#JeSuisCharlie : prouve-le…

9 janvier 2015 21 Par Catnatt

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Je me permets une bafouille rapide sur ce qui nous préoccupe essentiellement en ce moment.

 

Le jour de l’attentat, mis à part « quatre crétins » qui se réjouissent, l’union se fait nationale. Internationale, même ! J’ai été bouleversée par les réactions de soutien à travers le monde, je ne m’attendais pas à ça. Mais comme pour tous les morts, l’union ne dure pas. Maintenant, on se fout sur la gueule devant le notaire.

 
Charlie Hebdo, c’est un symbole. Un symbole de la liberté d’expression. Pour rappel, elle n’est pas totale en France car le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit. À partir de là, le FN peut-il manifester dimanche, c’est une putain de bonne question et j’ai pas un début de réponse vu les circonstances. La seule chose que je sais en ce moment, c’est qu’un peu d’humilité ne nuirait pas. Amis politiques (au sens très large du terme), j’ai envie de vous dire de venir en tant que simples citoyens. Évidemment, en terme de sécurité, ce n’est pas simple, mais je suis sûre qu’une solution peut être trouvée.
 
La chasse aux sorcières : il a fallu 48 heures pour que cela commence. On ressort des interventions de personnalités sur Charlie Hebdo, des tweets. Il se trouve que j’ai fait partie des gens qui ont affirmé qu’ils n’étaient pas d’accord il y a deux ans sur la sortie d’un Charlie Hebdo (qui reprenait les caricatures ou je ne sais quoi, ma mémoire flanche). Je n’ai jamais dit qu’il fallait interdire Charlie Hebdo hein… Ce journal avait une prise de position très claire : on a (presque) le droit de tout dire sur n’importe quoi. Faire honneur à la mémoire de Charlie Hebdo, c’est accepter aussi qu’on ne soit pas d’accord avec eux. Ça n’est pas un délit ni une trahison.
 
Du coup, il y aura les purs et les durs et les autres. J’ai jamais été très fan des purs et durs. Ça m’a toujours semblé dangereux. Faire une chasse aux sorcières pour savoir qui était du bon côté et qui était du mauvais est inutile et indécent en ces circonstances. Charlie Hebdo a dépassé sa propre condition et est devenu un symbole. Et ce n’est pas parce que je n’approuvais pas que je ne suis pas capable de dépasser mes opinions pour épouser et soutenir un symbole. Estimer que « je » suis responsable de la mort de ces douze journalistes, c’est d’une bêtise à pleurer. À ceux qui pratiquent la chasse, j’ai envie de vous dire : ceux qui sont partis vous regardent en ce moment : « C’est dur d’être aimé par des cons »…
 
Quant à ceux qui ne sont pas #JeNeSuisPasCharlie » au nom d’une lucidité plus fine que la nôtre, j’ai envie de les renvoyer aux politiques : soyez humbles pour une fois. Ces débats là sont pour plus tard. L’analyse de la construction d’un djihadiste en France est pour plus tard. Ne nous prenez pas pour des imbéciles, pour la plupart d’entre nous, nous le savons. Nous savons que la prison est une fabrique, nous savons que nous baignons en pleine récupération politicienne, nous savons que cette union est de façade, qu’elle va se craqueler – elle est déjà en train de le faire- mais sans déconner…
 
Peut-on espérer quelques heures ensemble ? Peut-on espérer que nous dépassions nos égos et ne pas se laisser aller à la tentation d’être plus… Plus lucide, plus droit dans ses bottes, plus renseigné, plus dans la vérité, en un mot plus performant dans une période de deuil où précisément il n’y a pas de place pour ça, mais bel et bien de la place pour l’humilité et le recueil ? Est-il possible d’espérer que comme Charlie a dépassé sa propre condition, nous dépassions la nôtre pour quelques jours ?
 
C’est trop demander ?
 
#JeSuisCharlie, ce n’est pas être fan absolu de ce journal, ce n’est pas être de gauche ou de droite, ce n’est pas être catholique ou athée, ce n’est pas être Français ou Étranger, c’est être pour, défendre de manière absolue quelque chose qui est le tempo, le battement de coeur d’une démocratie : la liberté d’expression. Et je crois sincèrement sans être la neuneu de service que tout le monde sera d’accord avec ça.
 
Même ceux que nous détestons…