Et maintenant ? Que vais-je faire ? (comme une « désespérance »)

10 février 2017 2 Par Catnatt

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(normalement vous l’avez dans la tête pendant 48 heures)

J’ai repris du service auprès des réseaux sociaux, finalement, sans réel enthousiasme. Le café du commerce l’a emporté, on arrivait auparavant à obtenir quelques moments de grâce, mais empêtrés que nous sommes dans la présidentielle, le bruit assourdissant de fond ne reste que celui-là. Ça me fatigue, c’est la course aux voix, j’entends peu parler de programmes, on bataille entre moralité et légalité, les faits n’ont que peu d’importance, c’est celui qui braille le plus. Et machin a fait truc, ducon a dit ça, et c’est dégueulasse, ha mais non tu comprends tout le monde fait la même chose, et ils sont tous pourris, regarde cette info, crétin c’est un hoax etc etc. Je ne comprends pas la stratégie de com de Fillon. Quand on est dans un pétrin pareil, la règle c’est de stopper la discussion immédiatement. 24 heures après la sortie du Canard Enchaîné, première salve, tu sors ton chéquier, tu rembourses, tu présentes tes excuses et tu passes à autre chose. Tu ne rentres pas dans la conversation, never explain, never complain. Là ça fait quinze jours, c’est ridicule.

Pour qui voter ? J’ai renoncé à établir un choix, à l’allure où ça va, je vais me décider une semaine avant. Vote de conviction ? Billard à trois bandes ? Voter contre Marine Le Pen au premier tour ? Comment savoir ? On en est à réviser les pouvoirs du Président dans la V° République pour déterminer quelle sera sa sphère de décision réelle si elle passe. Sera-t-elle capable de créer un gouvernement en dépit d’une non majorité à l’assemblée ? Tout ça en plein état d’urgence.

Ça me fatigue. C’est inintéressant au possible. Le climat est empoisonné, explosif et moi, je recule. Je prends de la distance, impuissante que je suis. Je sais pertinemment que si je postais des articles de fond, personne ne les lirait. Il faut être clivant, provocant, drôle, cynique. Ça ne m’intéresse pas trop.

Quand on revient après un mois sans actus, sans réseaux sociaux, je vous garantis que c’est insupportable. Je vous vois vous énerver, parfois à juste titre, mais quel effet ? Ceux qui sont dans le déni le resteront, l’aptitude à convaincre factuellement est diluée, les idées ne comptent plus trop, c’est la force de conviction subjective qui est marche. Une période de propagande finalement.

Je le supporte d’autant moins que pendant ce temps-là, à titre pro et perso, je construis. Ma vie a complètement changé, nouvel appart, nouveaux enjeux pour ma fille et la post production pour moi, c’est fini. Je regarde la démolition du lieu où j’ai travaillé pendant 14 ans. Je vais être maître d’ouvrage (je crois que c’est l’appellation) ou stagiaire en BTP comme dit en rigolant mon cher Vincent. Tout va être refait et à ma grande surprise, j’adore suivre des travaux. J’ai des lacunes, des incompétences, mais chef de projet pour résumer, je sais que je suis plutôt bonne là-dedans, j’ai de bons réflexes. J’apprends. Je vois se dessiner le futur projet sur des plans qui évoluent chaque semaine, parfois je ne comprends rien aux discussions, mais j’apprends. Je construis.

Je reviendrai sur la fermeture de mon entreprise, ranger tous les souvenirs dans un billet-boîte question de clôturer toute cette période.

Je crains que nous ne puissions pas faire grand chose en politique, c’est la première fois que j’ai le sentiment que ma voix ne compte plus tant que ça. Je me sens dépassée par des forces en mouvement. Il y a une majorité de personnel politique qui tente de faire son job le plus honnêtement possible. Mais n’oublions pas « Show me a hero » la série de l’auteur de The Wire. La politique n’est faite que de choix impossibles et nous voilà rendus au même point, nous les électeurs. Nous sommes tous responsables de ce qui se passe actuellement  : électeurs, personnel, médis, puissances étrangères. Il faudrait s’attaquer à notre seuil de tolérance. Parfois je finis par me dire qu’il faudrait un candidat qui arrive, qui annonce : « Moi je vous propose un point zéro. Un mandat pour mettre tout à plat : la constitution, notre système électif, les différents codes législatifs pour arriver à mettre à bas les mauvaises habitudes, les choses qui se contredisent. Épurer. Sortir toutes les personnes condamnées, suspendre celles soupçonnées. Le grand ménage. Faire en sorte que la moralité et la légalité ne soient plus si éloignés »

Un nouveau départ pour ne pas crever d’épuisement. Car c’est ce qui nous guette, l’épuisement et que se passera-t-il quand nous en serons là ? Quand hébétés, nous perdrons de vue le danger réel ?