Yannick Jadot : la jolie surprise #BrutusTv

9 décembre 2016 1 Par Catnatt

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« Déjà il m’angoisse pas.Tous les autres candidats, ils me collent des angoisses… Sérieusement, c’est genre « on va tous mourir » à peu près ou c’est des déclinaisons. Ce type a l’air intelligent, il fait preuve de bon sens, je trouve ça très rafraichissant parce qu’il fait preuve de positivisme ; il est positif. Alors si c’est ça être bisounours, il serait peut-être largement temps de se réconcilier avec les bisounours. Franchement, on en a tous besoin maintenant, faut qu’on respire un peu ».

C’est moi qui tient ses propos lors du débriefing post émission Brutus avec Yannick Jadot (à 1h42 et 30″ à peu près).

Je ne connaissais pas Yannick Jadot, j’avais été déçue de la défaite de Cécile Duflot que j’aime bien même si elle peut passablement m’agacer de temps en temps.

Je me suis retrouvée face à un homme politique avec qui j’avais la sensation de vraiment pouvoir discuter. Le propre de l’exercice – un échange entre citoyens et politiques – c’est qu’il est toujours question de convaincre, mais dans un seul sens. Avec Yannick Jadot, j’ai eu la sensation (illusoire ?) que si tu proposais des arguments forts, tu pourrais l’amener à évoluer. Sans rapport de force. Voilà, c’est ça, le mot, la perception : l’absence de rapport de force. Pour autant, il n’est pas versatile, il a une colonne vertébrale solide de convictions (ce qui pourrait être l’un des premiers reproches que je pourrais faire à Emmanuel Macron par exemple), mais je sens l’homme de dialogue. Yannick Jadot est reposant. C’est peut-être le propre des gens de EELV. Que ce soit lors des hang out de la municipale parisienne, Brutus tv ou autres, à chaque fois que je me suis retrouvée face à un EELV il n’y avait pas ce dénominateur commun à tous les autres qu’ils soient de gauche ou de droite : le rapport de force perceptible. J’attends Benoit Hamon sur ce terrain-là.

J’ai aussi aimé les tentatives pour sortir du ronron ambiant : pour ce que j’en vois (et en ce moment j’ai très peu de temps, je bosse beaucoup et je rentre chez moi m’écrouler) il n’est uniquement question de gérer le bordel ambiant, la forme, les formes au lieu de s’attaquer au fond.

Yannick Jadot, est bon, très bon. Quelques punchlines de ci de là – « je ne suis pas le médecin urgentiste du parti socialiste » – des propositions de bons sens, mais qui peuvent être perçues comme bisounours – on ne vend pas d’armes à des dictatures. J’aimerais d’ailleurs savoir à quel moment on en est arrivé à se dire que cette position basique, rationnelle est devenue un truc de petit poney violet. On marche sur la tête hein.. – le revenu universel, mais lequel, la 6ème république, mais laquelle, partager le travail, mais pas fatalement en baissant la durée hebdomadaire, en proposant plutôt que l’on puisse prendre une année sabbatique ou 3 mois, du temps pour élever ses enfants ou reprendre les cours, une écologie de base, mais aussi une écologie de l’esprit, une écologie de la démocratie : « lutter contre le déréglement climatique, c’est aussi lutter contre le déréglement démocratique ». Comme Sylvain Attal l’a fait remarquer, Yannick Jadot n’est pas dogmatique. Définition : qui a des opinions bien arrêtées, qui les considère comme des vérités absolues, et les exprime d’une manière péremptoire, autoritaire, catégorique ; doctrinaire ». Pourquoi supportons-nous des politiques de ce type là ? Plus le temps passe, plus c’est celui qui est intraitable qui est le plus entendu ? Ramenez ça à l’échelle d’un ménage, vous seriez probablement en train de vous dire que c’est intolérable.

Il a rappelé une chose importante (que je ne connaissais pas d’ailleurs) quand je l’ai interpellé sur un potentiel changement de consitution (à 17mn) :

« Dans la déclaration des droits de l’homme de 1793 il est indiqué que chaque génération a droit à ses propres lois, à sa propre conception d’organisation de la société et il est clairement indiqué qu’une génération ne peut pas contraindre à ses lois les générations suivantes.

La V° république, ça fait déjà 3 générations et on voit avec tout le cirque autour de Hollande à quel point cette façon de faire fonctionner la démocratie est totalement obsolète ».

Je ne peux pas être plus d’accord. On tourne en rond comme des bêtes en cage, une cage qu’on a fabriqué nous-mêmes, c’est hallucinant. Quand je pense que certains flippent que les intelligences artificielles prennent le pouvoir, j’ai envie de leur dire qu’il faudrait peut-être se mettre à avoir vraiment peur d’un système qu’on a nous-mêmes mis en place, nous les humains.

J’ai besoin de vision, pas de gestion. Si les politiques ont envie de réimpliquer les citoyens dans la vie de la démocratie, il serait temps de faire preuve d’inventivité. Personne n’a envie de vivre avec des experts comptables ! Ceux-ci sont d’excellents outils au service d’une vision ! Si vous n’avez que des outils, vous n’avez pas d’horizon, ça reste bas de plafond ! C’est là où ça ne va pas, c’est là où se loge le malaise.

Yannick Jadot est lucide, il est peu probable qu’il soit Président, il veut gagner des majorités culturelles. Ça me semble intelligent, c’set un travail de fond. Pas de forme. À voir après avec le programme présenté, mais j’envisage de voter (encore) EELV au premier tour.

Quant à l’émission, le lieu était très agréable, mais c’était moins vivant que celle avec Juppé à laquelle j’ai assisté. La faute à l’agencement, la faute à l’invité moins clivant, la faute à la gestion d’intervention ? L’exercice est compliqué, nul doute qu’ils vont trouver leur tempo, mais ce serait bien que tout ça soit plus spontané. Peut-être qu’on devrait tous être équipés de micros ?

L’émission : on a parlé de pollution, d’armes, de revenu universel, d’endettement etc.