La cocaïne sera le poison de l’homme blanc

15 janvier 2008 1 Par Catnatt

A ma soeur de coeur….

 

« La cocaïne sera le poison de l’homme blanc » proverbe inca

 

Ces incas étaient des gens plein de bon sens. Il n’est pas question de faire une leçon de morale ici, bien sûr que la notion de plaisir est indissociable de cette drogue ; ceci étant, cela ne va pas sans conséquences.

 

La cocaïne est « pire » que l’héroine car beaucoup plus insidieuse. L’héro vous fait décrocher de la société, la coke vous insère encore plus parce que vous vous sentez puissant, efficace, invincible et que la société aime ça. Extrêmement pervers.

 

Bien sûr que ce n’est pas grave de se taper un rail dans une soirée. Quelle pêche après ! C’est ça le drame ! Ya rien de mieux que le premier rail d’une fête. Le reste ? Une répétition frustrante, tu te retrouves en train de courir comme un malade après cette sensation. En général, l’alcool est le meilleur ami de la coke. Pour info, il est préférable de ne boire que du whisky, c’est un régulateur cardiaque.

 

Le tout Paris tape de la coke, elle envahit les villages. Oh bien sûr, tout le monde se réfugie derrière le coté festif, mais rien n’est anodin.

 

Tu tapes et tu te sens brillant ; tu parles, tu parles, tu parles. J’en connais qui passent les mêmes soirées depuis quinze ans, assis autour d’une table, les mêmes discussions, se défoncer jusqu’à plus soif. Le lendemain ? Paranoïa, mal être, fatigue, mais ça ne s’arrête pas là. 48 h après, la déprime, le vague à l’âme, ne jamais prendre de décisions ce jour-là, tu vois tout en noir. C’est une conséquence implacable et peu de consommateurs la maîtrisent. Pour la plupart, cela s’arrête là, taper dans un cade festif.

 

Mais, pour certains, c’est la descente infernale. Ils se font déborder, c’est pas seulement le week-end, c’est certains soirs de la semaine. Et puis, comme c’est crevant, un petit rail le matin pour démarrer : « Whaw qu’est ce que je bosse bien ! ». Pour les catégories professionnelles où « la charrette » est un sport national, c’est tellement pratique…

 

Et tu te retrouves en train de taper tous les jours… Toutes les règles que tu t’étais fixées sautent les unes après les autres : pas la semaine, pas la journée, pas au boulot ; tu tapes dans un coin du salon pendant que tes enfants jouent à coté. Tu ne te rends même plus compte de ce que tu fais, ton entourage assiste aveugle ou lucide, l’impuissance règne.

 

Je pense évidemment à quelqu’un de précis. Dans ma jeunesse, j’ai vu beaucoup de grandes figures parisiennes dignement addicts…Toujours des hommes, d’ailleurs. Je dis peut-être une énorme connerie, mais il me semble que les hommes sont plus exposés que les femmes. La faute à la pression énorme qu’on leur met : bon père, bon mari, bon pote, bon professionnel.

 

Cet homme était un type bien, un peu fragile, trop torturé. Il s’est laissé dévorer, trop de « charrettes », trop de responsabilités, des mensonges, l’agressivité comme compagne ; taper pour se lever, taper pour travailler, taper pour oublier que t’as tapé. Le mot n’est pas anodin… taper…c’est violent comme mot et c’est parfaitement approprié.

 

Taper pour gérer la déprime post-tapage et donc, être en permanence perché au final. Tu vires despote, tu bousilles ta femme à coups de mépris, de phrases assassines, de mensonges, elle assiste impuissante, compose, refuse, accepte, nie, refuse, baisse les bras, te quitte.

 

Tu ne supportes plus rien ni personne, tu perds tout, ta femme, tes potes, ton fric, tu te crées un entourage toxique, tu perds ta maison, tu gagnes tes enfants un week-end sur deux, t’as plus trop envie de les voir, tu n’es plus si efficace au boulot, tu te mets en danger.

 

Au final, tu es seul, tellement seul. T’as même pas eu le temps de réaliser que t’as basculé. T’as peur. Et tu tapes encore et encore pour surmonter ta peur, tu crois que tu surmontes, tu t’enfonces inexorablement, tu te fabriques une réalité propre, ça ressemble à la réalité, ça a le goût de la vérité, mais tout est déformé. Tout le monde est contre toi, personne ne te comprend. Tu nies en bloc, « Je gère, aucun problème », tu crois que tu es le roi du monde, pourtant la panique te gagne régulièrement, mais tu es tellement enfoncé dans ta mégalomanie que tu refuses la moindre remise en question ; la peur chevillée au ventre, tu vois ta vie s’effondrer, tout t’échappe, tu deviens spectateur, tu refuses cette idée et tu restes le maître de ton propre monde, dictateur d’un univers que tu ne maîtrises pourtant plus..

 

Dans une société où la performance, la rentabilité sont des valeurs essentielles, la cocaine peut pleinement s’épanouir. Ce n’est jamais anodin de taper ponctuellement. Ne jamais perdre cela de vue…