Une petite déclaration d’amour ( a kind of magic)

20 mai 2014 1 Par Catnatt
June Howarth of Canterbury and Ray Shart of Bankstown dance to the band with drummer Peg Clark of Blackheath

June Howarth of Canterbury and Ray Shart of Bankstown dance to the band with drummer Peg Clark of Blackheath

Ça te fait ça, toi aussi ?
 
Hier, j’ai checké mes mails de promo musique ; en général j’aime bien ce que propose Boogie Drugstore, du coup je suis allée jeter un coup d’oeil à l’album de Nick Mulvey. Et j’ai adoré.
 
L’objet de ce billet n’est pas de parler de cet album en particulier même si je pourrais t’expliquer que c’est grand, merveilleusement composé, finement arrangé et bien produit. Non, ce dont je voudrais te parler c’est des sensations que ça déclenche.
 
D’aussi longtemps que je me souvienne, rencontrer une musique pour laquelle j’ai un coup de foudre a toujours été un trip à part entière. Dès la première écoute, il y a l’allégresse, l’envie de partager et de crier sur les toits des phrases aussi sophistiquées que « Rhaaaa, c’est trop bien !! ».
 
Ça te fait ça, toi aussi ?
 
Comme si je tombais amoureuse, love at first sight, mais pas tout à fait. Je sais que je me sens transportée, des émotions en guise de tapis volant, des chansons comme des horizons. Mais contrairement à l’amour, le temps et les expériences n’ont aucune prise sur ça. Je me laisse toujours aller, je ne me méfie pas d’un album. Depuis l’enfance, rien n’a changé et c’est tellement réconfortant d’avoir réussi à préserver ça même si ça m’arrive de plus en plus rarement.
 
Je me souviens : je dois avoir 6 ans et je rencontre « Could it be magic » de Donna Summer ; ou 13 ans et Cure ; ou 15 ans et Prince ; ou 20 ans et Massive Attack ; 22 ans et Radiohead ; 36 ans et Patrick Watson ; 39 ans et Villagers.
 
A chaque fois, c’est magique, tu n’as pas idée à quel point ça me retourne ; à quel point c’est important.
 
Ça te fait ça, toi aussi ?
 
Cette joie… Ce miracle. Je n’aime pas les êtres humains, mais ma passion pour l’humanité reste intacte et de savoir que nous sommes la seule espèce à pouvoir créer de la musique, de l’art m’époustoufle à chaque fois. C’est un truc de dingue lorsque l’on prend cinq minutes pour y réfléchir vraiment.
 
Je cours après ces sensations, ce plaisir intense, cette envie de partager, oui, cette envie de crier sur les toits : « Mais écoute ça ! C’est bon ! ». Je pourrais me retrouver à courir dans la rue en braillant ; je me retiens. Je finis par me demander si certaines mélodies ne déclenchent pas tout simplement des endorphines. Cette excitation, je la rencontre parfois dans certains films, rarement dans les livres, curieux n’est-ce pas ? Mais on ne peut relire 54 fois le même ouvrage ou revoir 36 fois la même oeuvre. Je peux le faire avec la musique, n’importe où, à n’importe quelle heure, de manière obsessionnelle.
 
Ça te fait ça, toi aussi ?
 
Une seule chanson peut me faire sentir si bien. Reconnectée au monde, hippie, brothers and sisters, je tends les bras à l’univers tout entier. Un peu hystérique. C’est juste bon. Ces sensations ne se déclenchent pas à n’importe quel morceau que j’aime bien, faut pas exagérer, mais quelques albums parsèment ma vie. Et c’est ainsi que lorsque l’on me dit « Mouais, c’est pas mal » ou « Ha non, c’est à chier ! » je me retrouve désemparée. Comment est-ce possible ? Je reste les bras ballants, j’ai l’impression qu’on ne m’aime plus, comme si musique et être se confondaient. C’est naif, enfantin, mais si tu savais à quel point j’aime être encore comme ça à mon âge.
 
Ca a quelque chose de très réconfortant, c’est peut-être la seule chose qui ait survécue, intacte, entière tout le long des années. Quelque chose de non entamé ; non ébréché ; non dévoré. Comme si la magie à laquelle je croyais petite avait réussi encore une fois à emporter la partie face à la vie qui ne cesse de me taper sur la tête avec son bâton de rationnalité.
 
Et j’espère qu’à 60 ans, 70 ans, je connaitrai encore et encore ces coups de foudre qui font battre mon coeur un peu plus vite que d’habitude, qui portent un grand sourire à mes lèvres, qui m’offrent un plateau de joie et de foi en l’humanité. L’au-delà.
 
Ça te fait ça, toi aussi ?
 

Nick Mulvey

Nick Mulvey