Juste quelqu’un de bien…

22 juin 2013 3 Par Catnatt

 

Boy Scouts - Gettysburg

 

Note de blog rapide

 

Mon fils a fait une connerie. Une grosse connerie. Chacun a sa propre hiérarchie à ce sujet et certains pourraient me dire que ce n’est pas bien grave mais à mes yeux, ça l’est. Peu importe l’objet de la bêtise, le truc c’est que tôt ou tard, nos enfants adorés, la chair de notre chair, l’objet de notre capacité d’amour absolu, faillent. La chute de l’innocence. Je crois que faire des enfants, c’est non seulement les mettre au monde (pas à soi…) mais aussi recréer un espace d’innocence. On l’espère éternel, il n’est que provisoire. On ne les soupçonne de rien jusqu’au jour où…

 

Certains se voilent la face, d’autres placent les enchères trop haut soudainement, la plupart d’entre nous négocient mais c’est toujours un choc. Oh c’est pas la première connerie de Baptiste mais nous avons atteint un certain niveau cette fois-ci. Jamais, je n’aurais imaginé qu’il soit capable de faire une chose pareille, je suis tombée de haut.

 

Je me rappelle très bien de la période CM2-6ème de Charlotte où je ne reconnaissais plus ma fille. Elle s’affranchissait et transgresser des règles était un moyen comme un autre. Ca était difficile mais nous avons énormément discuté et réussi à surmonter cette étape incontournable.

 

Ce matin, je me suis retrouvée à avoir une sacrée discussion avec mon fils et je lui ai dit ces mots terribles : « Tu sais, je t’aimerai toujours. Quoi qu’il arrive, c’est inconditionnel. Mais aimer quelqu’un ne veut pas dire automatiquement que cette personne est quelqu’un de bien. »

 

Il a accusé le coup.

 

C’est dur.

 

On s’est tous retrouvé un jour ou l’autre à aimer passionnément un être humain qui n’était pas quelqu’un de bien. L’amour n’est pas une rédemption. Cela peut être un début mais ça ne suffit pas. On a excusé, trouvé des justifications plus ou moins viables, fermé les yeux, pleuré en espérant un réveil, crié, exigé, supplié mais pour beaucoup on a fini par baisser les bras tout en gardant une tendresse. On a aimé de loin.

 

Être aimé ne signifie pas automatiquement être digne d’être aimé.

 

J’ai regardé mon fils, l’être sur lequel j’ai projeté mes fantasmes de gentillesse absolue au même titre que j’ai projeté sur Charlotte mes fantasmes de solidité absolue. C’est fascinant à quel point on peut attribuer, je crois, une qualité comme un défi à nos enfants… Nos enfants qui s’avèrent bien différents de ce que l’on a prévu même si on les connaît bien. Il y a toujours une part manquante. Celle qu’on se prend en pleine gueule un jour. Celle qu’il faut intégrer de gré ou de force car cela les définit aussi bien que des années d’observation intensive. Et réaliser qu’ils ne seront pas ce que nous avons fantasmé. C’est assez sain quand on y pense : les conneries de nos enfants sont là, aussi, pour nous rendre compte de ce phénomène et apprendre à les aimer pour ce qu’ils sont vraiment.

 

J’ai expliqué mon seul principe à mon fils. Un principe qui englobe, je crois, un tas de notions mais qui résume assez bien l’histoire, l’histoire de quelqu’un de bien, du moins qui essaye de l’être : dans la vie, on a tous les droits mon fils, mais jamais, oh non jamais, celui d’être sadique. Faire du mal pour faire du mal. On le sait bien que l’enfer est pavé de bonnes intentions et qu’à contrario le paradis est pavé de mauvaises. Ce n’est pas exactement ce qu’a fait Baptiste, entendons-nous bien, mais je crois qu’il est important qu’il comprenne ça. On peut parfois agir par égoïsme. On peut blesser par amour. Pourtant, il faut toujours s’interroger sur ses motivations conscientes et inconscientes. Que se joue-t-il réellement ? A-t-on, quelque part, bien planqué, une volonté de faire souffrir ? Quelque chose de sadique ? Ou est-ce juste les circonstances, la personne, le lieu, une période etc qui nous poussent à prendre une décision qui, hélas, créait des dommages collatéraux et que nous en sommes sincèrement désolés ?

 

J’ai dit aussi à Baptiste que je me foutais qu’il réussisse, qu’il gagne des millions, mon petit capitaliste, qu’il soit célèbre ou reconnu, qu’il soit socialement une preuve éclatante de succès. Non, ça je m’en fous.

 

Ce que je souhaite pour toi, c’est que tu sois quelqu’un de bien. Juste quelqu’un de bien, mon fils.

 

Et de le prendre dans mes bras, sécher ses larmes, en lui chantant une vieille chanson française…