Une affaire de femmes…

9 septembre 2011 23 Par Catnatt

Gorst, Vern C.

 

Ceci est un coup de gueule écrit à l'arrache, sans recul.

Les bras m’en sont tombés ce matin. J’aurais pu tout aussi bien dire le vagin d’ailleurs. Selon l’entourage du Président (On est un con, enfin, vous connaissez l’adage), il y aurait trop de femmes profs. Voir ici sur Arrêt sur Images ou les Nouvelles News ici

 

Parce que voyez-vous, l’homme lui, il est intelligent. Il s’est détourné d’une profession mal considérée et mal payée. Mais comme le gouvernement compte offrir un salaire de cadre, eh bien l’Homme avec un H majuscule effectuera un come-back fracassant dans l’Education Nationale et le cours naturel des choses reprendra. ALLELUIA !  Enfin… De l’école maternelle au lycée, parce que, au-dessus, pas de panique messieurs, les hommes sont à nouveau majoritaires. Ouf, on a échappé de peu à la catastrophe, rendez-vous compte, nos élites auraient pu être formées par des femmes, avec un f minuscule.

 

Bien que Luc Chatel se soit inscrit en faux, il semblerait qu’on (le on de l’entourage présidentiel) veuille nous vendre un bon ptit débat sur le surnombre féminin. Parce que voyez-vous c’est un problème. D’abord les femmes sont des branleuses, elles ne sont pas à temps plein et ça pose des problèmes d’organisation. Si j’étais équipée d’un cerveau, j’aurais envie de demander pourquoi ? Hé bien à cause de la conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée. Arf. J’ai toujours trouvé très douteux de la part des femmes de vouloir et bosser et s’occuper de la maison et de leurs enfants. Oh wait ! Mais c’est parce que les hommes ne pratiquent pas en grande majorité ces fascinantes activités que sont le ménage et gérer les mômes !! C’est dingue, non ?!

 

Ajoutez à ça le problème de l’autorité. C’est vrai ça, les élèves des cités vivent avec des archétypes exotiques. Ils ne respectent pas les femmes, et puis les femmes ne savent pas se faire respecter, tout le monde le sait. D’ailleurs, moi qui suis une mère célibataire, c’est de la graine de voyou à qui j’ai donné naissance… Si je pousse le raisonnement jusqu’au bout, voire vers l’absurde, l’entourage présidentiel sous-entendrait-il que les professeures sont partiellement responsables de la délinquance juvénile ? J’ose croire que non…

 

Finalement, ce qui me sidère le plus dans cette histoire, c’est le décalage entre juin et septembre. Rappelez-vous, il y aurait un avant-après DSK ! Le machisme allait battre en retraite ! Journalistes et politiques y allaient de leur couplet, braillé à plein poumons, la main sur le coeur, « Françaises, nous vous avons compris ! ». Les choses allaient enfin changer.

 

Du beau foutage de gueule non ?

 

Ce qui est fou dans cette histoire, c’est qu’il y a une réalité dont personne ne parle. Au 1er janvier 2011 les femmes représentaient 51,4% de la population française. Nous sommes majoritaires et si l’on suit le véritable cours naturel des choses, nous devrions l’être dans toutes les professions. Ai-je besoin de souligner que c’est loin d’être le cas ? Ai-je vraiment besoin d’expliquer que cette sortie sur la féminisation d’une profession alors que le reste est au point mort ou quasi est d’un machisme confondant ? Ai-je besoin de dire à l’entourage présidentiel qu’il ferait mieux de lancer un débat sur la masculinisation intensive de la sphère professionnelle ? Que ce qui ne va pas précisément, c’est que les femmes soient obligées de se tourner vers des professions mal payées (Ce n’est pas moi qui le dis, c’est vous, cher entourage, à propos de l’enseignement primaire et secondaire.) pour arriver à tout gérer. Ce qui ne va pas c’est vos satanées réunions à 18h, votre culte de  la performance horaire et l’absence de bon sens qui veut qu’on ait son cul posé derrière un bureau au sein de son entreprise pour avoir l’air efficace !

 

« Mais les recteurs devraient «veiller à éviter une féminisation totale dont on peut penser qu’elle donne une représentation partielle de la société aux élèves», recommandait Marcel Pochard dans son rapport sur les conditions du métier. C’est aussi ce que pense le formateur Jean-Louis Auduc dans son récent essai Sauvons les garçons ! Toutes les professions qui interviennent autour de l’enfance et de l’adolescence se sont massivement féminisées. » Mais dites-moi, c’est terrible, ce qui se passe ! Ou « Les observateurs s’accordent en tout cas pour regretter le peu d’hommes à l’école, ne serait-ce que pour inverser l’idée selon laquelle cette dernière est devenue une «affaire de femmes». » (Source le Figaro ici)


Allons, messieurs, un peu de décence, de grâce. Ce que l’on devrait entendre comme débat, c’est plutôt « Mais les dirigeants devraient «veiller à éviter une masculinisation dont on peut penser qu’elle donne une représentation partielle de la société aux enfants. » ou «  »Les observateurs s’accordent en tout cas pour regretter le peu de femmes en politique, ne serait-ce que pour inverser l’idée selon laquelle cette dernière est restée une «affaire d’hommes». Ca, c’est le vrai débat si ça vous tient tellement à coeur de parler des femmes en milieu professionnel, hein…

 

Pas sûr que ce fumigène fasse le même tollé que les propos machistes qui ont été tenus lors de l’éclatement de l’affaire DSK. Parce que dès lors qu’il s’agit finalement du sexe de la femme, on trouve du monde pour monter au créneau bizarrement ; par contre, le grignotage de l’égalité professionnelle par le gouvernement a laissé de marbre tout le monde, et je suis presque certaine qu’on ne trouvera pas autant de personnes pour se scandaliser ne serait-ce que d’avoir osé proféré une énormité pareille.

 

Les femmes connaissent suffisamment de difficultés pour ne pas attaquer un domaine dans lequel leur vie est gérable. Par ailleurs, il faudra m’expliquer comment comptent-ils arrêter cette invasion féminine ? Est-ce à dire qu’ils vont sélectionner ? Privilégier ? Des quotas obligatoires d’ hommes ?

 

Si l’on se pose deux minutes, franchement, on s’aperçoit que toute cette histoire est symptomatique d’un phénomène : l’entourage présidentiel marche sur la tête et non seulement il fait le poirier ou l’autruche – l’on finit par se demander -,  mais il ne sait pas où il va. J’espère qu’on s’en rappellera en 2012. Surtout les femmes !