Demain : se décider #Presidentielles2017

22 avril 2017 2 Par Catnatt

C’est demain et il faut se décider.

Revenons à des fondamentaux. Je ne comprends pas les gens qui expliquent à longueur de journée que la gauche et la droite, c’est fini. À tous ces gens je voudrais réexpliquer qu’il y a une façon très simple d’établir une grille de lecture :

-La gauche gère les problèmes de la société au sens large en s’attaquant majoritairement aux problèmes de fond.
-La droite gère les problèmes de la société au sens large en s’attaquant majoritairement aux problèmes de forme.

Ex : la déchéance de nationalité, c’est un truc de droite. Ça ne veut pas dire pour autant que l’un est mieux que l’autre. Ça dépend. Mais effectivement pour moi, envisager le monde selon un prisme de gauche fait plus sens. Autre ex : c-est-la-faute-à-l-immigration. C’est un truc de droite parce que le problème de fond ne vient pas des immigrés.

Ceci étant posé, regardons TOUS les candidats.

Marine Le Pen. Elle a bien joué sur les premiers mois, son ombre planant dessus sans qu’elle ne s’use sur les plateaux, mais c’est resté insuffisant et sa campagne n’est pas bonne. Vais-je devoir évoquer son programme ? Je suis une européenne convaincue, les gens oublient trop vite que cette union européenne a permis la plus longue période de paix sur notre continent. C’est pas rien ! Cette Europe n’est pas parfaite, loin de là, mais elle est fondamentalement nécessaire et ce n’est pas possible de l’abîmer plus que les Anglais avec leur connerie de brexit. ON SE CALME ! 🙂

Dupont-Aignan. Franchement je m’en fous, je ne sais même pas vraiment ce qu’il propose, il ne m’intéresse pas.

François Asselineau : Frexit. C’est non.

François Fillon. Je n’ai pas cessé de répéter à mes amis tout le long des primaires de droite que des candidats vraiment potentiels à l’élection présidentielle, Sarkozy avait factuellement le programme le moins à droite économiquement. Tout le monde a fait une fixette sur lui en oubliant qu’il y avait peut-être pire planqué derrière. Certes Sarkozy m’a vraiment tapé sur les nerfs pendant très longtemps, mais j’étais sûre qu’on se trompait de combat. J’ai un avis qui n’engage que moi, mais Sarkozy avait un cadre inconscient je crois : il veut être aimé. Ça ne l’empêche pas de déborder, mais ça le cadre d’une certaine façon. Fillon ? Il s’en fout, il est complètement hors limite. Ex : expliquer sans sourciller que les journalistes n’ont pas à choisir les questions. Je trouve cette anecdote hautement symbolique du bonhomme. Pareil pour la soi disant autre attaque le soir des Champs Elysées : comment peut-on tordre la réalité à ce point-là en jouant sur les peurs primaires des gens, tout ça parce qu’on a décidé qu’on était prêt à gagner coûte que coûte ? Sans foi ni loi (et pour le coup c’est pas une expression, ce type n’est absolument pas un « vrai » catholique, il n’a ni compassion, ni amour de son prochain ; quant à la loi…) Fillon sera encore plus détesté que Sarkozy car croyez-moi, il est 45 fois pire. Il est dangereux. Il ne respectera rien ni personne.

Emmanuel Macron. Le problème Macron. Je me méfie du mec, je n’ai aucune confiance en lui. Il est économiquement de droite, on va pas se raconter d’histoires. Mais il est progressiste socialement. Son programme est au centre : un peu pour les gens de gauche, un peu pour les gens de droite, il y en a partout donc tout se trouve noyé et tu sais plus trop pour quoi tu votes. Il n’y a pas d’idéologie, pas de vision, c’est un gestionnaire. L’Europe reste ma marotte et c’est probablement l’homme qui s’adaptera le plus au résultat des élections allemandes cet automne. Car on oublie trop souvent que nous ne sommes pas seuls et que ces deux élections vont décider de l’avenir de notre continent. Macron, c’est un non choix pragmatique.

Benoît Hamon. Mon choix de coeur évidemment. On lui a bien savonné la planche. Je ne pardonnerai jamais à François Hollande deux choses : le plan de la déchéance de nationalité et d’avoir à mots couvert soutenu Macron. Ce mec n’a jamais exercé la profession de ministre, il a accédé au pouvoir en étant premier secrétaire des socialistes et il pulvérise ce qui l’a amené au poste ! De l’autre côté, on peut aussi dire qu’Hamon a fait partie de ceux qui ont empêché Hollande de se représenter nous précipitant dans le chaos. Et qu’il passe à la caisse finalement. Pourtant c’était celui qui pouvait rendre à nouveau socialiste le parti socialiste. Quel gâchis !

Jean-Luc Melenchon. Il n’y a rien à faire, je ne l’aime pas, je me méfie de lui comme de la peste. C’est un sentiment personnel, mais il s’empiffre tellement du « peuple » et du soi disant collectif que ça en devient douteux. D’autant que je ne crois pas que son électorat soit réellement dans les couches populaires. Certes il a des sympathisants que je respecte beaucoup, mais il y a un système que je ne supporte pas dans sa campagne : la « désintoxication » pour utiliser le mot de Sfar (d’ailleurs à ce propos là, quand je lis que Sfar provocateur récolte ce qu’il a semé, j’aimerais qu’on entende à ce moment-là que ça revient presqu’à valider que Charlie Hebdo avec ses provocs l’a bien cherché #JustSayin). Je me suis fait quand même traiter de pute parce que j’avais osé trouver curieux que Melenchon n’aille pas chez Médiapart. Autant je pouvais comprendre que ses supporters aillent expliquer les erreurs autant la vaste entreprise de « désintoxication » massive me semble terrifiante. Ce sont les seuls qui se permettent sans vergogne de débarquer chez toi et de te hurler dessus à chais pas combien que tu es un gros con qui a rien compris. On n’est plus dans la politique, on est dans la foi aveugle. Pour des laïcards pour la plupart, ça se pose là. Quant à son programme, la 6eme république et la constituante me parlent énormément, mais par ex la taxe à 90% me semble complètement délirante en ce moment. On n’est pas sous Roosevelt. Mélenchon a fait une superbe campagne, mais à vouloir gagner à tout prix on finit par adopter les mêmes méthodes de ses adversaires…

Jean Lassalle. Bon on a bien rigolé toussa toussa, le mec est sympathique, mais vraiment ?! Utiliser la grève de la faim ?!

Philippe Poutou. J’ai beaucoup de respect pour cet homme. Il a vraiment fait le job lors du débat à 11. Je respecte son électorat aussi qui me semble totalement cohérent avec lui et son programme. Mais l’interdiction des licenciements de manière unilatérale, c’est pas possible. Je pourrais l’entendre sur de très gros groupes qui peuvent supporter financièrement, mais le reste ?

Nathalie Arthaud. Pareil que Poutou. Beaucoup de respect pour cette femme et son action politique qui ne transige pas avec ses idées. Du respect aussi pour son électorat même si au final je ne le connais pas. Je n’ai jamais pu discuter avec un électeur de lutte ouvrière. Ou alors je les ai loupés. Elle a tellement été juste quand elle a expliqué sur le débat à 11 que le projet européen n’était pas responsable de ce que subissaient les classes ouvrières. Ça va bien au delà. Mais je ne pourrais pas voter pour elle pour les mêmes raisons que Philippe Poutou.

Donc vous l’aurez compris sans doute, j’hésite entre Hamon et Macron. Aujourd’hui 9h22, je suis bien partie pour voter Macron car je crois fortement au second tour Fillon/ Le Pen et dans ce cas-là, je m’en laverai les mains, je voterai blanc. Entre deux bandits de grand chemin, je ne choisirai pas.

Si je vote Macron, il faudra me rendre à la triste évidence que je ne suis plus si à gauche que ça. J’ai vieilli. Ça fait un moment que je vote au centre finalement. J’avais voté Bayrou au premier tour en 2007 et Royal au second. Voté Montebourg au premier tour des primaires et puis EELV au premier tour et Hollande à la fin. Là dès le premier tour Macron ? Okay, je ne suis plus une femme de gauche. On me dira que ça se trouve je ne l’ai jamais été finalement : une bourgeoise qui se pique d’aventure et d’illusions. Peut-être. Probablement.

J’ai tenté toute ma vie d’être une électrice qui votait au delà d’elle-même, au delà de ses propres intérêts, de trouver le meilleur compromis pour les autres et sa famille. À trop ménager la chèvre et le chou, on finit par barboter dans le tiédasse. Mais cette élection (et l’ambassadeur de France aux USA dit la même chose) est fondamentale. Elle est extrêmement importante. Entre le brexit, Trump, les ambitions de Poutine, tout ça ressemble fortement à une lame de fond dangereuse.

Je suis aussi extrêmement inquiète pour les droits des femmes. Macron pour le coup me semble assez solide à ce niveau-là et rien ne rattrapera la chute d’Hamon. Peut-être qu’au dernier moment, je choisirai le panache : voter pour ce dernier. Pour la « gloire », parce que son programme est le mien, vraiment, sincèrement. Trois minutes plus tard, je finis par me dire que la casse sociale est inéluctable. Voter Hamon pour le panache c’est prendre un aller simple pour le risque de voir Fillon faire de la sécu des confettis. Avec Macron, je gratte chichement quelques années sur ce sujet.

Un vote chiche. Voilà ce dont je suis capable aujourd’hui à 9h33. C’est pas glorieux. Je suis pas très fière de moi. Mais j’ai l’avenir de mes enfants en ligne de mire. Je leur dis depuis quelques temps quelque chose que je ne pensais jamais dire : barrez-vous ! Pas à cause de l’économie, mais parce que le climat est rance, parce qu’à vue de nez il y a la moitié de ce pays qui est capable de choisir Fillon ou Le Pen.

Je l’ai toujours dit, j’adore mon pays, je me sens profondément française. Mais nous sommes à l’aube de prendre pleine balle la face sombre et cachée, celle qu’on a occulté pendant des années, celle qui est capable de bafouer jour après jour les fondements de sa constitution :

Liberté, égalité, fraternité.

Et pourtant qu’avons-nous trouvé de mieux pour définir l’identité française ? La constitution c’est le socle commun à tous. Ça n’a pas à faire dans le détail, ça doit être le plus large possible. C’est la meilleure devise au monde, vous n’en trouverez pas de meilleure. Mon vote demain sera à mon sens entre celui qui l’incarne le plus et celui qui est le plus à même de la protéger…

Bon vote ! Quel qu’il soit.