Quatre heures

26 janvier 2014 2 Par Catnatt

Quatre heures. C’est ce qu’il aura fallu pour liquider (et je pèse mes mots) la relation entre Valérie Trierweiller et la France.

 

Une dépêche AFP d’une sobriété admirable fournie par François Hollande : « Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler ». JE, JE, JE ; Monsieur est aux commandes, monsieur se rachète un caractère. On a même eu droit à une reprise tout ce qu’il y a de plus officielle d’une phrase d’une élégance rare : « Flamby est mort ». Ou comment devenir l’homme fort de la situation, c’est très cinquième République ça, moi Président, merci Closer. j’aurais trouvé un chouia plus classe d’utiliser « nous », question que madame n’ait pas l’air de totalement subir la situation.

 

La fermeture du compte officiel d’information de Valérie Trierweiller, allez hop, ça sert plus à rien. L’efficacité.

 

Le tweet de remerciement de madame. Comme quoi on peut chuter de manière vertigineuse tout en restant polie.

 

Quatre heures.

 

Je trouve ça d’une violence inouïe et en même temps, ils n’avaient pas le choix. C’est l’époque qui veut ça, les médias, les politiques, la société, nous. Ca dit quelque chose de nous. Nous nous sommes goinfrés d’informations ( si on peut réellement employer ce terme et c’est bien d' »information » dont je parle) à ce sujet : vrai, pas vrai, enceinte, pas enceinte, hospitalisée ou pas, Inde ou pas, regardons le compte du fils, balançons le dans la mêlée lui aussi ; c’est un ado ? On s’en fout, après tout, il n’avait qu’à pas être sur twitter. Il fallait tout savoir, absolument tout savoir au nom de nos impôts, au nom de la transparence. Je n’ai pas le culte de la transparence, j’ai celui de la franchise. On se plaint que l’argent est roi à notre époque mais voyez comme nous jouons les petits actionnaires empressés de l’entreprise France…Il faut faire des économies, être plus rentable que diable, dégraissons ! Il y a vingt ans, le temps aurait fait son affaire mais aujourd’hui, certains comptent déjà leurs petits sous, deux cent mille euros par an paraît-il ; ils feraient un malheur dans certaines instances dirigeantes de grosses boîtes. Comment peut-on se targuer d’être réaliste et penser une seule seconde que celle qui partage la vie du Président de la République puisse ne rien coûter à l’Etat ?! Ne serait-ce que pour des questions de sécurité ? Et comble d’ironie, ce secrétariat que l’on reproche tant à Valérie Trierweiller, c’est pour répondre à qui ?

 

Ca dit quelque chose de nous, de notre grand écart idéologique permanent, de droite pour notre portefeuille, de gauche pour nos emmerdes, empathique sur le principe, voyeur en réalité, quémandeur de temps pour soi, usurier pour les autres.

 

Perso, je m’en fous un peu de ce genre de salades. Tant que ça reste du privé et que ça ne génère pas de sérieux conflits d’intérêts avec des risques pour les Français, pourquoi doit-on tout savoir ? Est-ce que par moment, ça ne vous arrive pas de douter ? Est-ce que cela a encore un sens ? Il y a vingt ans, le temps aurait fait son affaire, les journalistes se seraient tus et nous parlerions encore vaguement de politique, n’en déplaise à ceux qui réclament à cors et à cris cette transparence surtout finalement dans la vie privée. Où est passée la politique ? Pourquoi les histoires de cul, parce que ce n’est que ça, devraient-elles prendre autant de place et surtout le contrôle du timing ? Il y a vingt ans, le temps aurait fait son affaire, des mois, des années se seraient écoulés et aujourd’hui vingt jours ont suffi.

 

Un coup de karcher, regardez comme c’est propre.

 

Le temps n’a pas fait son affaire.

 

Quatre heures.

 

Transparence, efficacité, liquidation.

 

On a la rupture sociale-libérale de nos jours.

 

C’est délirant.

 

Quatre heures pour un enterrement affectif de première classe et de surcroît public.

 

Je ne suis pas sûre d’aimer ce que nous devenons.