Les mots clés qui nous définissent
Je lis actuellement le livre de Lola Lafon « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce ». Je n’ai pas d’avis définitif, mais pour l’instant, ça me plaît infiniment. Je ne saurais trop vous recommander l’émission qui lui est consacrée sur Arrêt sur Images, avec une Judith Bernard toujours aussi passionnée et passionnante.
Voilà l’histoire du livre :
« Emile est morte, Emile est en train de mourir, son corps à 33° victime de mort subite, dans un café elle est tombée. La narratrice, une danseuse qui ne danse plus, raconte son amie, sa presque-sœur dont le cœur s’est arrêté. Liées toutes les deux par une expérience muette et une passion silencieuse, la danse classique, elles vivent au ralenti, endormies de peine et d’impuissance dans un pays grignoté de violences répressives après une élection.
Un conte captivant, ode à l’imprudence, où l’esprit de révolte le dispute à la poésie et dont la morale pourrait bien être : « du danger de ne pas aller assez loin pour les oiseaux de sexe féminin »…
Mais ce n’est pas vraiment pour vous parler du livre que j’écris ce billet. C’est pour vous proposer un jeu. Emile est, lors des premiers chapitres, dans le coma. Et voilà ce qui suit page 39 :
« Je raconte à l’infirmière et à ton père tes programmes de chocolat. (…) L’infirmière astrologue sort prestement un petit carnet de sa poche et note comme une contrevenante appliquée : « Ha, mais c’est très bien de savoir ça, des choses personnelles ! A son réveil j’aurai un mot clé pour la faire réagir. Pensez à me trouver d’autres mots importants d’ici demain ? » Chocolat Lanvin est donc, pardonnez-moi, le premier mot de ton possible retour dans la vie.
Qu’est-ce qu’un mot clé, me demande ton père, désemparé. Je ne sais pas, c’est un mot qui lui ferait ouvrir les yeux? Un mot qui lui donne envie de répondre quelque chose. Un mot maison. Un mot de passe. Je ne sais pas. J’énumère silencieusement ce que je connais de toi, je cherche, soulève des questions, des années, ce que tu m’as confié, j’en repousse des dizaines de mots, d’histoires, aucune ne me semble assez claire, belle, simple, quelle tâche, choisir le bon mot, celui qui, peut-être.
Plus tard, je trouve ça :
Mardi, camion, le clan des nonnes, le Pélican, non-lieu, questionnaires, Belfast, passe-moi le coca, basket, Harzjaï, expertise psychiatrique, Sylvie Guillem, prison, chocolat, calme comme une bombe »
Et vous ? Quels seraient les mots clés qui vous feraient revenir du presque au-delà ? Vos mots maison ? Vos mots de passe qui donneraient la clé de votre humanité, celle qui vous ramène à la vie ?
Prenez votre temps mais il me semble que la question est intéressante, non ?
Je dirais « cirque, kouek, chaussette à clou, cacao, au quart de tour »
et… « dehors il fera mauve et ces éléphants roses reprendront leur chemin »
voilà, maintenant tu sais quoi dire si l’occasion se présente 🙂
je préfère ne pas trop y penser figure-toi, je doute que la nourriture soit en tête de liste mais il y aurait bien plus compromettant 🙂
je ne sais pas si tu auras l’occasion de croiser lola lafon, je la connaissais comme musicienne et elle touche juste là-aussi, longue route à elle !
les prénoms ou surnoms des gens que j’aime plus que tout
puis « houmous, fou rire, hippopotame, astucieux, toulouse »…
plein d’autres aussi
c’est hyper remuant en fait !!
Oui ! Ca n’a l’air de rien comme quetsion mais en y réfléchissant bien, trouver les mots clés qui seraient susceptibles de te faire réagir dans une situation pareille n’a rien d’évident.