Alors ? Le brouillard c’est maintenant ?

28 août 2012 5 Par Catnatt

 

Mobile chip shop in the fog. The Netherlands, Roermond, about 1938.

 

 

Spoiler : ceci est un billet garanti sans révélations, il est 100% café du commerce. A bon entendeur…

 

Jusqu’à présent, j’avoue que j’appréciais le rythme calme qu’imposait le gouvernement : réflexions, concertations, discussions étaient les maîtres mots. On prenait le temps et c’était bon après cinq années de frénésie. Donc, je suivais, on se baladait en bavardant tranquillement. C’était cosy cosy. Mais on discutait tellement que je ne me suis même pas rendue compte qu’insidieusement le brouillard gagnait du terrain. Et hier, j’ai réalisé que je ne voyais plus rien.

 

Que dalle.

 

Ca a commencé avec les Roms. La première expulsion m’a mise mal à l’aise mais pour avoir regardé à droite à gauche et puis lu cet article d’Arrêt sur Images, je pouvais comprendre qu’au bout de deux ans de cohabitation forcée, avec des responsabilités partagées de part et d’autres, il n’y ait pas eu d’autres solutions que d’appliquer la loi. Et Manuel Valls avait été très clair :

 

« S’il doit y avoir démantèlement [de campement roms, NDLR] il y aura démantèlement, mais à chaque fois il doit y avoir la recherche de solutions pour l’insertion, par le logement et par le travail ». « Il faut du temps », a-t-il insisté. « L’objectif » de ne pas évacuer de camps sans solutions de relogement, engagement du candidat hollande, « sera progressivement mis en oeuvre, mais c’est difficile, et il faut le dire ».

 

Alors, okay, va pour une première expulsion parce que la situation durait depuis trop longtemps mais je me disais assez bêtement que la recherche de solutions serait dorénavant la priorité avant d’expulser des gens.

 

Eh bien, non. Que dalle.

 

Une semaine après, on repartait pour un tour, avec une nouvelle expulsion, symbolique celle-ci puisque ville de Valls, et sans avoir recherché de solutions. En tout cas, moi, j’en ai pas entendu parler et ces roms étant installés depuis quatre mois, ça ne me semblait pas méga urgent de faire dans la brutalité. Et si c’était dangereux à ce point-là, j’ai envie de demander pourquoi la situation a duré quatre mois… Bref, Valls, c’est un peu, sur ce coup-là, « Faites ce que j’dis, pas ce que j’fais ».

 

Je commençais à de moins en moins comprendre à quoi on jouait exactement, entre idéaux de gauche et pragmatisme pratique.

 

Autre sujet, le nucléaire. Moi, j’avais compris pendant la campagne que François Hollande était prudent sur le nucléaire, qu’il réalisait que la France était très dépendante énergétiquement de ce truc mais qu’il envisageait une période de transition sur quelques dizaines d’années pour, au fur et à mesure, diminuer considérablement la part de cette énergie. Enfin, c’est ce que j’ai compris et je crois pas avoir été la seule. Une solution raisonnable, quoi.

 

Hé bien non. Que dalle.

 

Montebourg et Valls nous ont parlé de « Nucléaire, filière d’avenir ». Moi, quand on me parle d’avenir, j’ai tendance, bêtement j’avoue, à penser que ça va durer en fait. Pas diminuer.  Et en plus, il n’y aurait eu que Montebourg, bon, je me serais dit : « le mec, il a pété un boulon, il a pas digéré le gratin d’Audrey donc il a voulu la faire chier », voyez. Mais non. Ils sont deux, dont le ministre de l’intérieur.

 

Lapin compris. Alors, c’est quoi le délire ? Le nucléaire, c’est du passé ou de l’avenir ?

 

Par dessus le marché, nous avons le fameux TSCG qu’il faut adopter. Je rappelle à la foule en délire qu’il y a quelques mois, la présence de ce TSCG avait poussé les socialistes à s’abstenir sur le MES, car les socialistes n’en voulaient pas de ce TSCG, hein, en tout cas pas en l’état. Nous avions même eu droit à cette phrase priceless de Ayrault :

 » Notre abstention est dynamique, offensive. Le vote non aurait donné l’impression de ne rien décider ».

Parfois, quand je déprime, je relis cette phrase tellement elle me fait rire. Je ne sais pas si on s’est rendu compte réellement du potentiel de cette phrase. Mais bref, François Hollande a renégocié. Enfin, pas tout à fait :  on peut lire dans le Monde, journal pas spécialement anti-Hollande :

 

« Il n’y aura pourtant pas de renégociation du traité, un objectif que le candidat Hollande, pendant toute la campagne présidentielle, avait martelé, au point d’ériger cette question en l’un des points de clivage majeur avec Nicolas Sarkozy. M. Hollande, au terme d’une nuit de tractations et de pressions, n’a néanmoins pas manqué de se targuer d’avoir joué un rôle moteur dans l’adoption du « pacte de croissance, qui à mes yeux devait compléter le pacte budgétaire », a-t-il précisé. « J’avais annoncé que je voulais renégocier ce qui avait été décidé, au sens d’y mettre ce qui ne s’y trouvait pas, croissance et mesures de stabilité. Je considère que ce sommet a permis d’aboutir à cette renégociation. » De l’art de présenter les choses… »

 

Il règne une cacaphonie invraisemblable au gouvernement et dans la majorité à ce sujet. Votera ? Votera pas ? Mais ça ne peut pas être autrement vu le bordel de départ. Si j’étais joueuse, je dirais à tout le monde : « Ben abstenez-vous de manière offensive et dynamique hein… » Mais m’est avis que ça n’arrangerait pas les affaires de celui pour qui j’ai voté au second tour.

 

Bref, tout ça pour dire quoi ? Qu’on est dans le brouillard total. Je ne comprends plus rien à ce que fait le gouvernement. D’un côté, tu as les discours super polissés mais des actes assez violents quand on y pense. De l’autre, tu as le discours d’un Président et puis des ministres qui partent en cacahuètes tout seuls comme des grands. Et pour finir, tu as les grandes déclarations d’intentions et puis la réalité, négociation à la petite semaine.

 

Ce qui me dérange le plus, c’est pas tant que finalement, les socialistes disent finalement que « le nucléaire, c’est bat ! » ou « moi, ma passion, c’est de réexpédier des roms dans leur pays » ou « la règle d’or, j’adore ! ». Pourquoi pas. Après tout, ce sont globalement tous des sociaux-démocrates (bouh, le vilain mot, caca !). Ce qui me dérange de plus en plus, c’est cette manie d’avoir le cul entre deux chaises et de ne pas assumer. Dites-le bordel ! Après on peut être d’accord ou pas, c’est pas le problème. Mais simplement avoir une politique et des propos cohérents. Concernant le TSCG, je trouve assez gonflé de la part de Cécile Duflot ou de Benoît Hamon de faire la fine bouche : après tout, François Hollande a été clair, il voulait renégocier mais voter in fine. C’est pas un scoop non plus que je sache. Donc si tu n’es pas d’accord sur un sujet aussi important que le pacte européen, j’ai envie de dire, démissionne. Il s’agit pas de fermer sa gueule ou pas, il s’agit de rester cohérent et que l’attitude du gouvernement soit claire pour les Français, si c’est pas trop demander à ces messieurs-dames.

 

Vous savez les Français… les gens qui ont voté en mai 2012…

 

Parce que pour l’instant, on est quand même dans la purée de pois. On est comme qui dirait dans le smog, la brouillasse ! Et moi, le brouillard… ça a tendance à me taper sur les nerfs au bout d’un moment, ça me déprime, ça me colle « des nuits blanches… des migraines… des nervous break down »  comme dirait l’autre…