Edie Sedgwick
J’ai toujours eu un faible pour les héroïnes trash. Par exemple, Je ne me suis jamais remise de la prestation époustouflante de Courtney Love, incarnant Althea Flint dans « Larry Flint ». Et à mon panthéon personnel de femmes peu recommandables, il y a Edie…J ‘ai rencontré Edie Sedgwick au détour d’un « magazine », quand j’avais 19 ans, ou plus. Un magazine publié par la fondation Cartier lors de l’exposition consacrée à Andy Warhol. Elle est devenue, aussitôt une de mes héroïnes…
J’aime cette fille. Ca devait être vraisemblablement une vraie pétasse par moments, enfant gâtée. Mais gâtée au deux sens du terme. « Abîmée, altérée, avancée, avariée, barbouillée, bichonnée, brouillée, cajolée, cariée, chouchoutée, choyée, comblée couvée, décomposée, défigurée, déformée, délabrée, dénaturée, déparée, déshonorée, détériorée, dorlotée, faussée, gâchée, moisie, pourrie, putréfiée, putride, sabotée, viciée. « .
Elle me fait toujours un peu mal au coeur quand je la croise de temps à autre en photo. Je la soupçonne d’avoir été brillamment intelligente. Peut-être trop pour le destin qu’on lui réservait. Intelligente et fragile, c’est toujours un cocktail détonnant.
C’était une princesse. Une vraie princesse rock’n roll. Brûlée par tous les bouts, par elle-même, par son père, par Andy Warhol. J’ai toujours considéré celui-ci comme un salopard de première classe. Et le culte que l’on lui voue me gêne toujours. C’était un beau pervers manipulateur et s’il a autant décliné les choses du quotidien ou les stars de notre société, c’est bel et bien parce qu’il se détestait plus que tout au monde. Il multiplie, il vulgarise, il range des humains au stade d’objets de consommation. Et non seulement, il l’a fait dans son « art » mais l’a véritablement pratiqué sur des êtres vivants. Parce qu’il ne se supportait pas, il détruisait les gens autour de lui. Je serais curieuse de compter le nombre de morts… Edie ne fit pas exception. Il l’ a brisée. Quand il apprend par téléphone qu’elle est morte à 28 ans d’une overdose de barbituriques, il ne sourcilla pas. Il s’en foutait, il avait pompé tout ce dont il avait besoin. Ce type était un vampire de la pire espèce et son oeuvre n’est que l’étalage de ses crimes.
Edie avait un lourd passif quand elle a rencontré Warhol. Il fut son mauvais génie. Ou du moins, peut-être qu’il incarna, de chair et de sang, le côté sombre d’Edie. De la lumière, pourtant, elle en avait. Elle s’est dissipée dans les nuits enfumées et glauques de la factory.
Voyez cette image d’elle. Elle est multiple et pourtant comme absente…
Ces jours-ci ressort une biographie à son propos. Et les inrocks notent que s’il existe plein de témoignages à propos d’elle, elle est toujours comme un fantôme qui flotte au milieu des mots qui s’alignent les uns derrière les autres. Encore absente…
Reste la musique. C’est peut-être dans ce domaine qu’elle est encore la plus vivante. Quelques chansons ont été écrites en pensant à elle, ou dédiées à elle. Lloyd Cole and the Commotions dédie la chanson « Grace » à Edie Sedgwick sur l’album « Easy Pieces » en 1985. L’album « Sonic Temple » du groupe de rock britannique The Cult comprend la chanson « Edie Ciao Baby »en 1989. Elisabeth Anaïs écrit « Edie S. » pour le premier album de Veronica Antico (« Les portes du ciel ») en 2002. Et surtout… »Just like a woman » de Bob Dylan en souvenir d’une aventure amoureuse qui la laissera à terre, quand Andy Warhol apprendra à Edie de manière assez perfide, au moment où celle-ci s’apprête à rejoindre Bob Dylan, que celui-ci, en fait, s’est marié quelques mois auparavant.
Andy Warhol commandera une chanson à Lou Reed au sujet d’Edie, et le Velvet Undergound chantera « Femme fatale ». Et Patti Smith , fascinée jeune par les membres de la Factory, en prenant garde soigneusement de ne pas s’y mêler, chantera la toxicomanie de Edie dans « Poppies ».
Sublime biographie. Rigoureuse aussi. Des témoignages, pas de fioritures. A lire absolument.
» Dans le genre difficile de la littérature de témoignages, Edie constitue une brillante exception. C’est non seulement la meilleure biographie de ce type qu’il m’ait été donné de lire, mais encore l’un des rares livres consacrés aux années soixante qui sache en rendre la fièvre et les passions, des plus généreuses aux plus délirantes, des hallucinations flamboyantes aux petits matins délavés. A travers Edie, nous revient un pressentiment, auquel nul ne coupa dans les années soixante, pressentiment de l’imminence de l’Apocalypse qui allait pourtant s’évanouir sitôt entrevue. Mais quelle époque tout de même ! Ce livre ressuscite tous ces instants autour de la figure mythique d’Edie Sedgwick qui fut la reine incontestée de cette génération.
C’est un livre remarquable qui lui aura été consacré là, fidèle écho de cette époque tout juste révolue, mais dont le sens nous échappe déjà, et dont nous ne garderions peut-être qu’un souvenir déformé, sans document de ce genre. Edie jette une lumière incomparable sur une histoire qui serait tragique si elle n’avait pas été trouble avant tout. Ce n’est pas une mince réussite. La lumière est chose précieuse, surtout lorsqu’elle jaillit du creuset de cette drôle de guerre qui restera dans nos mémoires sous le nom d’années soixante. » (Norman Mailer, 1987)«
Edie , une biographie américaine Sylvie Durastanti, Jean Stein, George Plimpton
Son histoire :
Biographie : source wikipedia
Edie Sedgwick est née à Santa Barbara en Californie d’un père propriétaire d’un ranch et sculpteur qui souffrait d’épisodes aigus de psychose maniaco-dépressive et dont le médecin lui avait conseillé de ne pas avoir d’enfant. Avec Alice Delano De Forest, ils en eurent finalement 8. Edie possède une illustre généalogie avec des ancêtres remontant à la révolution : son arrière-arrière-arrière grand-père était le porte-parole de la chambre des représentants du temps de George Washington. Juge à la cours suprême, il a plaidé et gagné le premier procès en faveur de la libération d’une femme noire.
Après avoir déménagé dans un ranch immense : le ranch La Laguna (2500 hectares), la famille devient dans les années 50 immensément riche en découvrant du pétrole sur son terrain. Ainsi la famille fait construire sa propre école sur sa propriété coupant ainsi ses enfants du monde réel.
Son frère Minty devient alcoolique à l’âge de 15 ans. Après avoir été interné dans un hôpital psychiatrique dans les années 60, il se pend la veille de ses 26 ans. Son autre frère Bobby souffre lui aussi de troubles psychiatriques. Edie quant à elle souffre d’anorexie et voit régulièrement un psychiatre dès le début des années 60. Elle déménage en 1964 à New York et rencontre Andy Warhol en janvier 1965.
Elle fréquente rapidement la Factory régulièrement et Andy la filme dans Vinyl et Horse. Très rapidement Andy s’entiche de Edie et il souhaite en faire la reine de la Factory : il fait écrire pour elle Kitchen puis Beauty N°2 dans lequel on compare alors sa performance à Marilyn Monroe. A cette période, Edie devient une muse pour Andy. Leur style de vie excentrique, leurs sorties nocturnes qui tournent en happening font les choux gras de la presse de l’époque. Sa liberté, sa beauté, son look font d’Edie un symbole de la culture jeune. Durant un an c’est la symbiose totale entre Andy et Edie : ils s’habillent souvent pareil, se coiffent à l’identique. Edie se fait teindre en gris-blond platine et se fait appelée Miss Warhol. Comme la majorité de ceux qui fréquentent la Factory, Edie devient rapidement accroc à l’héroïne et au speed en sortant avec le plus célèbre dealer d’amphétamines de New York. Edie à la beauté troublante et extrêmement moderne fait une brève carrière de mannequin dans Vogue et Life entre 1965 et 1966, mais n’a jamais pu réellement faire partie de l’industrie de la mode car trop stigmatisée par sa consommation de drogues qui effraie le milieu. Après s’être violemment disputée avec Andy qui va jusqu’à remplacer les scènes du film qu’il vient de tourner « The Chelsea Girls » et dans lesquelles Edie apparaît, par des images de Nico (autre icône de la Factory). Elle s’installe alors à l’hotel Chelsea où elle fréquente Bob Dylan. En 1966, après avoir été victime d’un accident de la route, alors qu’elle est enceinte (de B.D. prétend-elle), les médecins la force à avorter craignant pour l’enfant à cause de son anorexie et ses addictions aux drogues. Edie devient dépendante des barbituriques et de l’alcool et tente de décrocher de l’héroïne en prenant toujours plus d’amphétamines.
Après de nombreux passages dans des hôpitaux pour différentes overdoses et des internements en hôpitaux psychiatriques où elle subit des électrochocs (jusqu’à 20 en 6 mois), son frère Jonathan la décrit : « She couldn’t walk. She’d just fall over… like she had no motor control left at all. The doctor did a dye test of some sort and it showed the blood wasn’t reaching certain parts of the brain… She couldn’t talk ».
La nuit du 15 novembre 1971, avant de se coucher son petit ami lui administre son traitement aux barbituriques habituel. Lorsqu’il se réveille à 7 h 30, Edie est morte d’une overdose. Elle avait 28 ans.
avez vous vu « ciao!Manhattan » ? sinon il faut le voir 😉 moi aussi edie m’a marqué , de meme que cette époque « macabro romanticpop' » des années 60’…tout ça pour ce fameux quart d’heure de gloire …merci Andy ,lol.