« Joan Crawford sous acides » is back
John Parish & PJ Harvey sont de retour pour une bien belle balade « A woman a man walked by ».
C’est compliqué d’écrire sur PJ Harvey. Parce qu’il n’y a pas que la musique, il y a aussi le personnage. Envahissant et dérangeant.
Je ne l’avais pas suivi dans son dernier délire. Le précédent album m’avait fait royalement chier. Je la préfère bien vivante, rock’n roll. Là, il s’agit d’un retour aux sources. Retrouver la texture des premières collaborations avec John Parish, loin de « White chalk »
Dès le premier morceau, retour au rock. Dès le second, blues is back. Et dès le troisième, une ritournelle douce et irritante. Je l’aime cet album. Avec un penchant très net pour « The soldier » où, accompagnée d’un banjo (ou guitare ??), quelques touches de piano cristallines, PJ entame sa supplique qui vous frappe en plein coeur « Send me home restless. Send me home damaged… ». Bouleversant.
Je crois que la meilleure façon d’en parler, c’est d’assimiler le visage, le corps à la musique. C’est un album qui ressemble physiquement à PJ. Elle est toute fine, l’impression de pouvoir la briser facilement. Fragile. Et pourtant, son visage dégage une force de caractère peu commune, presque de la laideur, défiant le monde. Féroce et agressive. Digne et droite. Inflexible. Ce mélange explosif rejoint cette ballade à deux. John Parish, excellent guitariste, fidèle parmi les fidèles, l’accompagne au vrai sens du terme.
En dehors de l’influence massive du blues, à mon sens sur cet album, c’est la voix de PJ Harvey qui est l’instrument essentiel. Aigue et insupportable. Rauque et bouleversante. Ou le contraire. Une gifle. Une berceuse. Jeune. Infiniment vieille. Elle ne vous lâche pas. Vous attrape, vous prend par la main, vous tord le coeur, vous empêche parfois de respirer, vous agresse. On a tout autant envie de lui dire de fermer sa gueule (« Pig will not ») que de la supplier de continuer à chanter (« Cracks in the Canvas »)…
« I’m looking for an answer ». PJ et sa course folle pour une réponse qu’elle n’aura probablement jamais. Pour un temps, elle marche tranquillement, John Parish à ses côtés.
PJ HARVEY
« A WOMAN A MAN WALKED BY »
SORTIE LE 30 MARS 2009
A Woman A Man Walked By est le deuxième album coécrit et co-interprété
Par Polly Jean Harvey et John Parish
Il a d’abord été enregistré aux domiciles de Parish et Harvey – et plus tard en studio à Bristol, où trois autres musiciens ont apporté leur contribution.
« Il est peu probable que vous trouviez cette année un autre album aussi débordant de brio créatif et d’invention musicale. »
Universal Music
Ps : « Joan Crawford sous acides » n’est pas de moi, mais je suis incapable de retrouver le nom du magazine qui avait trouvé cette expression…adéquate.