Parfois, je ne sais pas. #Snowden #Mediapart

5 juillet 2013 10 Par Catnatt

 

Photograph of a large crowd assembled on the South Lawn of the White House for the lighting of the National Community Christmas Tree

 

Le propre des gens comme moi, très actifs sur les réseaux sociaux, c’est d’avoir une opinion sur tout et n’importe quoi. On est pour. On est contre. Et quand on ne sait pas, rarement, on fait soigneusement l’impasse, on ne dit rien.

 

Parfois, je ne sais pas (et je reste plantée là). Remarquez, je pourrais le garder pour moi mais hier soir, j’ai manifesté mon absence d’opinion sur l’affaire Mediapart.

 

 

tweet constructif ^^

 

Ca m’a chiffonnée parce qu’il n’y a pas qu’au sujet de Mediapart que je ne sais pas. Il y aussi l’affaire Snowden.

 

Concernant Mediapart et la décision de la cour d’appel de Versailles d’exiger le retrait des conversations « Bettencourt » sous peine de sanctions financières, je suis partagée. D’un côté, si Mediapart n’avait pas diffusé, il n’y aurait jamais eu d’affaire et pourtant l’éclatement de celle-ci me semblait, semble nécessaire. Mais pour autant, la méthode employée me pose problème. Ceux qui crient à la censure (et je rappelle que c’était déjà cette décision qui avait été prise par la cour de cassation en 2011) font du deux poids deux mesures, il me semble. Parce que cela touche les puissants et parfois des personnes qui avaient beaucoup à se reprocher, tout devient légitime. Mais le droit ne travaille pas à la tête du client. Le majordome a enregistré pendant un an (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, peu importe) et Mediapart (et le Point) ont diffusé. La mécanique, c’est quelqu’un, n’importe qui, vous enregistre à votre insu, fournit l’enregistrement à un média qui le publie et continue de le faire des années après. Et si ça vous arrivait ? Est-ce que le contexte suffit à justifier la méthode ?

 

Entendons-nous bien, je n’ai pas d’avis. Mais je trouve que ceux qui crient à la censure vont un peu vite en besogne et à contrario que ceux qui s’en réjouissent s’asseyent sur la liberté de la presse. Je n’attends pas de réponse spécialement aujourd’hui mais Mediapart a fait quand même sa spécialité de ce genre de moyens. Ca pose question si ce n’est que ça pose problème. Ca mérite mieux que des hurlements dans un sens ou dans l’autre, ça mérite réflexion.

 

L’affaire Snowden obéit exactement au même genre de mécanique. D’un côté, un homme décide de faire son job de « citoyen ». Puisque l’Etat (avec un grand E général et absolu) ne daigne pas jouer la transparence, il est du devoir de certains d’éclairer le grand public. Mais quid de la raison d’Etat ? Je suis très sensible à cette notion. Il est totalement illusoire de penser qu’un pays peut fonctionner sans elle. Pas de diplomatie, pas d’accord commercial bénéfique pour la nation, plus de secret défense, plus de lutte contre le terrorisme etc (je ne suis pas une spécialiste hein…). Où commence et où se termine l’exigence de transparence ? Mieux, où commence et où se termine la dictature de la transparence ? Encore une fois, je n’ai aucun avis. D’un côté, j’applaudis la démarche de Snowden, je la trouve nécessaire, je n’ai aucune envie qu’il aille en prison ou pire. Mais de l’autre, un pays peut-il fonctionner sans côté obscur de la force ? Et quelles sont les limites de l’exercice ? A partir de quel moment on estime que l’Etat va trop loin, trop intrusif, trop « totalitaire » et à contrario peut-on espérer être correctement défendu (dans tous les domaines) par un gouvernement que l’on limite fatalement par une exigence de transparence absolue ?

 

Je crois qu’il n’y a pas de bonnes réponses. Les contours de ce que peuvent s’autoriser « les puissants » et les gouvernements sont en train d’être redéfinis par un nouvel environnement lié principalement à internet. Ils apprennent en même temps que nous, j’imagine. Rien ne sera plus jamais comme avant.

 

Et ça a parfois un côté terrifiant… Ce qui s’appliquera à eux s’appliquera fatalement à nous.