Punk is dead
Je n’ai jamais été punk, je ne le suis toujours pas et je ne le serai jamais. On m’a surnommé « Fonzie » pendant des années, c’est dire (Enfin.. pour être honnête, c’était surtout pour se foutre de ma gueule vu que j’avais un côté pas cool du tout). Je suis une petite bourgeoise de province, gauchiste de cœur, probablement par contradiction vis-à-vis de mon cher Papa, je suis une bobo, coincée entre mon petit confort et de grands idéaux. De fait le punk est extrêmement loin de moi, tant de tempérament que de culture.
Pour autant, il y a une tendance qui m’agace prodigieusement depuis quelque temps, une mode qui consiste à se réclamer du punk sans vraiment réfléchir. Par contre, si l’on prend le temps d’observer qui ose prétendre à voix haute une hérésie pareille, bingo, c’est un bobo !
Je lis de-ci, de là, « Punk spirit » « punk inside » « punk machin » « punk truc ». J’ai envie de leur dire à ces gens-là…
« Faut vous dire, Monsieur que chez ces gens-là. On n’vit pas, Monsieur…On n’vit pas, on triche »… (Jacques Brel)
Oui j’ai envie de leur dire « leaaaaave the punk alone » (Le summum étant atteint avec Lady Gaga « Je suis une punk classe », on croit rêver tant elle est impeccablement intégrée au système, celle-là.)
J’ai demandé à trois personnes de me définir le mouvement punk. Ulrich de Shot By both Sides m’a répondu ceci :
«Le punk ? Qu’est-ce-que c’est ? Déjà soyons clairs, parlons-nous du mouvement punk ou du punk-rock ?
Nous avons tendance aujourd’hui à mélanger les deux et à ne mettre qu’en avant son pendant musical alors que le punk-rock n’est qu’une des nombreuses facettes artistiques du mouvement. Se revendiquer du mouvement punk, c’est tout d’abord être contre le système et l’ordre établi, réellement et profondément. C’est un mouvement contestataire qui répond par la violence à une violence sociale, économique et liberticide. Il faut savoir que le punk est la confluence de plusieurs courants politiques, philosophiques, littéraires et artistiques : L’anarchisme en premier lieu, le marxisme et le nihilisme dans un second temps. De même, on pourrait dire que les dadaïstes furent les premiers véritables punks ainsi que leurs héritiers : les surréalistes, les lettristes, les situationnistes et dans une moindre mesure les membres de la Beat Generation, Burroughs en tête..
Et si l’Angleterre a été le creuset du mouvement, il ne faut pas sous-estimer ce qui s’est passé au même moment, voire un peu avant, aux Etats-Unis et en Australie. Le mouvement punk est donc avant tout anglo-saxon et européen, ensuite. Le punk exprime visuellement et intentionnellement son rejet de la société dans laquelle il vit. Il se met en marge volontairement et n’hésite pas une seule seconde à manifester son dégoût, en provoquant sciemment l’ordre établi.
Au-delà d’un état d’esprit, être punk, ça se vit au quotidien. Un punk ne s’affiche pas, il fait et généralement, ça se sait. Qui aujourd’hui peut se revendiquer punk ? Personne. Dans une société comme la nôtre où la compromission est de mise à chaque seconde, se revendiquer Punk est une imposture. Qui était hier punk ? Guy Debord, oui. Arthur Rimbaud, aussi. Netchaïev, certainement. Et en musique ? Les Sex Pistols, définitivement. Les autres se sont accommodés du système et sont responsables de sa récupération.»
De fait, j’ai envie de dire qu’un punk en général ne braille pas sur twitter ou sur ichat ou sur facebook qu’il l’est punk hein…
Benjamin de Playlist Society, lui a plutôt analysé le phénomène actuel :
« Qui : Des enfants devenus adultes pour qui le mot punk n’est pas une culture mais une brique parmi tant d’autres de ce dans quoi l’être humain a le droit de piocher pour composer sa personnalité.
Quoi : Un mode de vie qui est devenu une culture. Or toute culture s’accompagne d’attributs et de codes visuels. Aujourd’hui, la culture a disparu, il ne reste que des attributs et des codes. Se réclamer de la punk-attitude, c’est une méconnaissance du sujet et non un engagement social.
Comment : Par les simples mécanismes de la société et par la récupération dorénavant systématique des contre-cultures.
Où : Partout où les gens ont besoin de se positionner par rapport aux autres.
Pourquoi : Parce que c’est dans la nature humaine de se revendiquer de quelque chose. D’autant plus quand ce quelque chose est lié à des notions qui flattent l’égo comme l’indépendance, la rébellion et l’anarchie. »
C’est pas une belle aberration, ça, de se flatter l’égo avec un mouvement qui tendait vers tout sauf l’égotrip, la flatterie, et la flagornerie ? On atteint des sommets dans le personnal branding, tout est bon pour surexister, se démarquer des autres en étant conformiste à en pleurer. Je ne peux pas être d’accord, je trouve honteux de laisser récupérer ce mouvement par des bobos en mal d’identité. Tout a été recyclé, usé, dénaturé, je sais, je sais, mais de par sa violence de contestation, le punk devrait être respecté et laissé là où il est, mort et enterré. Il ne peut renaître de ses cendres en l’état, car il a été intégré par tous ou quasi que le capitalisme est incontournable. Certains veulent réformer, adapter ce système mais le détruire, non. Il peut exister un mouvement social, musical, culturel de contestation, mais ayons la décence de ne pas se réclamer d’une lame de fond aussi importante qu’éphémère. Le grunge par exemple, à mes yeux, n’était que du punk délavé, passé à la machine, beaucoup moins radical, déjà fané, terni, fatigué.
Quand je vois un bobo afficher « punk », nous sommes automatiquement face à une escroquerie, car comme le dit Isabelle Chelley de Rock and Folk qui m’a gentiment répondu :
« Pour moi, le punk c’est comme le cool, on ne le dit pas, on n’y joue pas, on ne le fait pas,
on l’est… »
Qu’est ce que ça ajoute en terme de valeur ajoutée, une jolie petite mention quasi légale « je suis punk » ? C’est glamour, c’est sexy, ça suppose qu’on est révolutionnaire ? C’est classe, c’est rock’n roll, ça suppose qu’on est un opposant planqué derrière son mac, cheveux crados, mais fringues « The Kooples » ? C’est underground, follement hype, ça suppose qu’on manifeste depuis son loft à Montreuil ?
Si on les laisse faire, il y aura bientôt une série « Punk men », « Punk’s anatomy », déjà que pour les fringues, ça devient limite, et si une Lady Gaga prétend être punk, au niveau musical, du moins nous serons peinards. Mais le mouvement punk est politique. Profondément politique. Vous ne pouvez pas prétendre être punk et voter pour Ségolène Royal ou Bayrou, ya des limites au foutage de gueule.
Ce qui me choque le plus dans cette tendance, c’est que ce sont des gens, pour la plupart cultivés et intelligents qui se réclament du punk. Je pourrais pardonner s’il s’agissait d’ignares, ou de djeunes en mal d’identité. Mais là, on est face à des trentenaires d’un certain niveau culturel et social, plus bourgeois que bohème, c’est navrant, relativement pathétique et impardonnable.
Pourquoi je tiens tant que ça à préserver le punk d’une quelconque récupération alors que je ne l’ai jamais été ? Parce qu’il y avait un aspect indéniablement pur malgré la crasse, la violence et les errances. Parce que c’était la première fois qu’une partie de la jeunesse explosait les codes à ce point-là. Parce qu’il était tant dans la destruction qu’il était voué à se détruire de lui-même logiquement.
Punk is dead. Laissons le reposer dans sa tombe, en paix…Ou toujours en rage, oui, en rage, bouillonnant ; il renaîtra alors peut-être de ses cendres, violemment, toujours explosif, excessif et brutal pour hurler l’injustice du monde, faire table rase du passé et créer un monde, un champs de ruine où tout sera à construire. Et à cet instant mémorable, j’arriverai à entendre cette clameur, j’arriverai à la lire cette clameur surgie du néant et du fond des tripes, cette clameur qui dirait :
« Nous sommes des punks »
Je remercie Ulrich, Isabelle et Benjamin, qui ont largement contribué à ce texte. Ulrich vous a même concocté une bibliographie et et je vous suggère de jeter un coup d’oeil à cette vidéo si vous voulez vraiment comprendre le mouvement punk.
Bibliographie :
Lipstick Traces de Greil Marcus
Please Kill Me, the uncensured oral history of punk de Legs McNeil et Gillian McCain
England’s dreaming de Jon Savage
CBGB and Omfug : 30 years from the home of underground rock de Hilly Kristal
[…] This post was Twitted by punkpigeon […]
[…] This post was Twitted by pmeance […]
Je ne suis pas punk non plus, certes j’écoute The Clash en boucle depuis une semaine mais je ne pense pas que ça suffise, je ne supporte pas Lady Gaga et je n’ai pas eu besoin que le punk revienne à la mode pour en écouter (j’ai du mal avec les Sex Pistols, aussi), je découvre seulement avec ton article que c’est devenu à la mode. Sinon j’écoute Serge Reggiani aussi, je ne vois pas où le problème.
Je n’ai jamais acheté quoi que ce soit chez The Kooples (encore une marque de bourgeois «rock’n’roll»), je ne cherche pas à me prendre pour une rebelle, je ne suis la mode que lorsque je trouve que ça en vaut vraiment la peine et qu’il y a quelque chose d’intéressant derrière, et je ne pense même pas correspondre à la définition actuelle du rocker (du moins dans ma façon de m’habiller, d’ailleurs d’après les Inrocks – ce journal tellement culturel, intelligent et pas du tout dans le système, non – je serais rétro, out, dead) … Je préfère aller voir et critiquer une expo selon mes intérêts personnels, et tant pis si mon article ne correspond pas aux normes actuelles et est bon pour un lectorat de l’âge de mes parents, au moins ce sera mon article et mon point de vue.
Je suis peut-être aussi bobo que toi au final mais je n’essaie pas de me prendre pour une bourgeoise de gauche parisienne. Et je suis d’accord sur le fait qu’on reprend à tort et à travers les révolutions d’hier. Tout ça pour quoi ? Pour se donner une identité ? A quand une France qui prendra réellement conscience de son état et utilisera l’art comme remède, comme le fait si bien le cinéma italien depuis une dizaine d’années par exemple et continue à le faire malgré les fonds coupés, la baisse continue de fréquentation des salles et les attaques des politiciens ?
On n’a plus de personnalité aujourd’hui, on est là pour travailler et consommer, tout le monde l’accepte mais persiste à jouer les pseudos-rebelles chez Kitsuné. Faute de vrais repères et de modèles suffisamment fédérateurs on recycle les mouvements anti-conformistes d’hier. On n’a pas d’avenir alors on se jette sur le mouvement punk. Les Kinks refont surface, Dita von Teese se prend pour une pin-up des fifties en version brune, Gaga se prend pour Madonna, Romain Gavras ne sera jamais Costa-Gavras, les grands groupes de rock d’hier refont des tournées mondiales l’un après l’autre du haut de leurs 60 ans (faute de successeurs dignes de ce nom ?). Etc. Reste à savoir si l’être humain du 21ème siècle a vraiment compris le message de ses « nouvelles idoles du passé » qu’il recycle, puisque c’est tellement plus facile d’imiter quelqu’un.
«Bad artists copy. Good artists steal» (Picasso)
[…] This post was Twitted by bonentendeur […]
[…] This post was Twitted by LILITH1961 […]
Je voulais dire Kourtrajmé pas Kitsuné ;). Si quelqu’un peut m’expliquer l’intérêt de Kourtrajmé et de ses clips pro-roux …
Le truc, c’est que de nos jours, c’est pas tant qu’on a pas d’identité, c’est juste qu’il faut la bonne identité pour se positionner dans la société. C’est limite une étude de marché préalable.
J’aime beaucoup ta phrase de fin sur ton commentaire 🙂
Pr Kourtrajmé, c’est pas moi qui vais t’expliquer, je suis perplexité :p
Disons que les années 60 étaient pop et libératrices, les années 70 étaient punk ou hippies et libérées, les années 90 étaient post-chute du Mur, voilà des sociétés qui ont une identité. Qu’est-ce qu’on est en 2000 ? Une société vivant dans la peur du terrorisme et découvrant le monde version Facebook ? Et en 2010, une société qui sait que la Terre explose un peu plus chaque jour, n’a ni argent ni travail, et oublie définitivement la solidarité ?
En effet il faut avoir la bonne identité pour se positionner dans la société mais la question d’identité ne concerne plus que l’individu lui-même, pas la société toute entière.
Voilà 🙂
Sinon j’ai aussi beaucoup aimé ton article, le texte idéal pour se remettre les choses à leur place quand il le faut 🙂
Bon ca fait un peu retape, lol, mais je crois que ce billet ira dans ton sens, sur le « la question d’identité ne concerne plus que l’individu lui-même, pas la société toute entière.
« https://www.heavencanwait.fr/2010/07/suis-moi-que-je-sois/
On ne peut plus découvrir le monde, on a des explications rationnelles sur tout, il n’y a plus de grandes idéologies, reste donc à partir à l’aventure de soi-même
et là…
c’est le drame :p
Je suis une grande fan du punk mais aujourd´hui il n´y a presque plus de vrais groupes de punk. J´aime aussi la musique hippie comme Bob Dylan. Je détèste cette pensée cloisonnée!!!
J’ai pas compris « cette pensée cloisonnées » 🙂
[…] This post was Twitted by MonsieurZubial […]
[…] This post was Twitted by Carole_Fabre […]
[…] This post was Twitted by ZeldaBis […]
J’avais un peu abordé ça une fois sur un de mes posts…
A mon sens, le punk continue à vivre, des punks on en trouve, mais il faut aller les chercher loin dans la profondeur des caves et de la nuit. Il y a le blog de cette nana, Punkfabrice, qui parle de sa vie à la fin des années 90/ début 2000 à Bordeaux, et on ne peut pas faire plus punk.
Après, musicalement parlant, écouter le best of des Clashs et se trouver trop punk, ça me fait rire, les Clash ça passe sur NRJ et sur RFM, c’est devenu terriblement mainstream…
Des musiciens à l’esprit punk il en existe aussi, mais c’est pareil, il faut se donner un peu la peine de chercher, je pense à des types comme Jay Reatard, par exemple…
« Partout où les gens ont besoin de se positionner par rapport aux autres »
Il faut entrer dans un moule, sans vraiment le vouloir quelquefois, se trouver une identité par rapport aux autres.
Et puis, celui ou celle qui s’impose (ou non) comme différent est toujours un peu punk, momentanément. Plus qu’une attitude, oui, c’est devenu une étiquette, le truc fun, pour un peu mode.
D’ailleurs, ça fonctionne comme toutes les attitudes, elles s’éloignent de leurs créateurs, rapidement pour ressembler à ses propres définitions, pas très créatives.
Oui, je suis d’accord mais c’est vraiment criant sur le punk qui se positionnait vraiment dans le rejet
@Jungle_Ju Avoir l’esprit punk ne suffit pas pour être punk… Et c’est tout l’objet de l’article de Catnatt. Jay Reatard faisait partie du grand barnum, il n’est en rien un punk.
Il y a des articles qui font plaisir à lire, au delà de leur pertinence. Celui là en fait partie, pour la limpidité du propos et la beauté du geste. Youpi, donc.
Punk ou pas, mais le punk est un superbe exemple, les révoltes ont une furieuse tendance à s’avérer solubles dans les institutions. Mettez un révolté sous les projecteurs, offrez lui de la visibilité, puis observez : oh ce révolté a engendré tout plein de moins révoltés (mais plus exposés car trend setters). Et paf, ah y est : des badges à la con, des posters trop vindicatifs pour les murs des grandes chambres auxquels ils sont punaisés, des attitudes qui ne sont que postures, du … « total look ». Il est déjà trop tard : la révolte est devenue lifestyle. Entendons « calibrée » « prémâchée » « markettée » et digne désormais de figurer en bonne place dans les pages Tendance / société, ou pire « Look de la rentrée » (oui, je sais mais c’est vrai).
Yep, la révolte est soluble dans l’institution, sa bande-son l’est également (soupir) : les « punks » revendiqués comme tels en France étaient déjà, en 77, se frottaient les fesses sur les banquettes du Palace et squattaient les soirées VIP une épingle à nourice au revers de la veste. Ceux là même qui s’extasiaient sur les rots protoprogressifs imbitables du rock d’alors s’enflammaient en évoquant l’urgence de ces morceaux « punks » de 2mn30, épurés, à l’os.
Déjà, en 77, la queue de la comète punk (75/76 en gros ?) sentait le renfermé.
Déjà… et comme d’habitude.
Mais peu importe.
Il est non seulement désobligeant pour l’esprit de la chose « punk » (rage, colère, refus, spontanéité, en gros hein…) mais aussi profondément incohérent de s’autodéfinir comme « punk de l’intérieur », ou « porteur du punk spirit » et autres balivernes. Pourquoi croire utile de le préciser ? Si ce n’est pour afficher une rébellion ostentatoire donc surfaite à la vie des « non punks » avec lesquels on cohabite si aisément et sans grande difficulté, après tout.
En tant qu’équivalent adulte de l’ado de bonne famille portant le cheveux gras et le T shirt Sid Vicious tout en préparant son concours HEC, le geste est risible et dérisoire (par ailleurs, cet âne bâté de Sid Vicious lui même était risible et dérisoire, alors hein).
Oh j’aurais bien croisé le fer avec Ulrich sur les Pistols (un boys band monté pour promouvoir la boutique de Viviane W.) et l’odieux Mc Laren (un escroc pathétique), mais ce serait faire peu de cas de l’essentiel, sur lequel on est d’accord. Et puis John Lyndon, celui là était punk, à coup presque sur…
Si tout ça vous intéresse, foncez lire England’s Dreaming et Please Kill Me (cf biblio).
Et si le punk est mort, cet article vient rappeler à tous ceux qui voudraient se servir que le cadavre est piégé.
Thanx, donc.
Tu es limite en train de nous dire que la révolte ça n’existe pas …
Limite, mais non en fait. 🙂
Si, ça existe. Ouf. Mais tu as toujours une dilution du truc lorsqu’il est diffusé… Ca n’enlève rien à l’esprit originel, c’est juste que ça brouille le / les message(s) puisque viennent se greffer des effets de mode etc.. Sur le punk, c’est super intéressant, si tu googlise le mot, tu tombes sur le mouvement punk, mais aussi sur la « mode punk », par exemple…
Pour reprendre un exemple donné par Catnatt : le fameux « grunge » : ce truc était une forme de révolte, sans le nom grunge, d’ailleurs : des collectifs de groupes alternatifs, plutôt veggies et féministes, un circuit hors marché, quasi. Et puis Nirvana et vlan, ça devient du « grunge ». Notons que le mot « grunge » a toujours fait marrer les groupes concernés, au passage… Du coup, on en garde l’idée d’un « mouvement » un brin mou de la fesse en chemise à carreaux… alors qu’au départ, le truc est plus radical et bcp moins glamourisé…
Plus loin de nous, le rock’n’roll est devenu complétement con avec cette baderne de Bill Haley, qui faisait du rock propre pour blancs qui s’encanaillent un peu.
Plus proche, t’as l’exemple des Berurier Noir en France : un duo qui faisait de la « guerilla musicale ». On était pas loin de la performance, de l’art brut, hors institutions, hors système. Et puis 1986 : les bérus deviennent la bande son des manifs étudiantes et il suffit d’un morceau un peu plus festif pour que tout ça devienne une pochade.
Ces gens là n’étaient pas là pour rigoler mais leur public, oui, au bout d’un moment… C’est là que tu trouves des « fans » des Berus qui n’avaient plus rien de punk, et l’histoire s’enilise. T’as forcément un moment où, à force d’ouvrir le mouvement, tu dilues son message. L’émetteur est le même, mais d’autres emetteurs arrivent,les récepteurs changent et ça se ramollit sévère.
La révolte existe mais elle est soluble dans l’institution, comme l’innovation d’ailleurs. Enfin c’est mon point de vue hein, houlaaaa.
Mais je suis d’accord, tout finit plus ou moins rapidement par devenir un phénomène de mode, même Brassens est passé par là (heureusement pour lui il était déjà mort). Mais ça n’empêche qu’à l’origine il peut y avoir une vraie révolte, par exemple que serait le cinéma s’il n’y avait pas eu les cinéastes soviétiques, que serait l’art sans la fin du 19è siècle, etc.
Ce n’est pas parce qu’un courant tombe dans la banalisation (preuve du reste qu’il a réussi, même si c’est pour finir aussi bas) qu’il faut le renier pour autant …
Oui c’est ce que je dis dans l’article, c’est un mouvement contestataire et il l’est encore, avec des musiciens comme Crass ou avec le hardcore américain, et politiquement certains anarchistes le sont.
Mais il ne faut pas oublier la dimension nihisliste du punk. Un punk heureux, habillé normalement, ça n’a jamais existé et n’existera jamais.
Je crois pas qu’il s’agisse de renier quoi que ce soit. Il s’agit juste de pas se leurrer.
Houla, pas question de renier tout ça, Jul, bien au contraire. Ces gens là font partie de mes héros personnels. C’est juste que le phénomène que souligne Nath est bien réel et récurrent.
Super d’accord sur la dimension nihiliste. Ce que je perçois du punk (des « origines » US Stooges / Ramones etc… jusqu’aux groupes qui font perdurer l’esprit aujourd’hui, en passant par les autres supports artistiques, hors musique, c’est qu’on est pas là pour le fun pur. On est là pour faire table rase avec les moyens du bord. Je ne sais pas s’il y a une conscience politique punk. Pas toujours. Mais il y a toujours l’envie d’en découdre et un profond malaise. Le principe, à mon sens, c’est d’être hors jeu, i.e. « Sans valeur », la signification du mot à l’origine, d’ailleurs, plus ou moins…
« Un punk heureux, habillé normalement, ça n’a jamais existé et n’existera jamais. » Oh que oui, c’est exactement ça. Pas plus, pas moins.
C’est quand même une guerilla, pour moi. C’est ça que j’aime d’ailleurs, dans l’esprit « punk », et que tu retrouves encore chez le label Dischord par exemple. Ces mecs là, même quand ‘ils vendent de la musique online, ils sont encore dans le refus des standards, des marges, etc… dans l’alternatif, en somme. Respect.
Et on est super loin d’une image « punk romatique » à la SId & Nancy (quelle connerie, ça, tiens, la béatification de ces deux crétins, c’est aussi con que l’esthétique « heroin chic » grands dieux…)
C’était beaucoup trop long de se lécher la crête tous les matins pour que je sois punk et pouvoir revendiquer mon amour immodéré des clashs et de Fugaz’.
Si j’avais été rigoureux et pas feignant, j’aurais pu être punk: merde !
Ok, il ne s’agit pas de renier, ce que je voulais dire c’est que les fans de la première heure risquent de se dégoûter à voir leurs groupes repris par tout le monde à tort et à travers. Mais sur le fond, je suis d’accord avec chacun de vous.
[…] Article initialement publié sur Heavencanwait.fr […]
moi j’ai plutôt tendance à me dire que je suis rien tant je pique les choses qui me plaisent dans toutes les attitudes codifiées qui existent.
au final, je suis une opportuniste qui choisis les trucs qui lui plaisent et refusent les autres, imaginant qu’ainsi elle ne sera pas étiquetée…
les gens ont tellement peur de l’enfermement étiquetien qu’ils préfèrent choisir un truc qui semble les valoriser. moi je compreds.
et je sais bien que c’est un sujet qui te hérisse, et je ne connais ni la musique ni le mouvement punk mais ils peuvent bien se revendiquer de ce qu’ils veulent, si ça leur fait plaisir, ça me dérange pas.
🙂
===initialisation du mode Schtroumpf Grognon en cours===
Les personnes se réclamant punk sont désespérantes.
Mais pas plus que celles se réclamant beatnik, marxiste, grunge, néo-classique ou de n’importe quelle mouvement socio-artistique ou peut-être artistico-social.
WTF, personne n’est donc plus capable aujourd’hui d’inventer son propre courant?
Je comprend assez bien l’idée de piocher dans le passé pour s’en inspirer ou pour s’en dissocier, mais pas pour reprendre les codes exactes d’une (contre) culture morte et enterrée (surtout pour n’en reprendre que quelques codes et aucune substance).
– Punk is dead, qu’en garderons nous? Quelques masterpieces musicales, le goût âcre -mais délicieux- de la rebellion et un look hautement improbable.
– Punk is dead, foutons lui la paix.
La seule vraie question restante est: « et après? ».
===Vous allez être déconnecté du mode Schtroumpf Grognon et redirigé vers une autre page===
Arrivé ici plus ou moins par hasard, j’aime bien ce que j’y découvre.
Bien aimé ton commentaire Schtroumpf Grognon :p
Et merci pour le compliment sur le blog, c’est cool
Welcome !
Le compliment était un tantinet basique aux vues de ce que j’en pense réellement.
Schtroumpf flagorneur, moi?
Quoi qu’il en soit: à très bientôt.
Beau papier mais malheureusement, autant que vous êtes, je regrette de vous le dire, mais vous ne répondez pas à la vraie question : que devient Punky Brewster ?
Le punk a laissé une marque indélébile dans les milieux artistiques depuis sont « inception » au début des années 70 jusqu’à maintenant et c’est pour ça que tant de gens s’en réclament sans vraiment le connaître; de la pouffe bobo écoutant en boucle les Second Sex jusqu’aux punks à chien de Bastille qui ressemble plus à des hippies errant qu’à un « punk ».
Etant un fan de punk moi-même et arborant quelques uns de ces signes distinctifs, je ne peux qu’aller dans le sens de l’article…
Juste pour apporter ma pière à l’édifice. Le mot « punk » n’est qu’un terme enfonçant des portes overtes par John Holmstrom, alors un paumés dans un océan hippie à New York. L’arborer de manière ostentatoire et s’en réclamer n’a plus aucun sens de nous jours, et c’est là où le punk frappe fort ; il n’était pas né pour durer. Mais bien pour donner naissance à de nouveaux mouvements créatifs allant du post-punk, de l’électro-punk en passant par le psychobilly, le rock alternatif et le two-tone jusqu’au garage revival et même le hip-hop. (Que seraient Morrissey ou les Beastie Boys sans le punk??)
L’essence du punk c’est de jouer du rock’n’roll agressif, à contre-courant, en faisant fi des cannons musicaux actuels ce qui inclut ne pas lécher gentimment le postérieur de nombreux journalistes et magazines. Les idées politiques ne sont venues que par la suite. Les clichés punks, mohawks et autres combat boots n’ont qu’à bien se tenir. Faire partie du cliché, clochard n’a jamais rien eu de punk, mais qui a bien pu écrire ces règles?
De nombreux artitstes devraient en prendre de la graine et ramener au rock et à la culture pop l’agressivité et le « vrai » outrage qui la caractérisait en 76-77 et non se trimbaler avec une robe faite de pièces de viande au MTV awards (qui a dit Lady Gaga??), et c’est pour ça que je crois toujours au punk sans pour autant me déclarer « punk ». Qui reste malgré tout, contre vents et marrées, pour sa version originale, aussi pertinant de nos jours qu’il y a un peu plus d’une trentaine d’années. Surtout quand on vient d’une banlieue du 91, un foyer de pestilence, une verrue sur le nez du joli visage parisien.
Merci pour ton commentaire qui résume parfaitement ce que je pense « et c’est pour ça que je crois toujours au punk sans pour autant me déclarer « punk » »
je peux tout à fait concevoir qu’on puisse croire en l’idée pure et dure, de là à s’en réclamer, je trouve ça douteux.
Quand on l’est, on ne le dit pas. 🙂
Et je plussoie la fin de ton commentaire. Sauf que je pense que ceux qui viennent de ces banlieues sont la quintessence du capitalisme, le point de non retour de cette logique économique et à la fois quelque part des punks. Je ne sais pas si je suis claire, le punk était anti système par excellence, certains courants du rap sont paradoxaux à savoir mélange et du capitalisme sauvage et la destruction de la société.
Enfin.. je le verbalise en même temps que je le formule dans ma tête. Pas très clair tout ça. Et peut -être n’importe quoi d’ailleurs lol!
Tout ça est très juste.
A l’origine, c’est quand même » One two three BOOM » + 2’30 de rock. Et ça me va très bien comme ça.
Tiens, un résumé en une image, parue en 1976. Là, tout est dit 🙂
http://www.flickr.com/photos/carlmorris/4381174052/
A mon sens, quand on est ok avec ça, on peut commencer à se dire qu’on peut éventuellement avoir des racines punk, ou en tout cas aimer cet esprit pour ce qu’il est…
[…] chose, tenter de comprendre ce à quoi ce mail fait allusion, à savoir mon billet « Punk is dead ». Je ne comprends pas trop pourquoi cette jeune fille s’est mise dans un état pareil pour ça, […]