Et galérer (Anxiety, keep on tryin′ me)
Si vous saviez à quel point le blog me manque. Oui je sais, c’est passé de mode, mais c’était ma manière de négocier avec le monde et me voilà bien dépourvue et me revoilà pour tenter de poser les sentiments et les évènements.
Je galère. Je galère depuis des mois, voire peut-être plus. Et à chaque fois de bonnes raisons pour justifier ce sentiment, mais au fond de moi, je savais qu’il y avait autre chose.
Je suis fatiguée tout le temps. Des sautes d’humeur. Probablement une agressivité. Une fatigue musculaire aussi. Ça fait des mois que chaque lundi, je me dis que je vais passer une bonne journée, exécuter la routine qui me fait du bien et donc le yoga, le DBS, la piscine. Ne pas monter dans les tours en cinq putain de minutes. En vain. Je m’effondre systématiquement. Alors je m’en veux : je suis une chochotte, je ne me bouge pas le cul, bref je suis nulle. Et je recommence. Et je me déteste. Je ne suis pas moi et je ne sais pas pourquoi.
Depuis grosso modo 2021, chaque année il s’est passé une succession d’emmerdes à gérer, certains dérisoires, d’autres beaucoup plus importants. Chaque fois une bonne raison d’être fatiguée. Mon entourage mettait ça sur le compte du travail (tu travailles trop alors que je savais pertinemment que même si parfois c’est intense, ça fait un moment que ce n’est pas trop) ou au choix les enfants et leur lot de problématiques ou la ménopause ou simplement tout. Une petite musique à laquelle j’ai adhéré.
J’ai pourtant, je crois, essayé de dire que c’était pas si simple. J’ai cru que je commençais à être diabétique, j’ai cru – et je ne l’ai jamais formulé à voix haute- que je devenais folle comme ma mère. J’ai cru que j’étais en train de développer une tumeur au cerveau sans jamais osé le dire de peur que ça ne devienne réel. J’ai cru devenir folle tout court. J’ai dit que je ne savais plus ce que je ressentais. Je pense qu’à ma manière, probablement obscure et maladroite, j’ai essayé de dire qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas en dehors de toutes ces bonnes raisons. j’ai dit que j’étais en train de me NOYER. En vain.
Au final cette douleur intense que personne à ce jour n’a su expliquer ( on est passé de l’abcès dentaire à l’otite au calcul à la paroditite pour finir sur une névralgie) a eu le mérite de me pousser à faire des examens à répétition et le diagnostic est tombé : je suis en hyperthyroÏdie.
Au début, j’ai plutôt pris ça à la légère et mon médecin traitant est allé dans ce sens-là. Ça se traite très bien, j’avais l’impression que c’était facile. Autant dire que j’ai vite déchanté devant l’endocrinologue qui me semble diablement efficace, mais qui a dû rater le TD de psycho :
« Vous avez 50% de chance de vous en sortir »
« On tente le traitement pendant un an et demi et si ça ne marche pas, il faudra passer à d’autres méthodes plus radicales dont l’ablation de la thyroïde ». Avec toutes les conséquences que ça a…
« Vous allez attaquer le traitement, en cas de forte fièvre dans les 48 heures, ça veut dire que vos globules blancs sont en chute libre »
« Si vous avez les yeux exorbités, il faut tout de suite appeler »
« Il faut faire des prises de sang tous les 10 jours pendant deux mois »
Je suis tombée de l’armoire. Je n’avais jamais envisagé que ça pouvait être aussi compliqué. 50% c’est beaucoup et pas assez. J’espère ne pas avoir de fièvre ce week-end. Je me scrute dans le miroir, est ce que mes yeux sont normaux ? Est ce que je vais encore passer à côté d’un symptôme ?
Tout ça arrive après effectivement une série implacable d’évènements avec en point d’orgue le décès de mon père.
Cette insistance à m’envoyer chez le psy alors que je réponds que je veux d’abord traiter le corps. Parce que je sais au fond de moi que si je ne sais pas ce que je ressens, c’est qu’il y a autre chose. Un vernis qui s’est posé sur mes émotions.
Le stress peut générer une hyperthyroïdie ; l’hyperthyroïdie peut vous rendre stressé.
Même si tout ça est compliqué, vous n’imaginez même pas à quel point j’ai été soulagée quand j’ai lu la liste de symptômes. Soudain tout s’expliquait (j’ai sélectionné ceux qui m’impactaient) :
- Intolérance à l’effort
- Essoufflement
- Bouffées de chaleur (alors que je n’en avais plus)
- Soif accrue
- Chute de cheveux diffuse
- Palpitations
- Nervosité, anxiété, agitation
- Irritabilité
- Insomnie
- Fatigue, mais parfois hyperactivité
- Faiblesse musculaire, surtout dans les cuisses et les bras
- Troubles de la concentration
- Troubles de l’humeur ou dépression
Ça faisait des mois que j’arrivais plus à lire un bouquin, j’avais honte, je me disais que j’étais en train de devenir stupide. Je voyais bien que ma concentration était proche de zéro, j’ai oublié tant de rendez-vous… Je voyais bien que j’étais encore plus chiante que d’habitude (ça va, je sais que je suis chiante, on partait pas de zéro non plus). Je voyais bien que je partais dans tous les sens. Je voyais bien que je traversais un épisode dépressif, je pleure quasiment tous les jours. Mais pour autant je savais pertinemment que les antidépresseurs n’étaient pas la solution cette fois-ci. J’ai 53 ans, je sais quand je dois en prendre, je l’ai déjà fait. C’est un formidable outil, mais pas dans ce cas là.
J’écoute l’endocrino me dire que j’aurais dû être en arrêt maladie. Je l’écoute me dire d’une certaine façon que je ne suis pas folle et c’est un soulagement immense. Je me suis épuisée à me dire que je débloquais et mon entourage aussi bienveillant soit-il ne m’a pas aidée. Je devais être confuse lors de mes tentatives pour dire qu’il y avait autre chose. Mais la confusion mentale fait partie des symptômes (en plus de la ménopause sinon c’est pas drôle n’est-ce pas ?). Je ne me suis pas non plus aidée.
Tout ça pour dire quoi ? Que j’ai été la reine des connes de ne pas faire l’analyse de sang que m’a prescrit mon médecin en septembre 2024. Je me serais épargnée des mois de galère.
Les femmes sont beaucoup plus concernées que les hommes sur ces problématiques là. Alors vraiment, ne faites pas comme moi : faites vos analyses de sang, particulièrement à partir de 50 ans. Si vous sentez que vous perdez pied, faites contrôler votre thyroïde. Evidemment ce sera pas forcément la réponse, mais au moins vous aurez éliminé cette cause possible.
Parce que je vous garantis alors que je suis rompue à cet état de fait que ça faisait très longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi seule. Désespérément seule. Désespérément épuisée, en tension permanente, en lutte quotidienne contre moi. Ce combat…
J’ai commencé le traitement, j’espère qu’il va fonctionner, mais apparemment il faudra 6 semaines pour que ça marche pleinement. Je vais faire du mieux que je peux pendant ce temps-là.
Merci à Doechii pour ce morceau qui m’a accompagnée et pour le clip qui est une bonne illustration de ce que j’ai vécu : des emmerdes qui surgissent, des incendies à éteindre, la sensation que personne ne voit que je suis en train de me noyer, que personne ne me regarde vraiment. La tension. L’éléphant sur ma poitrine.
Tout le temps.
Tout mon soutien, et mon admiration pour tes mots, toujours si justes.
Merci beaucoup Dan d’avoir pris le temps de laisser ce joli commentaire 🙂
J’espère que tu vas bien !
Bon courage à toi. Ma mère me tanne pour que je fasse un test sanguin. Je n’ai pas de symptôme de quoi que ce soit à part une horreur des aiguilles…
Hello Marc 🙂 Allez va la faire, fais toi accompagner par un pote ? Hommes comme femmes, à partir d’un certain âge faut commencer à checker 😉
Merci pour ce témoignage qui peut vraiment rendre service. Bon courage à vous et plein de bonnes ondes
Merci pour ce témoignage qui peut vraiment rendre service. Bon courage à vous et plein de bonnes ondes
Merci beaucoup Françoise !!
C’est bon de te lire de nouveau ma Nath
C’est bon de te lire aussi mon Yvanhoééé
Team blog ! Et le tien est toujours dans ma blogroll car tu fais partie des plus belles plumes que je connaisse.
Poser un diagnostic sur autant de maux, c’est dur, mais cela veut dire que tu sais, et qu’on t’offre au moins des armes pour combattre. Soutien pour cette nouvelle étape, une de plus.
On continue à te lire, et je suis bien contente de t’avoir retrouvée sur Bluesky, qui m’a (ra)menée ici ❤️
Merci beaucoup Isa!! Moi aussi suis contente de vous retrouver !