire avec quelqu’un qui ne s’est jamais caché d’étudier ses congénères ? La pulsion de mort marche toujours aussi bien à ce que je vois, hein…) à piéger Anne Sinclair, à reconnaître avoir romancé les parties de cul (ça commence où et ça s’arrête où ? On ne sait pas) et à sortir un livre six mois après ? La Vérité est chose fluctuante. Et le problème c’est que Marcela Iacub se positionne comme détentrice de la vraie, auréolée de son métier de chercheuse au CNRS. Le problème c’est qu’elle a parcouru les plateaux de télé en défendant des théories un peu douteuses, après tout, elle a quand même réussi le prodige dans un édito dans Libération d’utiliser le mot « victime »* à propos de DSK et ce en mai 2011 alors que nul ne savait ce qui s’était passé. Prudence aurait été de mise mais non. Elle a quelque part été étiquetée comme quelqu’un qui défendait DSK. Qui pourrait remettre en cause aujourd’hui son témoignage puisque le postulat de bienveillance à son endroit est établi ? De fait, ça sent à plein nez l’escroquerie. Comment ?! Comment peut-on soupçonner une femme, une juriste, qui a en plus défendu DSK de manipuler toute cette histoire ?! Ca a le goût de la vérité, ça a l’odeur de la vérité mais ça n’est peut-être pas la vérité. C’est une vérité parmi tant d’autres.

 

Et voilà comment on positionne un livre. Les gens vont avoir l’impression de lire la Vérité alors que le doute est bien là. Mais emportés par la mécanique médiatique, voilà qu’ils lisent un documentaire avec en arrière-plan l’affaire Nafissatou Dialo et celle du Carlton.

 

C’est insidieux. C’est assez pervers quand on y pense. Et même si Marcela Iacub est parfaitement sincère, le discours est entaché de soupçon à mes yeux parce que proclamant du haut de son livre qu’elle est une « kamikaze de la vérité ». Postulat d’une prétention inouïe et par ailleurs, positionnant l’auteur dans le sacrifice de sa vie pour le bien de la nation. Magnifique ^^.

 

Accessoirement, à partir de là, on assiste en 2013 à l’impensable en 2011 ; voilà que s’opère un revirement grâce à Marcela Iacub et ce parfaitement illustré par l’article du boss de RageMag – je ne savais pas quoi penser de ce webzine, maintenant je crois que c’est assez clair #Erk – je cite :

 

« Sur les plateaux, on ne dénonçait plus l’homme, mais les hommes, avec un grand S à la fin. On ne parlait plus seulement de viol, mais de domination sexuelle en général, et de tâches ménagères en particulier. « Qui ne passe pas l’aspirateur, est un violeur potentiel! ».

 

(Et non, je ne mettrai pas le lien.)

 

Pauvre chaton…Arrête d’agiter le shaker à amalgames, t’en mets partout !

 

Je ne lirai pas ce livre. J’ai pas envie. Mais nul doute que Marcela Iacub en vendra des milliers. Quel lancement ! Quel pognon ! C’est peut-être le coup de sa carrière. Grand bien lui fasse. Je rappellerai juste ce petit paragraphe écrit par elle en mai 2011 :

 

« Et, les jours passant, ce seront les propres protagonistes de cette sombre affaire qui trafiqueront leurs souvenirs afin de les adapter à la version des faits qu’ils cherchent à voir triompher au tribunal. »

 

 

 

 

* Le mot « victime » a été employé dans ce contexte-là : « « Il est triste et regrettable qu’un individu devienne victime et symbole des transformations historiques qui le dépassent. »