Chère NKM

1 mai 2012 12 Par Catnatt

Chère NKM,

 

J’ai bien lu votre article facebook en réponse au billet de Soymalau. Permettez-moi d’y réagir vu que c’est public et non pas une missive privée.

 

Aux bonnes âmes, aux hémiplégiques de l’indignation.


Très bon titre, entre nous. La petite référence aux handicapés est très percutante. J’aime beaucoup.

 

par Nathalie Kosciusko Morizet, mardi 1 mai 2012, 19:40 ·

Un petit mot rapide parce que je vois fleurir depuis hier soir des dizaines de commentaires concernant la plainte que j’ai déposée contre un individu qui m’a publiquement insultée.

 

Franchement… Vous vous attendiez à quoi ? Je vous prête une intelligence certaine, ne me dites pas qu’en portant plainte contre un « twittos », vous pensiez que personne n’allait réagir ? Ou êtes-vous naïve au point de croire qu’un personnage public, porte parole d’un parti politique assignant en justice un internaute allait être salué ? Je ne vous ferais pas cette injure. Donc, d’entrée de jeu, je crois vraiment que vous prenez les gens pour des idiots. (Ceci est une opinion, pas une injure. Je préfère préciser, vous m’avez l’air tendue en ce moment)

 

Des journalistes, des avocats, des twittos « influents » y vont de leur tweet de soutien à cet individu, parfois même d’admiration pour sa « sincérité ».

 

Le drame commence. Vous mélangez tout. On voit bien là la mécanique du shaker à amalgames. Secouez-moi, secouez-moi. Certes, vous avez été à bonne école récemment mais tout de même, j’attendais plus de subtilité de votre part. « Parfois même d’admiration pour sa « sincérité » » : cette sincérité s’applique sur le fait que Soymalau ne s’est pas défilé. Il a fait une connerie, ne pleurniche pas, n’a pas l’intention de se défausser. Il a piqué une colère et l’a manifestée. Il précise même que ce n’était pas très intelligent de sa part. Le mot « sincérité » ne s’applique pas au montage accompagné de sa légende mais à sa réaction face à la plainte. J’ose espérer que vous faites la nuance.

 

 

Je voudrais, à cette occasion, rappeler quelques faits à chacun.

• L’audience n’a pas encore eu lieu, et bien entendu, je ne retirerai pas ma plainte, d’autant que cette personne admet bien m’avoir publiquement injuriée. Il affuble d’ailleurs dans un récent billet qu’il a publié et qui provoque l’admiration des bonnes âmes, une poule des mêmes commentaires que ceux dont il m’a gratifiée. http://scriptogr.am/baptiste/post/jai-injurie-nkm-et-cope


Pourquoi j’ai l’impression que vous cherchez à vous convaincre vous-même ? Quelqu’un vous a –t-il demandé de retirer votre plainte ? Est-ce que Soymalau vous l’a demandé ? Je ne crois pas. Quant au plan de la poule, bon… Vous voulez qu’on appelle la SPA ?

 

• Le montage qu’il a effectué le soir du premier tour, et qui motive ma plainte, est à l’heure où j’écris toujours en ligne sur son twittpic.

 

Ca, je reconnais que ce n’est pas spécialement malin de sa part, il aurait pu les retirer.

 

Je ne suis pas de celles qui pensent que le combat politique peut tout justifier. Et certainement pas que les insultes, qui plus est diffusées et rediffusées à l’envi sur les réseaux sociaux, sont acceptables dans le débat politique.

 

Je ne crois pas que le montage de Soymalau fasse partie du débat politique, voyez-vous. C’est une colère qui certes ne justifie pas tout mais qui n’est en aucun cas part du débat politique. Quant au « Je ne suis pas de celles qui pensent que le combat politique peut tout justifier », le problème c’est que vous nous avez fait la démonstration du contraire récemment. Vous êtes l’auteur du livre « le Front antinational » et vous emboîtez le pas à votre candidat sur les thématiques de l’extrême-droite, excusez du peu. Alors si, ne vous en déplaise, vous êtes de ceux qui pensent que le combat politique justifie tout, en tout cas, c’est exactement comme ça que je vous envisage. (Ceci est une opinion, pas une injure. Je préfère préciser)

 

J’ai été jusqu’à récemment Ministre, je suis députée, Maire de Longjumeau, Porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Je sais donc très bien, et je l’accepte, que je suis exposée, et que la critique peut s’abattre sur moi, mes actions, mes décisions mes paroles. La critique oui. Les insultes non.

 

Dois-je rappeler le « Casse-toi pauvre con ! » de votre candidat ? On ne vous a pas trop entendue à l’époque sur le sujet, il me semble.

 

Je ne les accepte pas pour les autres. Je ne vois pas au nom de quoi je les accepterais quand elles me visent. D’autant que les injures ici proférées recèlent un caractère franchement misogyne, ce qui rajoute à l’intolérance et à la grossièreté de leur auteur un caractère franchement rétrograde.

 

Je comprends parfaitement que vous l’envisagiez ainsi. Ca me semble légitime. Ceci étant, pas loin de vous il y avait Jean-François Copé qui en a pris pour son grade. Je ne suis même pas sûre qu’il soit question de misogynie ici, en l’espèce. Entre nous, l’insulte était parfaitement suffisante sans invoquer le machisme.

 

Mais non, que dis-je, les hémiplégiques de l’indignation ne peuvent concevoir cela. Quand on n’est pas de leur bord, quand on ne tresse pas de lauriers à la Gauche à longueur de tweets, on mérite les bordées d’injures, et ceux qui les profèrent ont droit à des encouragements. Encore un effort, et on me dira que me traiter comme on m’a traitée, c’est faire souffler un vent de fraicheur sur Internet !

 

Et voilà, le retour du shaker à amalgames. Vous entraînez cette affaire qui vous concerne sur le terrain de la politique en général. Pourquoi mélanger la gauche à l’acte d’une personne ? C’est là où vous n’êtes pas très claire et je dirais même que je suis de ceux qui pensent que votre plainte devrait être décomptée du temps de parole de l’UMP. Parce que là, clairement à mes yeux, on est dans l’instrumentalisation d’un acte isolé.

 

Je reconnais bien là l’indignation sélective qui caractérise les donneurs de leçons qui nous rebattent les oreilles de leurs commentaires scandalisés sur la campagne depuis des semaines.

 

Bis repetita ? Dois-je rappeler les commentaires indignés de la droite sur François Hollande ? Je vous trouve sacrément gonflée pour le coup. Les donneurs de leçons, comme vous dites, s’inquiètent de la dérive nationaliste de votre parti. Je persiste et je signe, vous ne m’avez pas l’air très à l’aise à ce petit jeu-là. C’est sûr que le cul entre deux chaises, celle de vos convictions d’hier et celle de vos propos d’aujourd’hui, ça doit être sacrément inconfortable. Je comprends que ça soit fatiguant qu’on vous rebatte les oreilles de ce que vous étiez il n’y a pas si longtemps.

 

Il y a en a qui assument leur attitude détestable et puérile sur Internet, en tenant de se faire passer pour des victimes.

 

Je ne sais pas où vous avez vu jouer ça. Soymalau a été très clair sur ce point, il ne se considère pas comme une victime.

 

De mon côté, j’assume tout-à-fait de poursuivre en justice ceux qui m’insultent publiquement. Si cela peut se savoir, ce n’est pas plus mal. Ça pourra éviter d’autres dérapages. J’assume que ma famille, mes amis, moi-même, n’ayons pas à voir sur twitter ou ailleurs ma photo barrée d’une mention inqualifiable de bêtise et de grossièreté.

 

Tout cela est très légitime. Ca risque d’être sportif mais c’est légitime.

 

Quant à la peine proposée par mon avocat, j’ai bien noté qu’elle faisait sourire. Cela ne me gêne pas. Ramener un adulte censément responsable à la puérilité de son attitude, en proposant à la Cour de lui infliger une peine en rapport avec la bêtise des faits qu’il a commis, je l’assume également.

 

Pour que vous écriviez une réponse pareille, je crains que ces propos ne tiennent pas la route. Encore une fois, j’ai quand même l’impression que vous cherchez à vous convaincre. Précisément quand vous écrivez « Cela ne me gêne pas ». En général, ça veut dire précisément le contraire. C’est de la psychologie de supermarché mais j’ai suffisamment fréquenté d’êtres humains pour tiquer quand on dit « Cela ne me gêne pas » dans un contexte pareil. Il faut dire que votre image il y a peu était plutôt très flatteuse. Vous étiez une UMPIste fréquentable si j’ose dire. L’UMPiste cool. Bon, depuis quelques temps, c’est la débandade et je ne suis pas convaincue que vous soyez très à l’aise dans vos baskets droite populaire. Je compatis, ça doit pas être facile tous les jours.

 

Mais si les twittos et les medias en ligne qui s’en moquent préfèrent lancer une cotisation pour lui payer son amende, qui peut aller jusqu’à 12 000 euros, libre à eux. A défaut de se battre pour la liberté d’expression, ce qu’ils ne font certainement pas en justifiant les injures publiques, ils feront œuvre de charité.

 

Je crois que ce que vous n’avez pas compris, c’est que les twittos se sentent concernés parce que nous avons tous à un moment donné ou à un autre dérapé. On tweete tout haut ce que l’on braille devant sa télé. C’est de la solidarité de dérapage en somme. La précision « son amende, qui peut aller jusqu’à 12 000 euros » par contre respire la menace. Vous voulez quoi ? Qu’on aie peur de filer un coup de main à Soymalau ? Quant à faire œuvre de charité, il est vrai qu’on ne risque pas de compter sur vous en ce moment. Vous êtes prêts à tout pour gagner. A vous voir marcher sur les platebandes de l’extrême droite toute la sainte journée, on se rend parfaitement compte que « Aimez-vous les uns les autres » ne risque pas d’être votre crédo. Jésus repassera, j’imagine.

 

Stellaires amitiés comme dirait une de vos commentatrices.

 

Lien vers l’article de Soymalau

Lien vers l’article facebook de NKM