Syrie : entre café du commerce et désastre humanitaire
Ce matin, j’ai posté un lien vers un appel de 55 médecins qui expliquent que « l’infrastructure sanitaire du pays « a atteint le point de rupture ».
Je l’ai posté à 8h, il est 10h, 11 personnes ont cliqué (par ailleurs,j’ai compté une vingtaine de tweets « Urgence humanitaire #Syrie » et 10 tweets pour « 55 médecins #Syrie »). J’ai 5475 followers. Alors, je sais bien que tous autant que nous sommes, nous défendons certaines causes plus que d’autres et il nous arrive de rater des appels de ceux que nous suivons. J’entends. Mais j’avoue que ce matin, je suis un peu écoeurée. A quoi sert »l’influence » (toutes proportions gardées) si vous n’arrivez pas à mobiliser ne serait-ce que 10% de votre « audience » ? Mon ego va bien, merci, je ne vais pas raconter d’histoires, c’est très gratifiant mais j’ai fondamentalement besoin que ce cirque ait parfois du sens… Je suis pas en train de demander de l’aide pour un pote ou du pognon pour une cause. Je suis en train de parler de ce qui sera considéré comme une des plus grandes catastrophes humanitaires du XXIème siècle. Je n’arrive même pas à suivre François Hollande « la Syrie est la tragédie la plus grave du XXIème siècle », je ne sous estime pas la créativité du genre humain mais l’une des plus importantes, c’est certain.
Ce qui me dérange ce matin, c’est le côté café du commerce des conversations sur la Syrie : certains trouvent même le moyen de savoir s’il faut intervenir militairement ou pas et ce de manière formelle. Beaucoup se sont indignés à propos de l’usage des armes chimiques et c’est très bien. Mais vous savez quoi ? Je soupçonne que les Syriens préfèreraient à votre indignation une vraie pression pour que les médecins puissent faire leur job. Je ne vous parle même pas d’envoyer de l’argent, je vous parle juste de relayer l’appel de ces 55 médecins.
Je me fous complètement d’être mentionnée ou d’être RT, juste relayez d’une manière ou d’une autre, via le lien d’Alain Gresh. Merci d’avance.
« Le conflit en Syrie a débouché sur l’une des pires crises humanitaires depuis la fin de la Guerre froide. Plus de 100 000 personnes ont été tuées, pour la plupart des civils, beaucoup d’autres ont été blessées, torturées. Des millions ont fui, des familles ont été divisées et des communautés entières déchirées. Ne laissons pas les discussions sur une intervention militaire occulter notre devoir de les aider.
En tant que médecins du monde entier, nous sommes horrifiés par l’ampleur de cette urgence. Le manque d’accès aux soins pour les civils et le ciblage délibéré des hôpitaux et du personnel médical nous consternent. Il ne s’agit pas de conséquences inévitables ou tolérables de la guerre. Ce sont des trahisons inadmissibles du principe de neutralité médicale. Il est de notre devoir professionnel, éthique et moral de dispenser des soins à quiconque en a besoin. C’est pourquoi, quand nous ne pouvons le faire nous-mêmes, nous nous devons d’exprimer notre soutien envers ceux qui risquent leur vie à notre place.
L’accès indispensable des civils aux services de santé est presque impossible : 37 % des hôpitaux ont été détruits, 20 % sont sérieusement endommagés. Les dispensaires de fortune deviennent des centres de traumatologie à part entière, peinant à faire face à l’afflux de blessés. Quelque 469 professionnels de santé sont emprisonnés. Avant la guerre, Alep comptait 5 000 médecins, il n’en resterait que 36.
L’augmentation exponentielle du nombre de malades est une conséquence directe du conflit, mais elle résulte aussi de la détérioration du système de santé public syrien, autrefois sophistiqué, et de l’absence de soins curatifs et préventifs appropriés. D’horribles blessures restent sans soins, des femmes accouchent sans aide médicale, adultes et enfants sont opérés sans anesthésie. Les victimes de violences sexuelles n’ont personne vers qui se tourner. La population syrienne est exposée aux épidémies d’hépatite, de rougeole, de typhoïde et de diarrhée aiguë. Dans certaines zones, les enfants nés depuis le début du conflit n’ont pas été vaccinés. Les patients atteints de maladies chroniques comme le cancer et le diabète ne peuvent recevoir leurs traitements vitaux de longue durée.
Confronté à d’énormes besoins et à des conditions dangereuses, le personnel médical syrien est pourtant celui qui dispense l’essentiel des soins aux civils. Les restrictions gouvernementales, conjuguées à la rigidité du système international d’aide humanitaire, aggravent la situation. En conséquence, de vastes régions de la Syrie sont complètement coupées de toute forme d’assistance médicale.
Les professionnels de santé sont tenus de soigner du mieux qu’ils le peuvent quiconque en a besoin. Toute personne blessée ou malade doit pouvoir accéder à un traitement médical. C’est pourquoi, en tant que médecins, nous demandons d’urgence que nos confrères en Syrie soient autorisés et aidés à sauver des vies et à soulager les souffrances sans crainte d’attaques ou de représailles.
Nous appelons le gouvernement syrien et toutes les parties au conflit à respecter la neutralité médicale et à ne pas attaquer les hôpitaux, les ambulances, les médicaments, le personnel médical et les patients ; le gouvernement syrien doit traduire en justice les auteurs de ces violations conformément aux normes internationales.
Les gouvernements alliés des parties au conflit doivent exiger que celles-ci cessent leurs attaques contre l’aide médicale et qu’elles permettent son acheminement jusqu’aux Syriens, par-delà les lignes de front et à travers les frontières syriennes.
L’ONU doit intensifier son soutien aux réseaux médicaux syriens, tant dans les zones gouvernementales que dans celles contrôlées par l’opposition, où, depuis le début du conflit, le personnel médical risque sa vie pour apporter des soins indispensables. »
Lettre trouvée sur le blog d’Alain Gresh ici
PS : s’il y a un souci avec le fait que j’ai utilisé des photos d’Edouard Elias, n’hésitez pas à me contacter pour que je les retire. J’ai juste pensé que c’était un moyen de rappeler sa situation à lui et Didier François.
Mais une guerre est faite pour tuer et vaincre l’ennemie, généralement l’ennemie est le peuple !en Syrie, le peuple c’est soulevais et vas être écrasé pars le régime militaire ou pars les extrémistes, les démocrate ne vaincrons pas. Et les fous de haine n’arrêteront pas jusqu’a l’extermination de l’adversaire. Bachar el –assad sais que c’est la mort si il perd. Je comprends ton indignation, mais pas trop ta naïveté, il est trop tard pour une paix juste il y aura un perdent le peuple, et tes médecins ne pourrons que constater les dégâts. Dans une guerre civil il faut toujours armée le peuple, on a refusé bien voila le résultat ! Nos démocrates préfèrent les fascistes au pouvoir et tes médecins attendront que le calme revienne pour pouvoir travailler !
l’ONU ne peut rien sans la Russie et les États unis!