C’est l’histoire d’un tweet

27 juillet 2018 2 Par Catnatt

Mazette !

Quelle aventure !

Certains s’en sont aperçus, j’ai quasiment déserté twitter depuis quelques temps : la faute au manque de temps, d’envie surtout. C’est devenu assez binaire et pour être tout à fait franche assez ennuyeux. Ça fait un peu vieux monde à l’agonie.

Et je ne sais pas ce qui m’a pris, sans déconner hein, avec l’affaire Benalla. L’attitude condescendante de Macron avec son fameux « qu’ils viennent me chercher » m’a semblé odieuse et… j’ai twitté.

P… j’ai tweeté. Franchement je pensais que ce tweet allait se perdre dans l’indifférence générale ce qui est plutôt devenu mon lot depuis quelques temps. J’ai totalement perdu la toute petite influence que je pouvais avoir.

L’ERREUR ! OH BORDEL, L’ERREUR !

Je ne comprends toujours pas très bien ce que me vaut certes des dizaines de messages de soutien parfois simplement sympathiques, souvent drôles, parfois condescendants, beaucoup de références à la religion, il faudrait que je me repente, faute avouée, faute à moitié pardonnée, mais aussi des messages d’insultes stupéfiants.

Hé les gars ?! J’ai juste voté hein, j’ai buté personne.
(Enfin… Je crois ?!)

Donc j’ai tweeté de manière très spontanée mon sentiment du matin.

Certains pourront dire que j’ai fait caca et que hop je me suis barrée.

Sè pa fô.

Oh la shit storm ! Beaucoup de retweets sans commentaires, mais au bout de 3 jours je peux tranquillement affirmer que je me suis retrouvée globalement et confortablement coincée en sandwich entre les FI et les FN.

Oui, je sais, encore une fois…

On n’est pas bien là ?

Au bout de 3 jours, je pense que j’ai appuyé sur un levier, mais lequel, ça reste confus. J’ai été franche, j’ai expliqué que j’avais voté Macron aux 2 tours. Apparemment je suis la seule en France. Ou sur twitter, mais c’est pareil non ? #Ahem. J’assume mon vote, c’était un calcul, probablement un mauvais calcul, je ne voulais pas de Fillon (ne parlons pas de Le Pen) au 2ème tour. Et après c’est pas comme si j’avais vraiment eu le choix. Je ne suis ni abstentionniste ni vote blanc.

Ça m’a permis de croiser, je cite, une filloniste radicalisée. Whow !

J’ai dit que j’avais voté Macron, que je fermais ma gueule depuis son élection alors que croyez-moi, j’ai grincé des dents plus d’une fois. Y’a un paxon de trucs avec lesquels je suis pas d’accord, mais je ne vais pas me défiler. J’ai contribué à le mettre au pouvoir, je vais pas brailler dès le début. Ça m’avait fait halluciner ceux et celles qui avaient élu Hollande et avaient commencé à lui cracher à la gueule après. Je suis une adulte. J’ai peut-être fait un mauvais choix, mais je l’assume. Oui je suis une adulte, je suis responsable et non je ne suis pas une créature sous influence des médias.

Ou qui vote avec sa chatte. Celui-là, c’est un de mes préférés :

Wokayyy ! J’ai la faiblesse de croire que j’ai un cerveau, mais peut-être qu’on m’a menti et que toutes les décisions que j’ai prises dans ma vie, c’est avec ma chatte que je les ai choisies. On pense que l’estomac est un second cerveau, mais si la vérité était ailleurs…

Du coup évidemment certains remettent en cause le droit de vote des femmes. Après tout il est largement temps de se poser des questions bordel !

Mais certains remarquent à juste titre probablement que le problème atteint peut-être les hommes. Ce serait une question de beauté. J’imagine qu’après avoir voté Sarkozy et Hollande, on a eu une épiphanie. On a peut-être voulu concurrencer le Canada et Justin Trudeau.

On a eu droit aux Cassandre. MOI JE SAVAIS. Peut-être. Mais c’est tellement facile d’être pétri de certitudes après les faits.

Du coup, est-ce que tout le monde a le droit de voter ? Sans déconner, c’est peut-être la question de fond. Si par exemple, seules les Cassandres avaient le droit de vote pour notre propre sécurité ? Ou mieux un permis de voter comme cet ardent défenseur de la démocratie me l’a fait remarquer :

On est républicain à géométrie variable, madame. Vive le peuple, mais pas tout le peuple. Ça donne quand même une idée assez terrifiante de jusqu’où peuvent aller certains grands démocrates…

On a fait aussi dans le classique, l’indémodable : Pétain collection printemps-été 2018.

 

Ou l’incontournable et toujours efficace :

On est en dictature en France. Évidemment, suis-je con !

Relisez bien hein. Voter revient donc à légitimer la dictature. Je crois que celui-là c’est le préféré de mon fils.

L’analyse psychiatrique :

Nouvelle tendance par contre, on ne me l’a jamais faite avant, je vais être responsable de l’apocalypse démocratique.

Ben merde alors !

Ou de la guerre civile

Par contre celui-là je suis pas sûre de vouloir le comprendre

Et mon préféré :

T’as vu le subtil mélange de violence et de tendresse ? Genre ambiance 50 nuances de grey ? J’t’en colle une et paf je te fais un câlin.

Mais finalement le meilleur tweet que j’ai reçu, c’est celui-ci, même provenant d’un type qui vote probablement FN:

C’est vrai. C’est juste. Je suis paumée politiquement. Suis-je vraiment encore une femme de gauche ? Suis-je devenue une femme de droite ? Le PS est en miettes, les écolos aussi, je n’aime toujours pas la France insoumise, le Front National plutôt crever, l’UMP HAHAHA ! Merde, merde, merde, je vais voter blanc à la prochaine ? Je disais à Virginie la dernière fois que je vais sacrément douter de moi dans l’isoloir pr la prochaine présidentielle. Comment être sur ?

Toujours est-il que pendant que j’écris ce billet, ça continue de commenter et de RT mon tweet même si ça se calme gentiment. J’ai pensé à l’effacer pour avoir la paix, passer à autre chose. Je n’y arrive pas. Après tout j’ai le droit de m’exprimer. Les gens ont le droit de me signifier leur réaction. J’ai le droit de ne pas vouloir échanger avec eux si je trouve ça disproportionné.

Mais quelque chose m’échappe encore. Je ne comprends pas pourquoi autant de réactions. Le fait de m’afficher macroniste et déçue ? La colère de beaucoup ? J’ai juste exercé mon droit de vote. Mais finalement si j’étais scrupuleuse, j’irai vérifier mes tweets de l’époque de Sarkozy, lorsque j’étais dans l’opposition et que je braillais « ha ben on vous avait bien prévenus ! ». Je ne crois pas avoir été aussi vulgaire ou si insultante que ce que j’ai pris. Mais j’étais tout aussi en colère que ces personnes.

Finalement c’est de bonne guerre quand on y pense vraiment.