Meet Pacovolume
Des carrés, des ronds, de la musique, des icônes, de la fantaisie, de l’ordre, et du désordre, de la sensibilité, des vestes militaires, des mecs perturbés, et des filles qui vieillissent : le théorème de PacoVolume.
Je continue les interviews subjectives avec lui. La rencontre se fait dans « the new place to be », l’hôtel particulier, rue Junot dans le 18ème. Un bel hôtel niché dans un havre de verdure.
C’est sa première journée de promo. Ses rires sont clairs, ses sourires gênés ou ironiques, ses propos francs et sincères. Il est installé dans le jardin, détendu & souriant. Il fait l’effet d’être idem à la vie comme à la scène. Je le rejoins avec ma petite idée toute faite. Il me regarde et la démonte tranquillement. Un échange riche, naturel et drôle. Et le malentendu va se dissiper à la première minute. Je parle de concept global : nom d’artiste, biographie délirante sur son myspace, pochette d’album, clip, quelque chose de très sophistiqué. Carré. PacoVolume, lui, me dit qu’il est arrivé avec sa musique. Juste sa musique. Son nom, c’est juste deux mots jetés sur un myspace crée deux ans auparavant. Un surnom et un mot sur lequel ses yeux se sont posés. Pas plus. Pas moins. Ce qu’il voulait, c’était partager ce qu’il composait avant tout. Au final, j’ai envie de lui dire, maintenant que je l’ai rencontré, que le terme « Volume » va bien avec son sens de la géométrie. Et Paco pour sa fantaisie toute latine.
Oui, c’est un fantaisiste qui court après le rationnel. Une certaine organisation. Tout le long de la conversation, il tiendra à répondre précisément à toutes mes questions, mais partira quand même dans des digressions. Et me regardera, vaguement taquin en me disant « C’était quoi la question, déjà ? »… C’est un rond aspirant au carré. Il n’aime pas ça, d’ailleurs, dans notre société, cette manie du rond : les voitures, les objets, les gens aussi. Lui qui n’aime que les angles à vif. Les contrastes. Cela se retrouve dans sa musique : grand sens de la mélodie, joli cercle de notes, et des arrangements exacerbés, pointus.
Il fonctionne seul normalement. Il compose, et joue quasi de tous les instruments. Il précise « Pas comme Bach, hein ?! », soucieux de dissiper un malentendu qui pourrait s’installer. N’empêche. Il aime les choses qui traversent leur époque. Son album, il aimerait bien qu’il tende du côté des grands crus classés. Comme un bon vin qui vieillirait bien. Après tout, PacoVolume était dans une autre vie 5e meilleur dégustateur de vin en France. Ouais. Rien que ça. Entre deux tours de musique. Si l’EP qui m’amène à le rencontrer est composé de cinq chansons, seules deux survivront dans l’album. Les trois autres aux arrangements plus électro, ont posé la problématique du temps. « Des chutes de luxe » dit-il. Le son « électro » se date facilement. Un peu comme le beaujolais. Et ses envies avaient changé. Il désirait un album de garde. Il s’est tourné vers un style beaucoup plus pop rock du coup. S’est trouvé une caution en la personne de François Chevallier (Arcade Fire, Coldplay, Emilie Simon ), lui qui s’est retrouvé seul face à la machine du monde du disque. Question d’équilibrer les forces. Et Romain Chassaing pour le visuel.
Mais peu importe les fanfreluches, les décorums, les arrangements, points de vue ou images du monde subjectifs. Démonstration mathématique faite avec « Manhattan Baby », que j’ai pu entendre dans deux versions. Les deux sont géniales. Et c’est ma préférée. C’est peut-être bien là, toute sa force. Créer des mélodies qui tiennent la route au-delà des arrangements. L’autre talent, c’est sa voix. Sèche. Rêche. Percussive. Comme un instrument supplémentaire. Il bat les mots, les maltraite. Des paroles qui ne parlent jamais de lui. Il dessine un parallélogramme, avec à l’intérieur une icône, une personnalité et éventuellement un lieu. Et dans cet espace géométrique, il laisse libre cours à son imagination, sa fantaisie. Comme quand il attrapait une pochette d’album de Nick Cave et se racontait son histoire, à défaut d’avoir accès à des informations. C’est Ardisson dans « Cookie machine ». La série « Las Vegas » dans « Watching Las Vegas ». Judas qui demande à Jésus de lâcher un peu la pression dans la chanson éponyme. Et Donald Trump dans « Manhattan baby ».
« Manhattan baby » qui est le titre de son album. Depuis longtemps. Avant même d’être vraiment dans la musique. Parce que c’est un titre qui claque. Il aime ça. Il assume. Toujours narquois. La simplicité d’une certaine arrogance. L’ironie chevillée au corps. Toujours espiègle.
En attendant la sortie en septembre, il répète avec ses acolytes de scène : Fred Scamps, Antoine Boissetelle, Clément Fonio (Et je suis sûre que j’ai massacré leurs noms, pardon, pardon). Des répétitions qui génèrent un plaisir disparu à force d’avoir entendu ses chansons. Des morceaux qui parlent de mecs perturbés et de filles qui vieillissent dit-il. Un album qu’il est impatient de faire découvrir, frustré par des timings qu’il ne maîtrise pas mais qui sont indispensables. Ses vertigos, ses fantaisies le poussent vers l’impatience et son sens aigu de la précision l’apaise. Imagination VS science. Un rond qui aimerait être un carré toujours. Et pourtant, il me dit que ce sont les erreurs qui définissent peut-être le mieux un être humain. Allez vous y retrouver dans toutes ces figures : triangle, rond, rectangle, notes de musique. Car il n’y a que ça qui l’intéresse en fin de compte. La musique.
Tout corps plongé dans la musique, entièrement submergée par celle-ci ou traversant sa surface libre, subit une force verticale, dirigée de bas en haut et opposée au poids des contraintes de ce monde ; cette force est appelée « poussée de PacoVolume »
C’est le théorème de PacoVolume…
PACOVOLUME « COOKIEMACHINE » EP
Disponible en digifile limité à 300 exemplaires à partir du 2 juin et en digital
http://www.myspace.com/pacovolume