Pauvre diable

1 février 2009 0 Par Catnatt

 

Red Armed Panther ( Cheyenne )

Je suis un homme et je me trimballe une ribambelle de vieilles maîtresses. J‘ai beaucoup aimé dans ma vie. J’aime aimer. Je suis un homme ; un homme à femmes. Je suis un vampire relationnel : viens jouer avec moi que je t’aspire.

 

Katia. Katia, je l’ai aimée 5 années. Malgré la différence de milieu social, je l’ai adorée. Je préférais qu’elle vienne chez moi parce que chez elle, c’était misérable. La première fois que je suis venu, j’ai eu un choc ; je ne savais même pas que de telles habitations existaient encore en France. Fasciné : une fascination malsaine pour ce que je ne connaîtrais jamais. Nous avons tout partagé. Nous nous sommes aimés. Et puis, un jour, après avoir grandi, nous nous sommes éloignés. Il n’y a eu aucune rupture, ça c’est fait insidieusement. Malgré nous et grâce à nous. Je la regardais de loin avec son nouvel homme et je n’éprouvais aucun regret. Elle était devenue vulgaire. Pire, ordinaire. Elle s’allongeait tellement dans le lit des hommes. Nous étions jeunes, caricaturaux et c’était, à nos yeux, une putain. J’aurais eu honte si j’avais dû me montrer avec elle. Et moi ? Elle ne me voulait plus non plus. Plus de désir. Je devais probablement l’écoeurer, mon origine, mon milieu, mes belles fringues et mon argent.

 

Nathalie. Elle, je l’ai aimée rapidement. Ce fut bref, fusionnel, passionnel. Je la vois, encore maintenant, avec ses yeux verts. Son air têtu. Je ne comprends même pas ce que je lui trouvais : c’était une échappatoire. Elle m’occupait ; elle passait le temps. Pas folle, elle avait un autre homme dans sa vie, et nous vivions à trois sans souci même si l’autre en souffrait, je crois. Marianne. Je ne m’y étendrai pas, je l’ai déjà fait. Cathy. Ravissante Cathy, gentille, douce. Je l’ai aimée un peu, celle-là aussi. Corinne. À nouveau Nathalie. Une autre. Et puis Géraldine.

 

Géraldine, c’était le genre de gonzesses, pas forcément très belle, mais qui avait une allure incroyable. Très Mélody Nelson. J’en étais fou de cette fille ! J’aimais tout chez elle : son jean, son t-shirt blanc, ses babies à talons, ses parents, sa baraque, ses postures, sa façon d’être elle, tout simplement. Je l’ai trahie. C’est étrange de tromper celle qu’on aime, mais comme tous les hommes, il n’y avait que moi qui comptais. Je voulais me casser. Je suis parti avec d’autres, et quand on m’a interrogé, j’ai balancé. Non, en fait, je me suis confié à mon frère qui, à son tour, m’a trahi. Juste retour de boomerang. Géraldine a mis, je pense, des années à me pardonner. En fait, je n’en sais rien, la distance géographique m’a épargné les conséquences de mes actes. J’avais obtenu ce que je voulais, la liberté ou un semblant de liberté.

 

Et puis Khadija. Elle m’a bien pourri la vie celle-là. C’était une folle. Des scènes à n’en plus finir, de la jalousie qui éclaboussait les murs, de l’hystérie qui dégoulinait du toit. Quel cauchemar ! Elle me donnait envie de fuir tout ce qui était féminin. J’ai été lâche évidemment. Je la laissais faire, je crois que ça m’amusait et puis séduit par une autre, je trouvais Khadija trop envahissante. Ça c’est terminé par un clash assez monumental. Elle m’a fait dire des choses d’une banalité affligeante, une somme de clichés sur les femmes : C’est une folle, elle est hystérique. Elle est « en règle » permanente.

 

J’ai enchaîné les beautés exotiques et Samia a remplacé Khadija dans mon cœur. Pas rock’n’roll la mère Samia. Un côté bcbg pas des plus attrayants. Je ne me rappelle même pas ce que je lui trouvais à celle-là. Pas sûr qu’elle ait ouvert un bouquin. Ce qui comptait, pour elle, c’était qu’elle soit soignée, que sa voiture soit impeccable. Très pratique sa bagnole, pour moi qui n’ai pas le permis. Nos échanges n’avaient rien d’intellectuel. Ça m’a laissé un souvenir d’ennui supportable. Et puis, elle m’a pris par surprise, elle s’est entichée de mon pote d’enfance. Je me suis aperçu qu’ils se téléphonaient, qu’ils se voyaient. Un ménage à trois encore mais c’était moi, le dindon de la farce. Je les ai laissés tombés tous les deux. Avec un pincement au cœur pour mon pote. Que j’ai retrouvé quelque mois plus tard, heureusement.

 

Et puis elle a débarqué. l’autre dingue. Ma Glenn Close personnelle. Elle me voulait absolument. Elle a couché avec ma gonzesse de l’époque, mais c’était moi qu’elle voulait. Quand je m’en suis aperçu, je suis resté stupéfait. C’était quoi ce moyen tordu pour m’approcher ? Dès le départ, j’avais senti l’embrouille. Je ne la sentais pas et je me suis laissé faire pour voir, mais j’étais méfiant. Du plus profond de mon être, suspicieux. Ça n‘a pas loupé. C’est la seule femme, à part ma sœur, à qui je ne pardonnerai jamais, même sur mon lit de mort. Moi, qui suis plutôt tordu, comme mec, sa perversion m’a écoeuré. Je ne l’ai jamais comprise, jamais admise. Elle appelait en plein milieu de la nuit, pour me menacer, pour me cracher ses éventuelles représailles. Ma copine de l’époque était désemparée. Elle s’était foutue dans un sacré merdier et c’est moi qui payais l’addition. Chiennes de femmes ! Un jour, elle a cessé. Je ne sais plus pourquoi. Je crois que ma gonzesse s’était énervée. Mais je n’ai pas pardonné ses réveils brutaux, son venin et sa méchanceté maladive.

 

Abigaël. Bon…Sans commentaires, me suis aussi largement exprimé à son sujet. Sacha. Morceau de choix. Elle écrivait mieux que moi. Des lettres sublimes aussi inouïes que sa folie furieuse. Elle fréquentait des cinglées dont une qui a prétendu, pour me faire plaisir je suppose, que sa mère, elle aussi, était morte d’une tumeur au cerveau. Celle-là, elle m’a bien sciée. Je ne pouvais pas le croire quand j’ai appris que c’était un mensonge éhonté. Sacha, pas mieux. Elle avait fait croire, par commodité, que le père de sa fille était mort. La vérité, c’est qu’elle était tombée enceinte, jeune, et qu’elle n’avait pas la moindre idée de qui était le père puisqu’elle couchait avec deux frangins. Dont l’un est mort avant qu’elle n’accouche. Elle s’est persuadée que c’était le père. Jusqu’au jour où le frère, bien vivant, lui, des années après, s’est réveillé en se demandant si la petite n’était pas sa fille. Il a fallu que je gère en partie ce bordel innommable. Et puis Sacha s’est fait embarquer par Abigaël. Malgré le fait que nous étions séparés, Sacha et moi, je ne supportais plus son comportement. Elle me gonflait copieusement. Mais avec les années, j’ai compris sa détresse et c’est Abigaël qui me pourrit le vie de temps en temps aujourd’hui. Cette ironie…

 

Alors je l’ai remplacé. Je remplace toujours. Angélique. Je l’ai trouvé tellement neuneu la première fois que je l’ai rencontrée. Elle se prenait pour une chanteuse et braillait de la chanson française à se flinguer type Céline Dion. Elle adorait la variété. Quelle angoisse ! Tout était propre chez elle. Elle passait un temps monstrueux à tout ranger, moi, le bordélique, ça m’épuisait de la voir faire. Mais nous étions complices. Nous avons connu une expérience unique tous les deux. Nous sommes partis en couple, faire une psychothérapie express. Elle avait trouvé un type, perdu au milieu de la Dordogne, qui vous recevait pendant trois heures. Il ne prétendait pas vous soigner, il vous permettait juste de mieux vivre votre quotidien. Je me souviens d’une belle journée ensoleillée. Je me souviens du trajet en bagnole et je me souviens du silence qui a accompagné notre retour. C’était une sacrée expérience pour une première confrontation à la psychanalyse. Ce n’était en rien, un travail de fond mais Angélique m’a offert ça. Un pied dans la remise en cause, dans l’analyse ce dont j’avais bien besoin. Ça, c’est terminé très bizarrement avec Angélique. Elle a commencé à mettre une distance. Elle m’évitait. Je me suis posé des questions. Et ma femme – j’étais marié à l’époque – pour foutre sa merde, probablement, m’a balancé très tranquillement lors d’un déjeuner dominical, qu’elle avait attrapé Angélique, un soir. Dans les chiottes d’un bar. Le truc glauque. Je n’ai jamais su si c’était vrai. Angélique a toujours nié. Moi, je pense que c’était la réalité. Elles ont couché ensemble ce soir-là, mais je m’en foutais. J’aurais juste voulu qu’elle assume. Elle a préféré fuir et je suis resté dans un soupçon jamais résolu.

 

Et il y a eu Léa. C’est à cause d’elle que je passe à table aujourd’hui. Lors de nos derniers échanges, elle a eu cette phrase venimeuse mais en partie vraie : « De toute manière, ça va, j’te connais, je sais que tu fais des croix définitives facilement sur les gens ». Ça m’a glacé. Et si c’était vrai ? Léa a fait partie de ma vie au long cours. J’ai mis du temps à coucher avec elle. Quand j’ai tout perdu, elle a été là. Elle m’a recueilli. En contrepartie, je supportais ses principes à la con parce que c’était les mêmes qui l’avait poussée à me tendre la main alors que je me noyais. Léa et moi, c’était le couple improbable. D’ailleurs, un ami, a bien défini l’histoire : je lui apportais une fantaisie, une humanité ; elle m’apportait de la stabilité, un cadre. Mais, pour moi, nous n’avons jamais été ensemble. Nous n’étions pas vraiment un couple. Et sa réaction ultra-violente, face à une des saloperies dont j’ai le secret, m’a désarçonné. Vraiment. Je suis tombé. Elle m’aimait à ce point là ? Je ne m’étais rendu compte de rien. Pour moi, c’était une liaison parmi tant d’autres. Attention. Ce n’est pas parce que j’avais des aventures que je n’étais pas sentimental. Je les ai toutes aimées à ma façon, mais, dans le cas de Léa, ce fut une sacrée surprise. Elle m’a terrorisé. Sa froideur. En contradiction avec la colère bourrée de haine qu’elle m’affligeait. Brrr. Elle fait partie de ces femmes qui vieillissent mal. Et une femme qui s’aigrit, qui assomme son entourage de ses principes, il n’y a rien de mieux pour me faire fuir et c’est sans retour.

 

C’est la seule, d’ailleurs, avec Abigaël que je croiserai sans plaisir. Que j’évite soigneusement. Toutes les autres, je peux dîner avec elles. Mais elles, non, vraiment, sans moi. Je suis l’homme qui aimait les femmes sauf elles. « Toutes sauf elles » comme dirait Vérole. J’ai toujours eu des maîtresses. J’ai des besoins. Je suis un homme marié, divorcé, remarié mais qui arrive comme dans « Je vous aime », film de Claude Berry que j’adore, à faire en sorte que tout ce petit monde se côtoie. Et en définitive je reste marié avec chacune d’entre elles. Mes officielles sont toujours là, pour certaines, depuis 15 ans, 20 ans, 30 ans. Inès, Valentine, Audrey, Najat, Vanessa, Adri. Celles-ci me regardent faire, amusées. Tendrement. Car je suis incorrigible. Je me prends souvent de passion pour des femmes qui traversent ma vie comme des météorites. Je m’amourache. Je me lasse. Je les rends hystériques. Oui, c’est en partie ma faute, je le sais bien. Je n’analyse pas très bien comment je m’y prends mais je rends les femmes, du moins, pour une partie d’entre elles, complètement cinglées. Ou je les choisis pour ce potentiel. Si j’arrive à les mettre dans un état pareil, c’est qu’elles m’aiment. Je ne supporte pas la possessivité, et pourtant, je les choisis toujours ainsi. Fouteur de merde ? Hum…il y a peut-être de ça. Ce qui est sûr, c’est que je sers de révélateur. Et qu’une fois que le « développement » a eu lieu, je me casse en courant. Pourquoi je me conduis de cette manière ? Mais, j’en sais rien ! Je suis volage ! C’est tout. Les femmes sont tellement fascinantes, au nom de quoi, me priver de cette ribambelle d’émotions ?

 

Évidemment, c’est de moi dont je parle. Je suis une femme à femmes. C’est ainsi. Je sais pertinemment qui, de mes liaisons actuelles, restera dans ma vie. Ne comptez pas sur moi pour en parler. Vous ne me croirez pas, et vous avez bien raison. Là, je suis comme un mec qui se soulage, en avouant à sa femme, sous prétexte d’honnêteté, qu’il l’a copieusement trompé. Et qui espère, en plus, être pardonné. Quelle blague ! Non, ne comptez pas sur moi pour que nous ayons une discussion à ce sujet. Je suis comme un homme infidèle qui explique les règles du jeu face à des femmes qui pensent, en leur for intérieur « Je vais réussir à le changer ». Peine perdue, je suis un cas désespéré. Ne vous faites aucune illusion. Cela dit, je finis par me poser une question. Et si c’était moi, le cocu de service ?

 

Et si c’était moi, le pauvre diable ?

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