De la patience
Ca fait 10 mois que j’ai 39 ans et je perds patience. Pourtant, il va bien falloir négocier avec ça, et si je suis lucide, eh bien il est temps de faire une seconde lecture de cette période poussive.
Donc, comme je ne crois pas au hasard, parce que je ne crois pas à l’aléatoire, au mode shuffle, je m’asseois sur un banc quelques instants et je réfléchis.
Je me suis débrouillée, inconsciemment, certes, pour apprendre de force la patience, qualité qui ne fait absolument pas partie de ma personnalité. Avoir 39 ans est désagréable, j’aimerais autant en avoir 40 de suite. Ce n’est pas possible, j’essaye de prendre de l’avance, je dis que je les ai, mais c’est faux, je suis entre deux eaux.
J’ai l’habitude de briser, d’appuyer sur le bouton « delete », de partir tous les sept ans, là, c’est impossible. Je suis coincée. D’ailleurs, aujourd’hui, j’ai un torticolis, je ne peux tourner la tête à droite et là, je souris encore, il n’y a décidément pas de hasard.
J’ai quitté Voldemag, parce que saturée de « pouvoir », marre de gérer, marre d’être en charge, des envies de liberté. Et comme je ne sais pas faire simple, au lieu de créer mon blog perso, je me lance dans un truc fantaisiste où je dépend du « désir » des autres. Résultat ? C’est gagné, je suis « à la merci » des gens. J’attends des réponses à des mails qui mettent des jours à venir. Je m’énerve dans mon coin mais je ne dis mot car cette situation, je l’ai voulue et à froid, je suis convaincue que je dois en passer par là.
Pourquoi ?
Je suis une freak control. Une vraie de vraie. Mais je ne suis pas sure que ça soit si constructif que ça, je dois apprendre à lâcher prise. Et cette année, c’est ce phénomène qui se joue. Je ne maîtrise pas le temps, j’attends d’avoir quarante ans. J’ai voulu devenir blogueuse « freelance », j’attends qu’on veuille bien de moi. J’ai un premier projet pour être payée pour écrire, c’est laborieux, ça se fera, mais le processus est long, alors j’attends. Du point de vue professionnel, pas mieux, j’attends. Et côté sentiment, même combat, j’apprends à ne rien fracasser mais à transformer.J’attends.
C’est violent pour moi. Je suis en pleine mutation, et les vieux réflexes ont la dent dure. J’apprends aussi à fermer ma gueule. Je suis un être entier et certains comportements me heurtent alors que les 3/4 des gens s’en foutent. Etre plus détachée, tout n’a pas d’enjeu, il faut que je cesse de mettre tout sur le même niveau, c’est usant et un peu idiot.
In fine, J’apprends à être moi autrement. Et c’est foutrement compliqué…
Tu connais le sujet mieux que nous et tu sais combien il n’y a pas de solutions… Essayer sans cesse de limiter « l’attente » tout en jonglant avec la pression, son bien heureux antonyme…
« Je suis un être entier et certains comportements me heurtent alors que les 3/4 des gens s’en foutent » –> Disons que certains intériorisent mieux, mais ce n’est pas forcément une qualité.
A ta dispo pour attendre ensemble 🙂
‘tain que c’est long les attentes. Les évènements font que tu lâches prise, de temps en temps, pour se protéger. J’aime les gens qui sont encore touchés, émus, c’est tellement épuisant d’être sous contrôle pour ressembler aux autres. Tu ne changeras pas. On aime se dire que 40 berges, c’est un premier bilan, une étape intermédiaire, une sorte de moitié de passée. T’as raison, 39, ça ne sert à rien. On peut se dire qu’à 38, ce n’est pas encore 40. Mais 39, c’est trop près ou pas assez 40.
J’aimerai plus te ressembler sur bien des aspects, sur un courage certain, sur ces qualités qui me font croire en tes projets. ça me rendrait heureux, tout simplement. Si pour quoi que ce soit… un petit mèl.
Et puis, en t’observant, je pense que ça fait plus de cinq mois que j’aie 39 ans.
@ben la désinvolture me rend dingue. Mais j’apprends à négocier avec
@Sapiens, toi aussi de 71 ? Belle année :p
Je ne sais pas à quoi tu fais référence en parlant de certaines de mes qualités. Tout ce que je sais, c’est qu’être moi m’épuise lol
Surtout, je crois, et ce n’est pas une qualité loin de là, c’est que je suis libre, enfin j’aime plus que tout l’être, mais le prix à payer est forcément une certaine forme de solitude, s’accentuant implacablement avec les années.
« Tu ne changeras pas ». Je crains que tu n’aies raison… Est ce une bonne nouvelle ? Oui. Mon égo est hyper flatté quand des gens retrouvés sur facebook qui m’ont connue enfant, me disent, « c’est dingue, t’as pas changé! »
Les mêmes révoltes. La même énergie. La même sensibilité. Simplement, je canalise plus.
Tu es semblable. Ce sont les mêmes choses qui te font vibrer maintenant que lorsque tu étais enfant. Ca se sent dans tes textes.
Je pars du principe qu’on ne change pas forcément le naturel qui nous a construit très tôt. On évolue un peu par rapport aux autres (de temps en temps un peu moins impulsifs par exemple, mais je m’aperçois en fait qu’il s’agit d’une retenue, ce n’est pas naturel). Le fait de « ne pas changer », ce n’est pas être statique, c’est peut-être être fort dans ses convictions. Même si parfois, on aimerait ressembler à d’autres. Encore que.
Comme disait l’autre, le plus dur est de s’accepter, pas de tenter de ressembler à quelqu’un d’autre.
Ouaip, 71, c’est la plus belle.
« On évolue un peu par rapport aux autres (de temps en temps un peu moins impulsifs par exemple, mais je m’aperçois en fait qu’il s’agit d’une retenue, ce n’est pas naturel)
Exactement, ça devient une discipline qui parfois sous le coup d’une pulsion vole en éclats…