Chroniques des enchantements #100DaysOfHapiness part 2
C’est @bacicoline qui m’en a parlé : un hashtag #100DaysOfHapiness et toi, pendant cent jours, tu prends en photo ce qui t’a rendu heureux. J’aimais beaucoup l’idée. Je l’ai même proposé comme exercice à une dame un peu perdue, comme une discipline pour reprendre pied dans la vie et puis, dimanche dernier, une coïncidence m’a décidée à participer, mais comme je suis une quiche absolue en photo, je me permets une variante.
Dimanche.
Il est 14h19. J’ai un stabilo à la main. Je regarde ma fille qui dort littéralement encastrée dans son matelas. Elle a fait la fête et c’est la première fois depuis au moins 12 ans qu’elle fait une sieste. J’ai bien peur que ça ne soit le début d’une longue série… Je la regarde et j’envisage de dessiner quelque chose sur son visage ; je ricane en silence.
Quelques heures plus tard, elle regardera la télé et s’exclamera : “Oh Maman, tu devrais acheter du païque” (prononcer pa-iii-ke). Perplexe, je la regarde et quelques secondes plus tard, je percute. Elle parle du liquide-vaisselle… Je hurle de rire pendant cinq minutes ; je crois qu’elle est atrocement vexée.
Lundi.
Une douce journée. Je vais boire un verre avec Bixente. Je l’aime bien ce garçon, je le regarde évoluer depuis quelques années maintenant. J’ai suivi ses aventures, lu le livre qu’il a co-écrit :”Bobo de merde” qui retraçait en partie son parcours de jeune provincial plongé dans l’univers des bobos. Bixente est resté ce qu’il était : moqueur, mais tendre. J’ai beaucoup d’affection pour lui.
Mardi.
J’ai passé la matinée à pleurer et l’après-midi à avoir les larmes aux yeux. Je cherche de quoi remplir cette journée de merde avec ce défi #100DaysOfHappiness. C’est compliqué.
La banque de mon père m’arrachera un fou-rire.
Je suis donc encore étudiante à 43 ans pour eux ^^.
Je me pose des questions sur mon travail depuis quelques temps. Une remise en cause inattendue. En montant dans le métro pour aller au concert de Nick Mulvey, je suis préoccupée. Je m’assoie sur une des banquettes, je ne fais pas attention. Les deux gamines qui sont assises près de moi me regardent et m’interpellent : “Vous pouvez vous tourner vers nous, vous savez !”. Je présente des excuses en expliquant que je suis soucieuse.
-“Vous faites quoi comme métier ?
– De la post-production.
-C’est quoi ?
J’explique.
-Vous faites un bien beau métier !”
Je leur souris. La phrase est anachronique, mais l’enthousiasme est sincère. La coïncidence m’amuse. Je leur pose des questions à mon tour : elles passent le bac, elles stressent un peu. Un échange bref, mais plaisant. J’aime décidément le métro…
Le concert de Nick Mulvey est enthousiasmant et son public est au diapason. Je vous conseille vraiment d’aller le voir en sus d’acheter son album. C’était un joli moment même s’il n’a pas chanté “The Treillis”. C’est du baume au coeur ainsi que la présence de Virginie à mes côtés.
Sauras-tu nous retrouver avec Virginie ?
Ca fait trente ans que je ne suis plus remontée à cheval et ça continue de me manquer.
Parfois, ça me tente, c’est tellement grisant quand ça se passe bien.
Fais-moi plaisir et regarde cette vidéo,
c’est aussi une vision du bonheur…
Mercredi.
On va avoir une douche qui marche sans tournevis ni pince à la maison ! On a l’impression d’être à J-2 du premier homme qui va marcher sur la lune. Le progrès ! Parce que ça fait tellement de mois que ça dure ces conneries que c’est tout juste lorsque nous sommes chez des gens et avant de pénétrer dans leur douche, qu’on leur demande pas où sont leurs outils pour la prendre, la douche… “Comment ça t’as pas de matos ?!” ^^
Laurence mon ex collègue de travail débarque comme une tornade au taf : “Je suis venue te filmer en train de faire “c’est la chenille qu’on redémarre”. J’éclate de rire et je ne suis même pas surprise. Laurence m’a toujours filmée et non, je n’expliquerai pas par quel truchement on en est arrivé là. Je m’exécute évidemment. La vidéo est sur le profil facebook d’Olivier.
Jeudi.
Je m’interroge. Happiness veut dire bonheur et j’ai confondu jusqu’à présent rire et joie avec ce mot, mais là je ne rie plus trop. Je cherche de quoi remplir ce défi et je réalise que s’il n’y a pas d’allégresse, il y a encore du plaisir dans cette semaine merdique. Le bonheur réside en de multiples choses. En l’occurrence la lecture des entretiens de Marguerite Duras avec Leopoldina Pallotta della Torre offert par Victoria. Morceaux choisis :
“Jusqu’au bout, la mère restera la plus folle, la plus imprévisible, insaisissable des personnes rencontrées dans toute une vie”, me dit-elle avec un sourire déjà lointain”.
“Pour adhérer à un parti il faut être autiste, névrosé, sourd et aveugle, en quelque sorte”.
“Je ne parviens à me libérer de moi que dans deux cas : par l’idée du suicide et par celle d’écrire”.
“Mais quand l’amour n’est pas dit, il a la force du corps, la force aveugle et intacte de la jouissance : reste la miraculeuse apparition des amants nimbés d’ombre”.
“- Que reprochez-vous aux hommes ?
– Qu’il faille beaucoup les aimer pour supporter leur besoin d’intervenir, de parler, d’interpréter tout ce qui leur arrive autour d’eux”.
Vendredi.
Je cherche un souffle. J’ose enfin faire mon coming-out Alejandresque. Alejandra est une femme fascinante que j’ai découvert grâce à Virginie et Henri. Elle constitue un cas tout à fait passionnant de dépressive-hystérique et accessoirement exerce l’activité de home organizer. Alejandra organise tout ! Tu regardes une de ces vidéos, tu plonges. Mélange de stupéfaction, de fascination et de foutage de gueule, tu finis par te retrouver une demi-heure plus tard à regarder attentivement la vidéo « comment organiser le placard dans les toilettes ». Cette fille m’obsède. Cette fille est un génie ! Elle est quasi devenue un prophète : c’est le Yoda du rangement comme dit Isa C : AleYoda, que l’organisation soit avec toi, qqqschhhh, qqqschhh. On est quelques uns à mater systématiquement les boîtes dans les magasins dorénavant (poke Audrey). Le plus absurde de l’histoire ? C’est qu’elle a des bons trucs ^^.
Le soir, ça va être une crise de rigolade pas possible. Je me rends sur facebook quand soudain, c’est le choc ! Sur le profil facebook d’Yvan, il y a ça, cette chose que je m’empresse de partager sur twitter.
On a beau être en plein coupe du monde, cela suscite des réactions :
Mais une question lancinante revient :
Oui, bordel, comment ça tient ?!
Jusqu’à la solution
Samedi.
J’appelle Olivier, la comédie a suffisamment duré. Je suis la marraine de coeur de sa fille Jade à défaut d’être sa marraine tout court aux yeux de l’Église catholique, vu que je me suis fait débaptisée. Du coup, pour son baptême, j’étais bien emmerdée pour le cadeau. Qu’offrir ? Hé bien il y a eu deux cadeaux : l’un, officiel « L’encyclopédie des religions » et un autre pour la blague…
-« Jade a rien reçu par hasard ?
-Ben non, enfin j’en sais rien^^
-Famille Chrétienne ?
-Oh p… c’est toi ! Mais t’es complètement tordue ! »
Cette crise de rire ! Ca fait un mois que j’ai abonné Jade à Famille Chrétienne, rien que pour la tête de ses parents, pas spécialement versés dans la religion, quand ils ont ouvert la boîte aux lettres et ont découvert l’objet du délit. Ils ont d’abord cru à un numéro spécial baptême mais lors du second envoi, force a été de constater que ce n’était pas du one shot mais bel et bien un abonnement. Ils ont soupçonné tout le monde, sauf moi… Quelle satisfaction ! Olivier hurle de rire, Pauline rit jaune en se disant qu’elle a été à deux doigts de se retrouver dans l’embarras en voulant remercier quelqu’un qui n’en demandait pas tant. Olivier me raconte que ça a donné lieu à une séquence ahurissante dans sa maison : Jade en train de potasser son « famille chrétienne » pendant que lui écoute à fond la caisse Nine Inch Nail qui braille « GOD IS DEAD ! » …
Je tombe sur une vidéo qu’a publié Victoria et que je m’empresse de faire voir à mes enfants. Ils écoutent attentivement, ça leur parle. « Quand je serai grand, je veux être heureux… »
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On a beau avoir des semaines compliquées parfois, le défi démontre une chose, le bonheur est un mot à tiroirs, on n’en finit pas de redécouvrir ses nombreuses déclinaisons. Ce n’est pas un état extatique figé qui peut vite se transformer en quête du Graal inatteignable, c’est une manière de négocier avec la vie aussi. Il se loge dans les détails comme le diable. C’est bien aussi en vieillissant de s’en rappeler.
Bonne semaine à tous.
Alejandra <3
Sinon, bravo pour ces ptites chroniques.
J'aime l'idée de se concentrer sur les petits morceaux de bonheur de chaque jour, je le fais pour ma part depuis quelques années sur des "carnets de gratitude" mais le format est secondaire, l'objectif est le même! 🙂
(Je t'enverrai des photos de boites. Suis le hastag #organizingporn :D)