Playlist annuelle 2015
La musique peut-elle changer le monde ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais les tarés du camp d’en face ont l’air de dire que c’est important à ce point-là.
Est ce que lorsque je suis au coin du bd Sébastopol attendant que le feu passe au vert et que je tape la mesure de « Smart Thing » de Outfit , je commets un acte politique ? Quand je deviens hystéro dans mon salon sur « Back Together » de Robin Thicke ? Lorsque l’émotion me submerge en écoutant Sufjan Stevens ? En dansant (enfin ça reste très approximatif) comme les rappeurs, les enfants morts de rire sur Vince Staples « Jump Off The Roof » ? Lorsque je m’apaise sur «The Soul Serene » de Villagers ? Lorsque je chante en yaourt et en silence tout en marchant dans la rue «Let It Happen » de Tame Impala ? En esquissant du air guitar rayon hygiène et propreté du supermarché sur « Snakeskin » de Deerhunter ? Ou en sifflotant «Club Nine » de Nicolas Godin ?
La musique est-elle politique ? Incontestablement quand je choisis comme chanson de l’année « Borders » de M.I.A (merci à elle de s’être impliquée de la sorte) ou que je tiens à «Europe Is Lost » de Kate Tempest.
Qu’est-ce qui leur fait peur à ce point-là ? Est-ce parce la musique est un des actes les plus intimes qui soit, cette connexion avec nos émotions, quête ou retrouvailles, ce déclencheur universel d’empathie tout en étant à notre époque un partage parce que vous pouvez être sûrs qu’au même moment un autre être humain écoute la même chose que vous de l’autre côté du monde ? Est-ce que précisément ce qu’ils attendent des autres, d’eux-même, c’est le phénomène inverse, une déconnexion pour devenir de parfaites petites machines non pensantes, non sensibles, exécutantes au service d’une société déshumanisée oeuvrant pour un idéal fascisant ? Et que la musique aussi insignifiante qu’elle soit reste un obstacle ? Le rire et la joie aussi ? Tout ce qui nous rapproche de l’autre ? Ces liens invisibles qui vont de toi à moi, de moi à l’autre, de l’autre à toi ?
Ils subiront comme tout le monde l’un des marronniers de l’année, le fameux best of. Ma prestation s’arrêtera à une playlist : 4h30 (ouais, chuis comme ça une vraie déglingo) de mes morceaux préférés. Côté albums, je me bornerai à vous suggérer l’incontournable Sufjan Stevens, Vince Staples, Eliott Moss, Monika (vive la Grèce ! ), Slime, Hindi Zahra. À ma grande surprise aucun Français n’a réussi à se dégager cette année. Mon nationalisme musical n’a connu aucune épiphanie en 2015, la faute au repli sur soi que mon pays connait ? C’est comme mon penchant pour la musique de dépressif, il s’est calmé au fur et à mesure que ça allait mal ; à croire que pour chaque larme, un morceau fun devait remporter la partie.
Peut-être qu’en définitive leur problème avec la musique, contrairement à leurs pulsions mortifères, c’est qu’elle est toujours, inconditionnellement, viscéralement…
LA VIE !
Je vous souhaite de joyeuses fêtes à tous ! ( Et allez voter ! Ça reste la seule arme accessible à tous)
Et n’oubliez pas de danser !