Une réparation. Ma réparation.

31 décembre 2014 0 Par Catnatt

Les derniers heures de 2014 se traînent et 2015 apparaît à l’horizon. Je ne m’attends pas à une révolution, j’ai juste besoin d’espérer une autre énergie, un autre tempo, un autre souffle.

 

Depuis septembre, c’est comme si la vie me murmurait qu’il fallait ranger les dix dernières années, clôturer les dossiers laissés en suspens parce que j’étais plus occupée à recommencer à vivre qu’à vivre tout court. Finalement, si j’y réfléchis bien, la première moitié était une installation et la seconde un déplacement à côté de la vie réelle. Curieux de constater que depuis quelques mois, je m’éloigne de ma vie virtuelle. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Ça me manque parfois (ou est-ce mon égo qui est en manque ?), mais la vérité, c’est que ça m’intéresse de moins en moins.

 
Non, je suis occupée ailleurs, les deux pieds dans la terre du réel à savoir qu’il faut que j’affronte ces choses suspendues.
 
La procédure concernant mes enfants : sans rentrer dans les détails, le 10 février, la société française va m’écouter. On peut faire sans évidemment, mais finalement, je réalise que j’en avais besoin. Et quelle que soit l’issue, il n’en reste pas moins qu’un juge a lu ce que j’avais à dire et a estimé qu’il y avait matière à m’entendre. Ces dix années à élever mes enfants seule, à prendre des décisions, tout ce travail, ces nuits blanches, ces grandes joies, ces grands stress vont être entendus. Je crois que lorsqu’on est mère célibataire, à un moment donné, ça s’impose. Après tout, vous prenez en charge et la société de manière tacite, lorsque l’un est démissionnaire, attend de vous que vous fassiez le job dans votre coin. Et vous le faites. Mais lorsque l’autre décide de rempiler sans vous demander votre avis et exige, ne sait qu’exiger, alors vous avez besoin que la société s’en mêle. Et si le jugement ne m’est pas favorable, tant pis, cela reste tout de même un début de réparation.
 
Une réparation. Ma réparation.
 
Curieux aussi de constater tous les trois, mes deux enfants et moi, nous avons des os de travers. C’est comme si nous avions poussé tous ensemble, gaiment et solidairement, mais un peu de travers. Parce que j’avais pas le temps et pas l’argent. Ma fille se fait poser un appareil dentaire début janvier ; hier mon fils a enfin eu une orthèse pour son pied et moi, j’ai le menisque fendu. Les deux d’ailleurs ; un cadeau génétique, merci Papa, merci Maman. C’est hier soir que je me suis fait la réflexion que nous étions un peu de travers et qu’en même temps, nous prenions en charge le problème. N’est-ce pas étrange ? C’est comme si c’était…
 
Une réparation. Notre réparation.
 
Quand je suis seule et que je peux rêver…
 
Je rêve que.. (non, ça ne continuera pas comme la chanson de Michel Berger) je rêve que tout soit rangé à sa place et de dégager de l’espace pour autre chose. Alors je vais jeter ;
 
Je vais jeter ces quinze carnets d’une liaison amoureuse qui m’a laissée, plus que je ne le pensais, exsangue. Je vais jeter ce ficus qu’une ex-amie m’avait offert. C’est peine perdue de vouloir le faire repartir, il est comme cette ancienne amitié : épuisée.
 
Pas de bilan de blog cette année. Je n’ai rien fait de marquant, enfin je ne m’en souviens pas et je n’ai pas envie de regarder. Enfin, si peut-être le texte sur « L’amour et les forêts » de Reinhardt.
 
J’ai envie d’une nouveau blog. Oh pas de changement de nom ni de sujets, mais une nouvelle interface. Quelque chose qui ressemble à 2015. Quelque chose qui fonctionne bien. Jeter l’ancien.
 
En cette dernière semaine de décembre, je jette, je trie, je nettoie, j’essaie de faire place nette pour une nouvelle année.
 
Et paradoxalement, j’ai ramené quelque chose à la maison. Il y a dix ans, suite à des évènements douloureux, mon père m’a regardée et m’a dit : « donne-moi tes bijoux, surtout l’alliance et la bague de fiançailles de ta mère ». Ce qu’on ne s’est pas dit, c’est que nous croyions tous les deux à un genre de mauvais karma. Il était certain que mon existence était chaotique depuis des années. L’énergie particulière de ma mère s’infiltrait-elle dans ses bijoux ? Les bijoux ont-ils une âme ? J’ai tout donné à mon père sur le champ : ceux-là et ceux de mon mariage. La semaine dernière, mon père les a ressortis et m’a dit : « il est temps que tu les récupères et que tu décides ce que tu veux en faire ».
 
Capture d’écran 2014-12-31 à 17.04.55
 
Je ne sais pas quoi en faire. Je n’aurais aucun scrupule à faire fondre mon alliance et les bijoux offerts par mon ex-mari. Finalement, c’est tout ce qui reste comme réparation.
 
Une réparation. Ma réparation.
 
Mais le reste. Reporter ces deux symboles liés à ma mère, j’en ai très envie. Au moins ses fiançailles…
 
Il faudra pourtant se décider. Me suis-je suffisamment réconciliée avec mon histoire si particulière au point de pouvoir porter ces deux bagues que j’adore sans effets secondaires ? Me suis-je suffisamment réparée ? À force d’empiler les textes ici-même, ai-je réussi à raccommoder tous les morceaux épars de mon existence ?
 
Une réparation. Ma réparation.
 
Oui je le crois en écrivant. Je crois que j’ai fait la paix avec tout ça. Avec toi.
 
Alors, chère Maman, quelques mots de tous les jours :
 
Je ne pourrai jamais te dire tout ça
Je voudrais tant mais je ne pourrais pas
J’aime mieux mettre dans ma chanson
Une déclaration, ma déclaration.
 
Bon réveillon !
 

France Gall – Ma déclaration par jojon26