Un grand moment de solitude

18 octobre 2007 3 Par Catnatt

Un vendredi soir, il y a très longtemps (février 2005), je me dirige vers la crèche récupérer mon cher petit garçon qui a vomi sur tout le personnel. Attendrie, je me saisis de mon fils, qui manifestement, ne se contente pas de vomir : une bonne petite diarrhée comme je les aime. Respect des principes fondamentaux diarrhéiques : odeur, liquidité, débordement.

Absolument pas découragée, je me dirige vers l’école récupérer ma chère petite fille. Elle est livide et a atrocement mal à la tête. Attendrie, je me saisis de ma princesse qui, manifestement, est incapable de marcher. Je porte allègrement ses 16 kgs pendant que mon fils… se soulage sur mon blouson.
La vie est formidable.

 

19h: Je tente désespérément de faire avaler du Motilium à mon fils pas du tout coopératif (sensation d’être le soldat américain de base face à un terroriste irakien présumé). Ma fille gémit à pleins poumons (ambiance délivrance). J’installe tout mon petit monde devant un dessin animé. C’est étrange, ma fille me fixe bizarrement… et vomit sur la totalité du canapé d’angle. (Je sais, comme ça ça a l’air super technique mais faisable, la preuve. Et merde, dans la périphérie, la couette, atteinte, non seulement en surface mais aussi en profondeur).

 

Détail important, ma machine à laver a la propriété intéressante de ne pas essorer, ça fait partie de sa déontologie personnelle. J’en ai pour une semaine minimum pour faire sécher tout ça. Je sens que j’ai du pain sur la planche et opte pour un café avec ma super machine à expresso flambant neuve. Elle et la machine à laver ont dû avoir une conversation sur leurs acquis sociaux car cette foutue machine refuse obstinément de me faire un café, qui serait vraiment, mais alors vraiment le bienvenu. Je reste zen , je suis en phase avec l’univers, je la réparerai tout à l’heure.

 

20h: Je dresse un bilan : mon fils est donc atteint d’une fin de rhino, d’une gastro et également, j’avais oublié, d’un “pieds, main, bouche” (truc viral super contagieux, consistant en une éruption cutanée violente sur les zones citées précédemment). Je soupçonne fortement ma fille de relever le défi inouï d’une association gastro-grippe. Je tiens à signaler par ailleurs que j’ai moi-même une crève à la con depuis 15 jours. C’est dans des moments pareils que je sais pourquoi je fume des clopes, celle que je suis en train de fumer est tout simplement orgasmique.

 

21h: Armée d’une fourchette, je livre un combat forcené avec la machine à café. Elle va me le faire ce café, cette connasse, ou j’en fais une affaire personnelle.

 

22h: Je renonce et je regarde autour de moi. L’appartement ressemble à tout sauf à Marie-Claire Maison. Je lâche l’affaire, je me couche comme je peux, mon canapé-lit étant déclaré zone sinistrée. Et je prie le dieu Motilium pour que mes enfants n’aient pas l’idée saugrenue de vomir vers 3h du matin.

 

10h le lendemain matin: Je subis stoïquement les Bisounours en boucle depuis 6h30 du matin. On ne le dira jamais assez, les enfants sont des maniaco-obsessionnels et l’objet de leur névrose actuelle est le monde des calinours. C’est , c’est… une arme de destruction neuronale massive, cette saloperie. Je tiens à évoquer brièvement la période Bibifoc, qui m’a poussé, je l’avoue, à éprouver de la sympathie pour les trafiquants de bébés phoques et des bouffées de haine pour Brigitte Bardot. Toutes mes pensées, à cet instant, vont vers les victimes du tsunami “Teletubbies”, déclarée plus grande catastrophe audiovisuelle de tous les temps.

 

Je relance les négociations avec la machine à café: “Écoute, je comprends, t’as eu un ptit coup de mou hier soir, mais là c’est le matin et selon la déclaration universelle des droits du consommateur acharné de café, le matin t’as pas le droit de te défiler sous peine de destruction à coups de perceuse”. Un silence lourd de sens s’installe. Vraisemblablement, la machine à café a rejoint les rangs de la CGT electroménagere. Je finis par avoir sa peau à cette s.., les moyens employés ne seront pas évoqués ici, j’ai trop peur de me faire choper par Amnesty International section Darty BHV.

 

Je sens qu’un ptit coup de fil de mon ex m’achèverait. En effet, le pauvre est confronté à un choix cornélien : s’installer à côté de chez nous (je cache ma joie), partir en Guadeloupe ou s’exiler au Texas. Ce type est un crime contre la notion de responsabilité (je suis la reine des connes mais bon Dieu , pourquoi ne l’ai-je pas laissé acheter cette usine dans une campagne reculée de Chine ?? Ça existe encore le concept de camp de rééducation ?? )

 

Allez, c’est pas grave, il va bien finir par s’achever, ce week-end de merde !

 

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